L’Etat du Sénégal, dirigé par Macky Sall, cherche-t-il à liquider physiquement Ousmane Sonko? Cette question extrêmement sensible compte tenu du contexte actuel mérite d’être posée à la suite des événements qui se sont déroulés ce 03 novembre et qui ont retenu l’attention toute particulière des médias sénégalais.
En effet, ce jeudi, le premier opposant politique sénégalais et leader du parti politique « Pastef » a été convoqué par la justice dans une rocambolesque affaire de viol qui, en mars 2020, a failli mettre le pays tout entier à feu et à sang. Pour celles et ceux qui n’ont pas suivi cette affaire, comprenez qu’il s’agit d’une accusation de viol totalement fabriquée par le pouvoir afin de barrer la route à l’unique opposant qui pourrait empêcher le président Sall de briguer un 3ème mandat à la tête de ce pays.
Nul besoin de s’attarder sur une affaire de mœurs totalement ubuesque dont les commanditaires peinent d’ailleurs à fournir la moindre preuve pour étoffer « leur dossier ». En tout cas, une chose est sûre : depuis un an et demi, l’affaire semble être une immense opportunité que Macky Sall et ses ouailles comptent saisir pour en finir avec un opposant intrépide et très adulé par la jeunesse.
Mais, ce qui m’intéresse, à travers cet article, n’est rien d’autre que la stratégie criminelle adoptée par le pouvoir en place pour mettre en danger la vie d’un honnête citoyen dont le seul tort est de dénoncer les tares d’une société à la merci d’une caste politique entre les mains d’une seule et unique famille.
En effet, on a appris ce 03 novembre que des gardes du corps de Sonko ont été arrêtés et déférés à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane en vue de leur audition. Une information confirmée par l’entourage de Sonko et le procureur de la République auprès du tribunal de grande instance de Thiès, Mamadou Diop, lequel s’est expliqué lors d’un point de presse.
Face aux journalistes, M. Diop justifie cette arrestation (de gardes du corps de l’opposant) par leur implication dans un violent incident survenu le 30 octobre dernier dans le village de Thicky. Mais, il faut être vraiment naïf pour accorder une once de crédibilité au procureur qui, par cette ruse, tente de sauver l’image totalitaire d’un pouvoir en fin de règne.
Le véritable débat est celui-ci : premièrement, si les gardes du corps de Sonko sont si dangereux (qu’ils ne le disent) et représentent une menace à l’ordre public, alors pourquoi attendre le jour de la convocation du leader de Pastef pour les alpaguer? Je dois faire remarquer que dans tout autre pays normal, une telle « menace », si tant est qu’elle existe vraiment, aurait été enrayée manu militari le jour où elle devient réelle.
Deuxièmement, priver Ousmane Sonko de sécurité en lui demandant de retourner chez lui n’est-il pas une tentative déguisée pour le liquider physiquement, d’autant plus que ni la gendarmerie, ni la police nationale ne se chargeront de l’escorter jusqu’à son domicile?
Cette décision arbitraire et totalement irresponsable confirme, une fois de plus, que le Sénégal n’est plus entre les mains d’un pouvoir démocratique, mais plutôt despotique dont le seul et unique objectif est de neutraliser tous les opposants par tous les moyens, quitte à faire couler le sang.
Macky Sall doit comprendre ceci : les tragiques événements de mars sont encore frais dans les mémoires et le peuple, pour le moment silencieux, n’a pas encore dit son dernier mot. S’il s’obstine à vouloir liquider tout opposant hostile à son régime, il court l’énorme risque de déclencher une révolution dont il sortira perdant à jamais.
Le peuple ne se laissera pas faire. C’est une certitude absolue.