« Je pense qu’il faut qu’il y ait le plus de députés européens socialistes, donc de députés français socialistes ». C’est en substance ce qu’a déclaré l’ancien président de la France, François Hollande, ce samedi dans la ville de Strasbourg lors d’un forum organisé par le média Libération.
Au bout de deux ans de Macronisme qui a profondément divisé la France, François Hollande tente à son tour de faire le faux cul. La déclaration de l’ex président ce samedi est d’autant plus maladroite que ce dernier, qui avait confié son ministère de l’Economie à Emmanuel Macron, avait voté Macron dès le premier tour de la présidentielle de 2016.
A l’époque, l’ex président socialiste (probablement le dernier sous la Vème République) parlait d’un « vote de raison » comme l’a révélé Bernard Poignant, son ex conseiller à la présidence. « Quand je l’ai vu un peu avant le 1er tour, je lui ai dit : ‘écoute, dimanche prochain, donc 23 avril, nous aurons le même vote : Macron’. Hollande lui rétorque : « ce sera mon vote, un vote de raison ».
Nous sommes alors au mois d’avril 2017 et la France est appelée aux urnes dans un contexte politique très particulier. Le pays a désormais le choix entre : le repli identitaire incarné par Marine Le Pen, la continuité d’une politique désastreuse menée par François Hollande, l’élection d’un président des riches incarné par Emmanuel Macron ou la fin de la Vème République tel que voulu par Jean-Luc Mélenchon.
Dans un contexte aussi difficile où presque tous les analystes politiques prédisaient la fin du socialisme en France, un président socialiste, en l’occurrence François Hollande, accepte de porter le dernier coup de poignard à un parti politique qui désormais n’existe que de nom. En votant Macron, Hollande avait trahi ses valeurs de gauche. Mais, au-delà de la trahison, il venait de sonner le glas du parti socialiste français.
Que retient-on vraiment du quinquennat Hollande ? Le seul point positif fut son charisme. On a beau le traiter de tous les noms, il a été pendant tout son mandat un président modéré, gentil, à l’écoute de son peuple, même si sur le plan politique, son gouvernement, confié à Manuel Valls, a été un désastre sur le plan économique et social.
La « Manif pour Tous » avait drainé en 2013 des milliers de personnes dans les rues du pays pour dénoncer le mariage pour tous rejeté par 55% des Français ; sur la déchéance de nationalité qui avait profondément divisé la France, Hollande confie en 2016 son regret d’avoir proposé cette mesure, pourtant fortement défendue par son premier ministre ; les fortes manifestations contre la Loi Travail en 2016 avaient fini d’assener un coup dur à la politique économique d’un président arrivé au pouvoir par accident.
Pire, à la fin de son mandat, le président socialiste, dont l’élection en 2012 avait été perçue comme une lueur d’espoir dans un contexte économique marqué par une crise financière qui avait fortement affaibli l’économie de la zone euro, avait assumé l’échec de sa politique sociale.
Sur l’immigration, il disait : « je pense qu’il y a trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là ». Lors d’une conversation avec des journalistes du Monde, il emboîte le pas à Le Pen sur la question de l’Islam. « Qu’il y ait un problème avec l’Islam, c’est vrai. Nul n’en doute », confie-t-il. N’est-ce pas Hollande qui avait prédit une partition de la France ? Oui, c’est bien lui.
Depuis son départ de l’Elysée, chaque déclaration de François Hollande était un coup dur porté au Parti Socialiste. Je ne dirais pas qu’il a renforcé la ligne du Rassemblement National, mais il est évident que ses sorties sur l’Islam, l’immigration… ont considérablement joué en la faveur de Le Pen.
François Hollande n’aurait jamais dû laisser le PS dans la situation dans laquelle il se trouve. Le parti est totalement livré à lui-même, les ténors (Le Drian, Castaner, Le Foll…) ont soit quitté le parti ou rejoint Macron malgré sa politique jugée très libérale. Face à la progression de la France Insoumise et des Verts, la marge de manœuvre des socialistes est désormais très réduite.
Cette situation est d’autant plus lamentable que Manuel Valls, ex premier ministre de François Hollande, avait annoncé la mort du PS au lendemain de l’élection de Macron. Et pendant ce temps, l’ex président socialiste a toujours pris ses distances avec son ancien parti dont il ne se reconnaît presque plus.
Et comme par hasard, au moment où Macron traverse une crise politique sans précédent, Hollande sort du bois et appelle à sauver le socialisme français et son candidat Raphaël Glucksmann aux Européennes. Si Macron n’avait pas été fragilisé par la crise des Gilets Jaunes et les nombreux scandales (dont l’Affaire Benalla) qui lui ont valu le rejet d’une partie de la France, Hollande n’aurait probablement jamais calculé le PS. S’il le fait maintenant, c’est par pure hypocrisie.
Après avoir tué le Parti Socialiste, le voilà désormais qui joue « le médecin après la mort ». M. Hollande, pas besoin d’appeler à voter la « liste socialiste » aux Européennes car les Français-e-s n’y croient plus, pas besoin non plus de faire tout ce cirque car votre attitude pusillanime (vous et Valls) a largement contribué à la mort de ce parti.