Interrogé par la chaîne CNews ce jeudi 1er juin, Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, a répondu à plusieurs questions dont l’affaire Ferrand. Il estime que c’est une « diversion »
Interrogé en duplex depuis Marseille, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé sur l’affaire Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires, impliqué dans une série de scandales qui pourraient le mener à la démission. Répondant à la question de la journaliste de savoir s’il souhaite que ce ministre démissionne, il dit être partagé par des sentiments contradictoires.
« Je suis partagé par des sentiments contradictoires parce qu’en effet je crains qu’une fois de plus on gaspille un temps fou à parler des aventures immobilières de Monsieur Ferrand, plutôt du reste et des dossiers qui sont sur la table. Finalement, c’est une diversion incroyable. Monsieur Macron se prépare à organiser un choc social de première grandeur (…) ».
« Un référendum révocatoire est l’arme de dissuasion massive dont le peuple dispose »
Il ajoute : « ça, c’est mon premier sentiment. Je porterai à vous dire : ‘qu’il s’en aille !, qu’il dégage ! et puis on passe à la suite’. Mais, en même temps, je vois bien le bénéfice qu’il y a dans la campagne à dire aux gens que ce sont les mêmes. Je dirai même une chose : c’est pire car Monsieur Macron et son premier ministre, Edouard Philippe, ont rempli le gouvernement et leurs cabinets de gens qui viennent du monde des affaires ».
Sur la question de savoir s’il fait confiance à François Bayrou sur le sujet de la moralisation de la vie politique, le chef de file de la France insoumise dit ne pas être en désaccord avec le ministre de la justice sur certains sujets dont la suppression de la cour de justice de la république. « Je ne vais pas faire une guerre systématique mais je l’ai dit à François Bayrou lui-même. S’il veut moraliser la vie démocratique, alors le premier point est de donner au peuple le droit lui-même de révoquer les élus. (…) Alors, allons-y ! Allons jusqu’au bout ».
Jean-Luc Mélenchon propose un référendum révocatoire qui, selon lui, est « l’arme de dissuasion massive dont le peuple dispose par rapport à ses élus ». Sur la question de savoir s’il est d’accord avec la proposition de Bayrou de limiter le mandat successif des élus à trois, Mélenchon rétorque : « pourquoi pas, oui. Mais, je ne voudrais pas qu’on pense qu’au fond les élus seraient soupçonnés par eux-mêmes parce qu’ils sont élus de toutes les turpitudes ».
« Je pense qu’il règle quelques comptes qu’il a connus lui avec le MoDem »
Sur la proposition de François Bayrou de créer une banque de la démocratie pour financer les partis qui se heurtent au refus de financement de certaines banques privées, Mélenchon ne perd rien de son sens de l’humour. Il répond d’un ton ironique : « je pense qu’il règle quelques comptes qu’il a connus lui avec le MoDem ».
Il ajoutera : « ce qui serait plus normal c’est qu’il y ait des règles qui fassent en quelque sorte obligation aux banques de prêter lorsque ce prêt se déroule dans des conditions raisonnables. Il y a déjà une banque d’investissement, je préférerais qu’on fasse une banque pour la transition écologique, ça serait plus utile. Je trouve que là il va un peu fort dans le règlement de ses mauvais souvenirs avec les banques ».
« Je demande qu’on respecte le point de vue de chacun »
Le candidat de la France insoumise s’attaque frontalement aux banques privées. « On peut imposer aux banques, après tout, qu’elles aient un comportement démocratique et qu’elles couvrent les prêts qui sont nécessaires pour la vie de la démocratie. Dis donc !, ils ont assez profité ceux-là. Donc, ils peuvent aussi de temps à autre faire un effort et quelques prises de risques pour que leurs pays fonctionnent. Ils ont tous les droits, ils font ce qu’ils veulent et on ne leur demande jamais rien. Moi, je suis pour que les banques privées participent à la vie démocratique du pays en prêtant comme c’est leur devoir ».
Interrogé sur le hashtag #ZérodéputéFN lancé par son mouvement, Mélenchon dira : « il y a une campagne de diabolisation contre moi qui dure depuis maintenant un mois et demi. Je finis par avoir le cuir plus épais. Nous avions dit déjà entre deux tours qui nous faisions campagne pour que personne ne vote pour M. Le Pen. (…) On voulait m’obliger à dire : ‘vive Macron !’ parce que j’étais contre Le Pen et non, je ne le dirai pas, ni cette fois-ci, ni les autres. Je demande qu’on respecte le point de vue de chacun (…) ».
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