La Chine a signé ce 27 mars 2021 un accord de 25 ans avec l’Iran en matière de partenariat militaire et économique. Une preuve de plus que l’Empire du Milieu (Chine) entend désormais s’ériger en concurrent des Etats-Unis au Moyen-Orient, une région contrôlée par Washington depuis plusieurs décennies
La Chine s’apprête petit à petit à conquérir le Moyen-Orient et les méthodes adoptées pour y arriver risquent de mettre les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne dans l’embarras. En effet, profitant d’une pandémie qui a plongé plusieurs pays occidentaux dans une crise financière sans précédent, Pékin place ses pions discrètement et entend accroître son influence dans une région où jusqu’ici son influence n’a jamais été importante.
Ainsi, après avoir proposé il y a trois jours de réunir autour d’une table des négociations à Pékin Palestiniens et Israéliens afin d’apporter une solution au conflit israélo-palestinien, l’Empire du Milieu, qui a déployé une véritable diplomatie des masques et du vaccin en Afrique, se rapproche ouvertement de l’Iran, à un moment crucial où Israël et l’Arabie Saoudite veulent à tout prix anéantir cette puissance régionale qui, selon Tel Aviv, représente une menace pour le peuple juif.
Ainsi, ce 27 mars, la Chine et l’Iran ont signé un accord, baptisé Accord de Compréhension Stratégique, qui garantira un partenariat de 25 ans entre les deux pays. L’information, relayée par plusieurs médias ce vendredi, a été confirmée par Tehran Times, média iranien. A en croire cette source, le document a été signé par Mohamad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères et son homologue chinois, Wang Yi.
« L’opposition iranienne est indignée »
L’accord, estimé à 400 milliards de dollars par le New York Times, a suscité l’immense joie des autorités iraniennes qui considèrent la Chine comme « un ami dans les jours difficiles » pour reprendre les propos de Javad Zarif cités par plusieurs médias iraniens après la signature de l’accord.
A l’annonce de cette nouvelle, les réactions ont été mitigées. Si en Iran, les autorités se félicitent du partenariat avec la Chine, ce n’est pas le cas de quelques Iraniens vivant à l’étranger. Parmi eux, figure : Ali Ehsassi, député canadien d’origine iranienne qui, ce 27 mars, sur Twitter, a sévèrement critiqué le rapprochement qu’il a d’ailleurs qualifié d’ « infamie ».
A day and a picture that will live in infamy. @JZarif recklessly and irrevocably surrenders Iran’s national interests and sovereignty by signing surreptitious 25 year cooperation agreement with China. Shame! pic.twitter.com/5FCBdJFGMF
— Ali Ehsassi (@AliEhsassi) March 27, 2021
Aux Etats-Unis, pays qui, depuis la chute de Saddam Hussein, considère le Moyen-Orient comme son pré carré, l’incompréhension est de mise, comme le témoigne un édito du New York Times publié vendredi et rédigé Farnaz Fassihi et Steven Lee Meyers, deux journalistes qui s’inquiètent de l’influence grandissante de la Chine dans la région.
« Cet accord risque d’accroître l’influence de la Chine au Moyen-Orient et contrecarre les efforts des Etats-Unis d’isoler l’Iran », alertent-ils. Et d’ajouter : « (…) ceci (cet accord) marque la fin d’une visite de deux jours de Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères, qui reflète l’ambition grandissante de la Chine de jouer un plus grand rôle dans une région stratégique pour les Etats-Unis depuis plusieurs décennies ».
« Après l’Afrique, la Chine veut s’installer au Moyen-Orient »
Il convient de rappeler que la Chine a récemment manifesté sa volonté de jouer un rôle dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Elle a aussi exigé la fin de la guerre au Yémen. Et ce n’est pas tout. Le 14 mars, la Chine et la Russie ont annoncé un projet commun destiné à construire une station spatiale sur la lune. Le projet fait peur à l’Occident qui perçoit l’alliance sino-russe comme une menace pour sa survie.
D’ailleurs, dans un édito publié sur le site du média américain CNBC, l’analyste politique Frederick Kempe a fait part de sa grosse crainte de voir Moscou se rapprocher de plus en plus de Pékin et appelle l’administration Biden à changer de politique par rapport à la Russie. Pour le journaliste, il n’y a aucun doute que le fait de sous-estimer la Russie est un danger pour les Etats-Unis.