(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG basé en France)
L’élection présidentielle se rapproche à grands pas et les alliances se dessinent. Aujourd’hui, dans le milieu politique sénégalais, beaucoup estiment que le jeune candidat Ousmane Sonko qui est en train de révolutionner le paysage politique sénégalais a besoin d’un soutien fort pour remporter la présidentielle de 2019.
Et tous les yeux sont braqués sur Karim Wade, fils d’Abdoulaye Wade, ancien président du Sénégal. Karim Wade, ancien ministre, est en ce moment en exil au Qatar après avoir été gracié par le gouvernement sénégalais de Macky Sall qui l’avait accusé d’avoir détourné 178 millions de dollars entre 2000 et 2012.
Personne ne peut nier que le PDS est en train traverser une grave crise politique provoquée par deux facteurs : le non retour de Karim Wade à quelques mois d’une présidentielle cruciale pour son parti et l’annonce de la candidature de Madické Niang pour la présidentielle 2019. Une candidature qui a été un véritable coup de massue pour Maître Abdoulaye Wade.
A quelques moins d’une présidentielle plus que cruciale, le paysage politique nous met devant le fait accompli. Le PS n’existe plus et roule désormais pour le système, le PDS a du plomb dans l’aile et risque de s’effondrer. D’ailleurs, de nombreuses personnalités du PDS ont récemment rejoint le pouvoir, parmi eux : Aliou Sow et Modou Diagne Fada.
En conséquence, le départ de ses ex militants PDS vers APR (Alliance Pour la République) et la création de partis politiques par le gouvernement Sall pour faire diversion obligent le candidat Ousmane Sonko à nouer une alliance stratégique pour terrasser son grand rival, Macky Sall.
Je ne suis pas contre l’idée d’une alliance. Cela se fait dans toutes les grandes démocraties. En France, Macron a eu recours à François Bayrou (MoDem) pour pouvoir siphonner les voix centristes. En Espagne, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a eu recours au vote de partis indépendantistes pour diriger le pays.
A mon avis, l’alliance entre Sonko et Karim serait certes stratégique, mais contre nature. Stratégique car le vote PDS pourrait en effet apporter plus de poids à la candidature de Sonko. Toutefois, contre nature si jamais Sonko décide de gouverner avec ce parti une fois élu à la tête de ce pays.
Je tiens à souligner que le charme du projet de Sonko réside dans sa volonté de rompre d’avec un système politique défaillant. Tanor, Macky, Abdoulaye Wade et Karim sont tous des gens du système. Et en tant qu’analyste, je trouve totalement absurde, voire extrêmement dangereux que Sonko veuille imposer une rupture tout en gouvernant avec des politicards totalement corrompus qui ont mangé à tous les râteliers.
Ousmane Sonko devrait à mon avis se distancer de tous les partis politiques qui ont déjà eu à gouverner afin de ne pas tuer son projet qui est très ambitieux et qui fait rêver des milliers de jeunes sénégalais de toute ethnie. Si les sénégalais ne perçoivent plus cette rupture, le projet ne survivra pas.
Edito signé : Cheikh DIENG, rédacteur en chef et fondateur du site d’information www.lecourrier-du-soir.com basé en France
Email : cheikhdieng05@gmail.com