Au lendemain du second tour de la présidentielle française, de nombreux doutent demeurent sur la régularité du scrutin compte tenu de nombreuses irrégularités notées d’une part et d’autres. 254 000 électeurs ont été radiés. A Strasbourg, beaucoup de radiés n’ont pas pu voter ce 7 mai et le Front National a dès ce vendredi saisi la Commission électorale de contrôle des élections dénonçant le fait que des bulletins de Marine Le Pen aient été déchirés
La présidentielle française de 2017 restera sans aucun doute un très mauvais souvenir pour de nombreux français qui n’ont pas voté pour leurs candidats ni au premier ni au second tour. Tout avait commencé lors du premier tour de la présidentielle. A cette date, de nombreux électeurs avaient été radiés des listes électorales faute d’adresse valide.
L’affaire avait suscité une effervescence médiatique au lendemain du premier tour et les autorités municipales de certaines villes dont Strasbourg avaient fini par réagir, soulignant que les électeurs radiés ne disposaient pas d’adresse valide. « Nous avons radié 16 042 personnes des listes électorales, car leur carte d’électeur et les courriers que nous leur avons envoyés nous sont retournés avec la mention ‘n’habite plus à l’adresse indiquée’ », expliquait Pierre Laplane directeur général des services de la ville de Strasbourg.
Pour faire valoir leurs droits, des centaines d’électeurs radiés s’étaient rendus au tribunal d’instance de Strasbourg le 23 avril pour y déposer un recours. Certains avaient obtenu gain de cause. Mais, ce n’est pas le cas pour la grande majorité qui n’a ni voté au premier tour, ni au second.
« La justice a rejeté leurs recours »
En effet, ce dimanche 7 mai, la justice a rejeté leurs recours. « La juge de permanence ce dimanche au tribunal d’instance a fait une lecture restrictive des textes : elle a considéré qu’il revenait aux gens de signaler leur changement d’adresse à la mairie, et donc rejeté la plupart des recours », a expliqué à l’AFP l’avocat des requérants.
Chez les électeurs radiés, la colère gronde. Me Sandra Ilsy, avocate et elle-même radiée des listes électorales, ne comprend pas. « Un arrêt du 5 mai 2017 disait que le recours restait ouvert et que l’on pouvait le déposer jusqu’au jour du scrutin, c’est-à-dire jusqu’à ce soir 20H. De plus, un jugement du tribunal d’instance de Strasbourg datant du 4 mai 2017 a retenu que la commission administrative électorale de Strasbourg avait commis une erreur, en nous adressant des courriers erronés … alors qu’elle avait connaissance de notre adresse par le biais d’avis de taxes d’habitation, de frais de cantines, périscolaires ou de stationnement résidents », s’agace-t-elle.
« 254 000 personnes ont été radiées par les communes »
Dans la presse, l’on nous a appris qu’à Strasbourg quelque 200 personnes ont tenté d’obtenir, grâce à la justice, le droit d’être réintégrées sur les listes électorales. Entre 20 et 30 seulement ont pu obtenir gain de cause. A Clichy, en région parisienne, la situation reste la même. Le tribunal d’Instance d’Asnières reconnaît des erreurs mais indique avoir à traiter plusieurs centaines de dossiers. Toutefois, rien n’est gagné pour les plaignants.
Rappelons que de nombreux électeurs avaient été radiés des listes. Selon l’INSEE, 254 000 personnes ont été radiées par les communes. Il convient de souligner que la présidentielle 2017 a suscité de nombreuses polémiques. Mises à part les radiations, certains dénoncent des fraudes et irrégularités.
« Une infraction claire de l’article L 116 du code électoral »
Ce vendredi 5 mai, le Front National a d’ailleurs saisi la Commission nationale de contrôle des élections dénonçant une dégradation de bulletins de vote de Marine Le Pen. Dans un communiqué du FN, on pouvait lire : « de nombreux administrés ont réceptionné chez eux, au tire de la propagande électorale, les deux bulletins de vote des deux candidats de l’élection présidentielle, le bulletin de notre candidate était systématiquement déchiré et celui de notre opposant, M. (Emmanuel) Macron était intact ».
Le communiqué ajoute : « ces graves irrégularités et infractions au code électoral en vigueur ont été constatées dans les départements suivants : Ardèche, Allier, Savoie, Loire, Yvelines, Eure-et-Loir, Hérault. De telles pratiques constituent une infraction claire de l’article L 116 du code électoral, qui sanctionne toute manœuvre ayant pour but d’altérer la sincérité du scrutin ».