« J’ai déjà dit que j’avais repéré quelqu’un qui serait sans doute un jour président de la République, que c’était une femme. Il y en a deux dans le privé et une dans le public. Certains disent qu’en disant cela que j’annonçais l’élection de Madame Marion Maréchal, mais franchement, elle ne faisait pas partie de ma liste », disait Jacques Attali, dans une interview accordée à LCI le 22 avril 2018.
Dans l’interview, l’économiste français avait bien précisé que la nièce de Marine Le Pen ne faisait pas partie de sa liste. Mais, n’était-ce pas là une stratégie « bien attalienne » de fourvoyer les Français ? Le seul fait que Jacques Attali disent ouvertement que Marion-Maréchal n’était pas inclue dans sa liste prouve qu’elle y est, et en bonne place.
Il était important de revenir sur cette prédiction d’Attali faite en avril 2018. Car, en effet, ce jeudi, nous avons appris que le Medef avait invité Marion Maréchal dans son université d’été prévue le 28 et le 29 août prochain. Face à la polémique suscitée par une décision que Laurence Parisot avait qualifiée de « grave erreur », Geoffroy Roux de Bézieux, actuel président du Medef, a fini par faire marche arrière, annonçant que finalement ni le RN, ni la France Insoumise ne seront invités.
La vraie question à se poser devrait être celle-ci : pourquoi Marion Maréchal a été invitée par le Medef ? Si on tente de répondre à cette question, l’on verra que, de toute façon, depuis quelques années, la nièce de Marine Le Pen jouit d’une image présidentiable dans le monde des médias, mais aussi des affaires. Elle a désormais droit de cité dans des milieux où Marine Le Pen ne pourrait jamais poser les pieds.
Il faut souligner un détail non moins important. C’est que si l’image de Marion Maréchal fait encore peur en France, ce n’est absolument pas le cas dans la presse anglophone qui, depuis deux ans, la perçoit comme la future présidente de la France. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si en mai dernier, le média britannique The Spectator s’est posé la question : « Marion Maréchal-Le Pen pourrait-elle empêcher Macron d’avoir un second mandat ? ».
Après avoir souligné quelques points qui pourraient tourner à l’avantage de Marion Maréchal (son jeune âge, son éloignement du RN dont la position reste encore floue sur certaines question), le journaliste Gavin Martimer avait conclu : « Marion Maréchal gagnera parce qu’elle est plus populaire, plus habile et plus maligne que Marine Le Pen, mais la victoire qu’elle convoite le plus est l’élection présidentielle. Sera-t-elle en 2022 ou en 2027 ? ».
Malgré sa position anti-immigrationniste et sa ferme opposition au progressisme dans l’enseignement, Marion Maréchal a su, depuis son départ du RN, gagner les cœurs à droite. Et ce succès fulgurant s’explique, d’une part, par sa participation à la Conférence de la CPAC (Conservative Political Action Conference) aux Etats-Unis en 2018 où elle a ouvertement courtisé l’électorat de Trump et, d’autre part, le lancement de son institut de Sciences Sociales, Politiques et Economiques à Lyon.
Mais l’atout majeur dont elle dispose est celui mentionné par le journaliste Laurent Fargues : son coté libéral. « Marion Maréchal-Le Pen incarne l’aile économiquement libérale et plus à droite au sein du RN », écrit le journaliste en 2015. Une position qui n’avait pas plu à des ténors du parti dont Florian Philippot qui a dû claquer la porte.
Aujourd’hui, Marion semble être la seule capable de sauver une droite moribonde. D’ailleurs, plusieurs ténors du RN avouent ouvertement qu’elle incarne l’avenir de la droite française et les médias ont révélé, ces dernières heures, que des responsables LR ont dîné avec elle.
N’est-ce pas ce côté libéral qui a poussé le Medef à lui tendre la main oubliant son récent parcours au sein de l’Extrême-Droite ? Jacques Attali précise clairement que Marion Maréchal n’est pas sur sa liste. Mais, aujourd’hui, on ne peut pas nier que quand on parle d’une femme pouvant succéder à Macron, tous les yeux sont braqués sur elle.