L’achat des titres du Venezuela (un pays qui traverse une grave crise économique) par Goldman Sachs provoque un tollé dans la classe politique vénézuélienne où nombreux déplorent que cette opération serve à endetter le pays et à financer indirectement le gouvernement de Nicolas Maduro
La banque américaine Goldman Sachs est sous le feu des critiques. Au moment où le Venezuela traverse une crise économique sans précédent, Goldman Sachs lorgne les titres du pays. La banque américaine est en effet accusée d’avoir acheté des titres du géant pétrolier vénézuélien Pdvsa pour un montant estimé à 2,800 milliards de dollars.
Le chiffre a été confirmé par le New York Times qui précise les titres doivent arriver à échéance en 2022. Le New York Times ajoute que les titres du géant pétrolier vénézuélien ont été achetés avec une remise de 60%. Le deal révélé par Wall Street Journal suscite le malaise chez les Vénézuéliens qui ne décolèrent pas.
«Maduro trouve ainsi un soulagement financier à son régime autoritaire »
L’opposition vénézuélienne est indignée. Dans une lettre adressée au directeur de la banque Lloyd Blankfein, Julio Borges, président du Parlement vénézuélien, écrit : « le fait que Goldman Sachs se lance dans une transaction de vente de titres avec le dictateur vénézuélien, Nicolas Maduro, me révulse. Maduro trouve ainsi un soulagement financier à son régime autoritaire qui viole systématiquement les droits de l’homme ».
Il ajoute : « je conseille à tout autre futur gouvernement du Venezuela de ne pas reconnaître, ni payer ces titres ». Contre toute attente, la banque Goldman Sachs s’est défendue d’avoir acheté ces titres, expliquant que de nombreux investisseurs, parmi eux des fonds mutuels, possèdent ces titres qui ont été achetés par son bureau de gestion d’actifs sur le marché secondaire, sans interaction avec le gouvernement vénézuélien.
« 865 millions de dollars »
Dans un communiqué publié par Goldman Sachs, on pouvait lire : « nous avons investi dans les titres de Pdvsa car, à l’instar de nombreuses entreprises de gestion d’actifs, nous croyons que la situation dans ce pays s’améliorera bientôt ». D’après The Washington Post qui cite The Wall Street Journal, Goldman Sachs a dû verser 865 millions de dollars pour obtenir ces titres.
Dans la presse vénézuélienne, on tente d’expliquer la colère de l’opposition qui a arpenté les rues du pays pour faire part de son mécontentement. D’après le média El Nacional, la colère de l’opposition s’explique par deux faits : premièrement, l’achat de ces titres arrive au moment où le gouvernement vénézuélien traverse une situation difficile marquée par l’absence de fonds et deuxièmement, l’immense rentabilité que tire Goldman Sachs de cet achat qui risque de grever sérieusement les caisses de l’Etat vénézuélien.
« Un Etat au bord de la faillite »
El Nacional ajoute que le gouvernement de Nicolas Maduro est obligé de recourir à ce genre d’opérations à cause du sérieux problème de liquidités auquel il fait face. En effet, le pays est confronté à la chute des cours du pétrole et à la baisse notée au niveau de sa production, deux situations qui ont eu des conséquences néfastes sur sa devise. Rappelons que 96% des revenus du pays proviennent du pétrole.
A cela s’ajoute la baisse drastique des importations. En janvier dernier, le gouvernement de Nicolas Maduro avait reconnu qu’en 2016 l’importation avait connu une baisse de 50% par rapport à 2015. Cette situation justifie la pénurie de nourriture et de médicaments dans le pays, l’un des problèmes les plus graves du pays qui détient les grandes réserves de pétrole au monde.