Des pays membres de la CEDEAO ont décidé d’adopter l’Eco, la nouvelle monnaie qui sera mise en circulation dans la sous-région dès 2020. Mais déjà, les économistes pointent du doigt certains problèmes
Le 21ème siècle sera-t-il celui de l’Afrique ? Les chefs d’Etat de la CEDEAO ont adopté ce dimanche à Abuja au Nigeria une nouvelle monnaie du nom de « Eco » et qui sera mise en circulation dès 2020. Les autorités de la CEDEAO entendent mettre en place une commission pour travailler en parfaite collaboration avec l’Institut Monétaire Ouest-Africain et les Banques Centrales dans le but d’accélérer la mise en circulation de cette nouvelle monnaie.
La création d’une nouvelle monnaie dans la zone CEDEAO attire l’intérêt des médias du monde entier. Ainsi, la chaîne américaine, CNN, nous apprend que six pays d’Afrique de l’Ouest dont la Guinée, le Liberia et le Ghana sont prêts à échanger leur monnaie actuelle contre l’Eco.
Le média américain nous a aussi appris que la mise en circulation de cette monnaie initialement prévue en 2000 avait été reportée plusieurs fois avant que les chefs d’Etat acceptent finalement de la lancer en 2020. Aussitôt annoncée, la nouvelle du lancement d’une monnaie suscite des réactions mitigées.
« Quelques avantages certes, mais beaucoup d’inconvénients »
« Si elle est mise en circulation dans de bonnes conditions, la nouvelle devise améliorera le commerce en permettant aux pays africains de se spécialiser dans ce qu’ils savent faire le mieux », juge Tokunbo Afikuyomi, analyste économique africain interrogé par la chaîne américaine. La devise unique pourrait aussi permettre de mettre fin aux problèmes liés à la conversion des devises des pays de la sous-région et le manque d’indépendance des Banques Centrales.
Parmi les problèmes largement cités par les économistes et qui risquent de mettre en péril cette monnaie, figure la différence des économies au niveau de la région. « L’économie de la Guinée a un PIB qui tourne autour de 7 milliards de dollar, c’est moins que le PIB du 13ème plus grand Etat du Nigeria, Abia, qui a un PIB de 8,7 milliards de dollar. Cette différence des économies rendra difficile toute politique d’uniformisation de la monnaie », explique Afikuyomi.
« L’instabilité politique, un danger pour l’Eco »
L’autre problème soulevé par les économistes est celui de la discipline fiscale. Dans ce sujet précis, certains doutent que le Nigeria, pressenti pour devenir la future puissance économique africaine, accepte de rembourser les dettes des pays voisins moins riches tels que le Togo, le Bénin ou encore la Côte d’Ivoire. « En aucun cas, les Nigérians accepteraient cela », martèle Amaizo, économiste nigérian.
La question de l’instabilité politique dans plusieurs pays de la zone fait que certains doutent de la mise en pratique de cette devise. En effet, des pays tels que le Mali, la Côte d’Ivoire ou le Nord du Nigeria sont proie à des violences ethniques ou religieuses et ces instabilités politico-sociales pourraient aussi avoir un impact très négatif sur l’Eco.