Son nom est presque traîné dans la boue. Qui d’entre nous n’a pas entendu parler de Sibeth Ndiaye ces dernières 24 heures ? En effet, la chargée de communication du Président Macron fait la une des médias du monde entier après un SMS qui lui est attribué et dans lequel elle aurait écrit : « Yes, la meuf est dead », répondant à la question d’une journaliste qui lui demandait de confirmer le décès de Simone Veil.
Ma position sur cette question est claire et nette. S’il est vrai que Sibeth Ndiaye est à l’origine de ce SMS, je demande qu’elle soit éjectée de son poste dans les plus brefs délais. Car, il s’agit en effet d’une bêtise et d’un manque de respect graves pour une responsable de communication de l’Elysée de s’exprimer en ces termes, surtout s’adressant à une personnalité aussi importante que Simone Veil.
Toutefois, en dépit du brouhaha auquel nous avons assisté ces dernières heures, l’intéressée a elle-même démenti les faits, déclarant : « le SMS est totalement faux. Et ce n’est pas la seule erreur. L’orthographe de mon nom de famille n’est même pas la bonne ». Suite à son démenti, j’accorde à Sibeth le bénéfice du doute jusqu’à ce que des preuves irréfutables viennent confirmer qu’elle a bien été l’auteure du très controversé SMS.
Ce que je déplore dans cette affaire qui a alimenté la chronique ces 24 heures, c’est plutôt les attaques racistes et xénophobes dont elle a été victime. Je pense qu’il est tout à fait normal qu’elle se fasse remonter les bretelles lorsqu’elle tient des propos pareils vu la fonction qu’elle occupe. Cependant, s’attaquer à sa couleur de peau ou à ses origines reste une erreur aussi grave que les propos qui lui sont attribués.
Je fais remarquer que beaucoup de Français ont tenu des propos racistes et totalement inacceptables envers Christiane Taubira, Myriam El-Khomri et Najat Vallaud-Belkacem. Dans le fond, ce n’était pas la politique de celles-ci qui les dérangeait, mais plutôt la peur de voir des personnes de couleur, de surcroît de la minorité, occuper des postes clés de Garde des Sceaux, de Ministre du Travail et de Ministre de l’Education Nationale.
Donc, qu’on le veuille ou non, le racisme et la xénophobie sont bien palpables dans le milieu politique français et les ministres qui proviennent de la minorité en sont sans aucun doute les seules victimes. Revenant à mon sujet, très peu de Français ont en effet voulu accorder le bénéfice du doute à Sibeth Ndiaye, et ce malgré l’absence totale de preuve qu’elle est bien l’auteure des propos qui lui sont attribués.
Dans des circonstances pareilles, la logique voudrait que l’on reste circonspect et que l’on garde son sang-froid pour éviter de tomber dans le piège de l’amalgame. Cela n’a, malheureusement, pas été le cas dans le cas de Sibeth Ndiaye. On a très rapidement dégainé en ne lui laissant aucune chance de se défendre. Et les réseaux sociaux ont bien envenimé cette affaire.
Justement en parlant des réseaux sociaux, l’écrivain italien Umberto Ecco disait ceci : « les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles ».
En effet, au-delà du lynchage médiatique, il s’en est suivi un lynchage provenant d’une horde de racistes et de xénophobes, pires que des vipères, qui n’attendent que ces genres de moments pour connaître leur heure de gloire sur Facebook, Twitter, YouTube… Je ne défends aucunement Sibeth Ndiaye. Si les accusations dont elle fait l’objet sont vraies, alors la sanction doit tomber immédiatement. Mais, vu l’absence de preuves de ce dont elle est accusée, il serait préférable d’éviter de jeter de l’huile sur le feu.
Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG
Rédacteur en chef et fondateur du site : www.lecourrier-du-soir.com
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