Affaire Benalla : le DG de la Police Nationale détruit la version de l’Elysée et aggrave la crise

Head of the French police Eric Morvan flanked by Senator Jean-Pierre Sueur (R) appears before the Senate Law Committee in Paris on July 25, 2018 in the case of former top presidential security aide charged with gang violence. French President said on July 24, 2018 he was ready to take responsibility for the handling of a scandal over violence by a disgraced top security aide, which has embroiled France's leader as his approval ratings sunk to a record low. / AFP PHOTO / FRANCOIS GUILLOT

Éric Morvan, Directeur Général de la Police Nationale, a contredit la version de l’Elysée qui affirme qu’Alexandre Benalla, garde du corps d’Emmanuel Macron, a été autorisé à se rendre à la manifestation du 1er Mai. Éric Morvan a fait savoir que ni lui, ni le préfet de Paris n’ont été informés

Éric Morvan enfonce le clou. Lors de son audition de ce mercredi 25 juillet, Éric Morvan, Directeur Général de la Police Nationale, a rejeté la version officielle défendue par l’Elysée selon laquelle Alexandre Benalla avait reçu l’autorisation de la préfecture de Paris de se présenter à la manifestation du 1er mai.

Devant la Commission d’enquête du Sénat, Éric Morvan dit n’avoir pas été informé des agissements d’Alexandre Benalla. « (…) Au terme des événements du 1er mai, aucun signalement de ce type n’a été porté à ma connaissance, aucun incident dans la conduite des opérations ne m’a été révélé. Je n’ai été informé des agissements répréhensibles de M. Benalla qu’à l’occasion de la publication du journal Le Monde », a-t-il déclaré ce mercredi.

 

« Je n’ai pas été mis au courant de ces circonstances très particulières »

Et d’ajouter : « (…) le 2 mai, il est mis en lumière le fait que Benalla se trouvait là et vous vous étonnez que je ne sois pas au courant et que je ne sois finalement au courant de cette affaire (…) qu’à la lecture du journal Le Monde. Je vous confirme qu’entre le 2 mai et la parution de l’article du journal Le Monde, je n’ai pas été mis au courant de ces circonstances très particulières ».

Ce lundi, devant la Commission d’enquête, Éric Morvan contredit une nouvelle fois le gouvernement. Il affirme que le préfet de police non plus n’a jamais été informé. Répondant à une question sur le motif de la présence d’Alexandre Benalla lors de la manifestation du 1er mai, la réponse du DG de la police nationale est claire.

« Vous poserez la question à M. le préfet de Police. Je pense qu’il aura des difficultés à vous répondre parce qu’il n’a jamais lui-même été mis au courant. C’est toute la difficulté de cette affaire puisque M. Simonin qui, visiblement, est à l’origine de cette affaire (…) s’est bien gardé de prévenir et le DOPC, Monsieur Gibelin et à fortiori le préfet de police », rétorque Morvan.

« La version officielle du gouvernement français détruite une nouvelle fois »

Le témoignage d’Éric Morvan vient détruire la thèse jusqu’ici défendue par l’Exécutif selon laquelle Benalla a été autorisé par la préfecture de police à se rendre à la manifestation du 1er mai. « Cette autorisation lui a été donnée puisqu’il agissait dans le cadre de l’un de ses jours de congé et qu’il ne devait avoir qu’un rôle d’observateur. Il a largement outrepassé cette autorisation », déclarait il y a une semaine Bruno Roger-Petit, porte-parole de l’Elysée.

Rappelons qu’Éric Morvan n’est pas la seule autorité à affirmer que la préfecture de police n’était pas au courant. Entendu ce 23 juillet, Alain Gibelin, Directeur de l’Ordre de la Préfecture de Police de Paris, avait aussi déclaré au Sénat que le préfet n’a jamais autorisé la présence de Benalla dans cette manifestation. Il reviendra sur ses propos quelques heures plus tard.