Boycott des Gilets Jaunes par BFMTV : entre Médias et Peuple, la guerre est déclarée !

(Une analyse du journaliste, Cheikh DIENG)

La guerre est officiellement déclarée entre Gilets Jaunes et médias. Et c’est la toute-puissante chaîne de télévision, BFMTV qui a déclenché les hostilités. En effet, alors que le pays est secoué depuis plusieurs semaines par des manifestations contre le pouvoir en place, la chaîne décide de ne plus couvrir les manifs. L’argument de BFMTV : les agressions contre les journalistes de la chaîne par des manifestants.

Dans un message envoyé aux membres de la rédaction, on peut lire : « suite à une nouvelle agression de l’une de nos équipes et la blessure de l’une de nos collègues lors de la manifestation samedi, l’ensemble du service de reportage, appuyé par la rédaction, a décidé d’un commun accord de ne pas se rendre sur un rond-point ou une quelconque mobilisation du mouvement des gilets jaunes ce lundi en signe en signe de protestation. »

L’argument avancé par la chaîne pour ne plus couvrir les manifestations des gilets jaunes a été défendu par la Société des Journalistes qui, pour sa part, a dénoncé les nombreuses agressions ayant récemment visé des reporters. Interrogé par BFMTV, le président de la Société des Journalistes parle de « faits extrêmement graves et inquiétants ». Toutefois, il reconnaît que la « totalité des gilets jaunes n’est pas en cause ».

Pour ma part, en tant que journaliste, je ne peux que dénoncer ces actes de violence qui visent des confrères qui prennent des risques énormes en exerçant leur métier qui est celui d’informer. En aucun cas, je ne cautionnerai la violence, quelles que soient les personnes visées et quelles qu’en soient les motifs. Ce mouvement spectaculaire qui attire l’attention du monde entier ne mérite pas d’avoir en son sein des casseurs et des pilleurs.

Cependant, il serait très hypocrite de ma part de dédouaner les médias en France. En effet, depuis le début du mouvement, ils n’ont cessé de discréditer les gilets jaunes qu’ils ont d’emblée qualifiés de « casseurs ». Je ne nie pas la présence de casseurs parmi les gilets jaunes. Mais, quand on lit les médias de masse en France, on a l’impression que tous les gilets sont mis dans le même sac.

Ce 7 novembre, j’ai consacré une petite analyse intitulée : « comment les médias tentent de sauver le soldat Macron ». Dans cette analyse, j’avais dénoncé la stratégie malhonnête des médias de déplacer le curseur. N’oublions qu’ils ont largement participé à la réussite du mouvement à ses débuts en promouvant des personnalités telles que Jacline Mouraud. La stratégie des médias, à cette époque, était de faire trembler Macron qui avait déjà perdu ses ailes depuis juillet dernier dans l’affaire Benalla.

Après l’ACTE III qui a été particulièrement violent, les médias, dirigés par une poignée de milliardaire, ont très vite senti que leurs intérêts étaient en jeu. Et là, ils changent immédiatement de discours en faisant passer l’ensemble des gilets jaunes pour des petits délinquants, proches d’extrême-gauche ou d’extrême-droite, racistes, antisémites…

Je ne nie pas la présence des extrêmes, ni celle des racistes, des xénophobes et des antisémites. Néanmoins, nous savons que ces personnages abjects qui ne font que ternir l’image de ce mouvement ne sont qu’une petite minorité qui, en aucun cas, ne représente la majorité. Pourtant, après l’ACTE III, les médias ont sciemment mis tout le monde dans le même sac avec l’unique but de tuer le mouvement.

Trouvez-vous normal que pour discréditer le mouvement les médias s’acharnent sur Eric Drouet qu’ils accusent à tort d’être proche du Front National ? Et s’il était avéré que ce jeune homme a, dans le passé, voté FN, cela changerait quoi ? Vous paraît-il raisonnable que les médias veuillent « tuer » Eric Drouet, juste parce que Mélenchon s’est dit « fasciné » par ce jeune homme ?

La force de ce mouvement, nous le savons tous, c’est sa capacité à se placer au-dessus des partis politiques. Il n’a jamais appartenu et il n’appartiendra à personne. Pourtant, depuis bientôt une semaine (voire plus), les médias se sont largement focalisés sur des détails superfétatoires qui n’intéressent vraiment pas les Français.

Les médias ont pris position dès le début pour sauver les intérêts de leurs maîtres. Et aujourd’hui, ils doivent faire face aux conséquences de leur incohérence, de leur lâcheté mais aussi de leur trahison. Depuis l’ACTE III, ils ont intensifié leur propagande médiatique anti-Gilets Jaunes en en se focalisant que des scènes de violence, au moment où des milliers de gilets jaunes manifestent pacifiquement pour réclamer des conditions de vie dignes.

Les erreurs commises par les médias dans le traitement de l’information sur le mouvement des Gilets Jaunes ont été inacceptables. Je ne devrais même pas parler d’erreurs, car c’est sûr et certain qu’ils ont agi délibérément. Et c’est exactement ce qu’ont compris les gilets jaunes. La crise des Gilets Jaunes a mis en évidence une chose : qu’entre gouvernants et gouvernés, la confiance est rompue. Entre Médias et peuple aussi.

Vous avez joué et vous avez perdu. Maintenant, trop tard de jouer les victimes et de verser des larmes de crocodile. Il fallait faire le travail avec probité jusqu’au bout. Je rappelle que, pendant ce temps, une poignée de médias indépendants, dont Lecourrier-du-soir.com, ont vu leurs abonnés augmenter considérablement. Contrairement aux tout-puissants médias mensonges qui ont fait de la désinformation le pilier de leur métier, d’autres, pourtant beaucoup moins riches, tentent tant bien que mal de traiter les événements avec une certaine objectivité.

Le jour où vous mettrez fin à vos propagandes anti-Gilets Jaunes, le jour où vous informerez objectivement sans prendre partie, je vous promets que les gens vous applaudiront et vous offriront un meilleur accueil. Chers médias de masse, tout est question d’honnêteté intellectuelle.