L’Occident est incontestablement devenu la pute du régime saoudien et deux récentes affaires qui ont défrayé la chronique ces dernières semaines le confirment.
Venons-en aux faits. En effet, il y a quelques heures, l’administration Biden a rendu public un rapport mené par les agences de renseignement américaines sur le meurtre abject de l’opposant Jamal Khashoggi tué le 2 octobre 2018 dans des circonstances extrêmement floues.
Le rapport rendu public ces dernières heures est sans équivoque : le prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salman, alias MBS, (qui règne en maître sur le royaume depuis son accession au trône le 21 juin 2017) est bien le cerveau de l’assassinat de l’un des plus redoutables détracteurs du régime.
Et alors? Quelle sera la suite? Les Etats-Unis, très prompts à annoncer des sanctions contre des régimes dits totalitaires, ont décidé de sanctionner un allié et pas des moindres. Mais, il n’a échappé à personne que la démarche suivie pour y arriver est très timide. En effet, malgré l’implication claire et nette du prince saoudien dans ce meurtre abject, ce dernier, étrangement, ne sera pas sanctionné, comme le rapportent plusieurs médias américains qui n’ont d’ailleurs pas manqué de faire part de leur indignation.
« Mohamed Ben Salman est coupable de meurtre. Biden ne devrait pas lui accorder un passe-droit », a ainsi titré le Washington Post ce 27 février. Et du côté du New York Times, la décision de Washington de ne pas sanctionner MBS dépasse l’entendement. « Le président Biden laisse se promener un meurtrier saoudien », déplore le New York Times. Dans la presse américaine, on annonce que 76 personnalités saoudiennes seront sanctionnées. Mais, ce sera tout et le chapitre est clos.
C’est hallucinant de constater qu’en raison de l’extrême gravité des faits, le principal assassin (MBS) qui se trouve être un « grand ami de l’Occident » ne risque rien. Pire, dans quelques mois, quand la tempête sera passée, il pourra venir pavaner librement dans les palais présidentiels occidentaux pour y signer de juteux contrats d’armement tout en continuant à rendre la vie dure à quiconque ose s’opposer à sa gestion totalitaire du pouvoir.
Et l’UE dans tout ça? Du côté de l’Union Européenne qui, je le rappelle, a été très active dans l’Affaire Navalny, c’est silence radio. Aucun pays de l’UE au moment où j’écris ces lignes n’ose dénoncer l’implication de MBS dans ce crime odieux commis par un dictateur qui viole le droit international, bâillonne sa population et jette en prison ses détracteurs.
Ce qui est marrant dans cette affaire est que dans le cas Navalny (du nom de l’opposant russe Alexei Navalvy), on a vu Josep Borrell, chef de la Diplomatie européenne, se rendre en Russie pour exiger du gouvernement de Poutine des explications sur la condamnation d’un opposant qui se trouve être une marionnette des services de renseignement américains et européens qui l’utilisent comme moyen de détruire la Russie de l’Intérieur.
J’ose espérer que dans les jours qui viennent, le même Borrell se rendra à Riyad pour demander des comptes à MBS et au Roi saoudien. Hélas, il y a de forte chance que cela n’arrive jamais car celles et ceux qui s’intéressent à la géopolitique auront compris que l’Occident, depuis plusieurs décennies, s’est transformé en une pute d’un régime autoritaire qui massacre le peuple yéménite (avec des armes de l’Occident) et exécute tout opposant acharné au pouvoir en place.
L’Affaire Kashoggi et l’Affaire Navalny viennent de confirmer l’indignation à géométrie variable de l’Occident prompt à sanctionner la Russie, le Venezuela ou d’autres régimes dits tyranniques mais timide quand un allié tue sans état d’âme et de la plus vile des manières des citoyens dont le seul tort est d’oser dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
L’Occident n’a plus aucune légitimité pour donner des leçons de Démocratie car ces dernières années, il a ostensiblement soutenu des régimes sanguinaires (Khalifa Haftar en Libye, Ben Salman en Arabie Saoudite, Alpha Condé en Guinée ou encore Al-Sissy en Egypte) qui n’ont jamais lésiné sur les moyens pour réprimer dans le sang toute contestation populaire.
De ces deux affaires, une seule certitude : l’Occident est devenu la pute de l’Arabie Saoudite.