Un premier gros couac entre le gouvernement Macron et les syndicats suite à la révélation de Canard Enchaîné que l’exécutif entend durcir le contrôle des chômeurs. Une révélation qui a suscité un vif tollé dans la classe politique française ces dernières heures
Le contrôle des chômeurs divise la classe politique française. En effet, tout part d’une révélation faite par le Canard Enchaîné qui cite une note confidentielle du ministère du travail. Les révélations faites par le média français et reprises par plusieurs médias ce mercredi sont alarmantes.
D’après le Canard Enchaîné, un chômeur peut perdre jusqu’à 20% de ses indemnités pendant deux à six mois s’il ne recherche pas activement du travail, s’il refuse une formation ou s’il décline deux offres d’emplois jugés raisonnables. Le Monde parle d’une réduction de 50% d’indemnités.
D’après Le Canard Enchaîné, le gouvernement a eu recours à une proposition formulée en octobre dernier par Pierre Gattaz, patron du Medef. C’est à dire, le chômeur devra rédiger un « rapport d’activités mensuelles ». Dans son rapport d’activités, il devra rapporter l’ensemble des activités effectuées pendant un mois.
« C’est la suite des ordonnances chômage »
Aussitôt faite, la révélation a suscité un vif tollé dans la classe politique française. Pour Pierre Coquerel, c’est pousser les chômeurs à prendre n’importe quel boulot. « Emmanuel Macron poursuit la feuille de route du Medef pour qui les chômeurs sont responsables du chômage. Plus de sanctions + de contraintes à prendre n’importe quel emploi. L’objectif: un nivellement par le bas du marché du travail. C’est la suite des ordonnances chômage », a-t-il écrit sur twitter.
Même réaction pour Denis Gravouil, négociateur CGT pour la réforme de l’assurance-chômage. Dans une interview accordée à Ouest-France, Denis Grevouil explique que Macron lorgne le système allemand en proposant la sanction des chômeurs en France.
« Si Macron marche, on sait maintenant que c’est sur la tête »
« L’an dernier, 760 000 chômeurs allemands ont été sanctionnés, plus du quart des inscrits. Chez nous, cela reviendrait à sanctionner 500 000 à 600 000 personnes, cela risque de faire mal. Cela revient à baisser artificiellement les chiffres du chômage », dénonce-t-il.
Pour Adrien Quatennens, député France insoumise, c’est une décision insensée.
« Quel est le sens d’une recherche d’emploi frénétique dans un contexte de pénurie avérée d’offres? Accroître le contrôle des chômeurs ne crée pas d’emplois. Pas plus que la ‘libération’ du capital sans contre-partie. Si Macron marche, on sait maintenant que c’est sur la tête », s’agace-t-il sur twitter.
« Le Medef se frotte les mains »
Alexis Corbière, N°2 de la France insoumise, n’a pas manqué à réagir. « Scandale! Le gouvernement veut précariser davantage les demandeurs d’emplois, les surveiller, baisser leurs indemnités, les rayer des listes. C’est inacceptable! Lutter contre les chômeurs, ce n’est pas lutter contre le chômage », s’insurge-t-il.
Si les syndicats s’inquiètent, ce n’est pas le cas du Medef qui se réjouit de cette proposition. « Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’Assurance-chômage, c’est du conseil, c’est de l’accompagnement mais c’est aussi du contrôle. Ce n’est pas du harcelèment, c’est tout simplement le fait que cela corresponde bel et bien à une recherche d’emploi, et l’on contrôle, on monitore (…), donc il n’y a rien de plus normal », s’est défendu Thibault Lanxade, vice-président du Medef.