L’affaire Blanquer ou le BlanquerGate commence à prendre une proportion et Emmanuel Macron ferait mieux de trancher très rapidement avant que cela ne soit trop tard.
Avant d’évoquer les raisons pour lesquelles un limogeage du ministre de l’Education serait la seule option pour mettre fin à ce scandale, il convient de planter le décor.
De quoi s’agit-il? Le BlanquerGate est né d’une révélation faite par Médiapart début novembre mettant en cause le ministre français de l’Education, Jean-Michel Blanquer qui aurait, selon le site d’investigation, financé un syndicat lycéen pour légitimer l’action gouvernementale.
Ce qui est très grave dans cette histoire est que des sommes faramineuses avaient été allouées au syndicat en question connu sous le nom de « Avenir Lycéen ». L’enquête de Médiapart parle d’une subvention de 65 000 euros pour frais de bouche dont 40 000 euros dans un congrès qui n’aurait jamais eu lieu.
Depuis la révélation de ce scandale qui explose en pleine crise sociale, le syndicat en question a complètement disparu des radars. Sa page Twitter a été fermée et son site reste non opérationnel. Pendant ce temps, le ministère de l’Education, contacté par la presse, ne nie pas, mais promet de diligenter une enquête. Le ministère ajoute même qu’un financement de 30 000 euros alloué au même syndicat a finalement été bloqué.
Il s’agit évidemment d’une histoire de gros sous et il est évident que dans une France en pleine crise politico-sociale, un tel scandale ne passe pas inaperçu. Le gouvernement a certainement tenté d’étouffer l’affaire dont on a très peu parlé ces derniers jours. Cependant, si tel est le cas, c’est un fiasco qui ne dit pas son nom car une nouvelle enquête de Libération vient de jeter de l’huile sur le feu et pourrait coûter très cher à Blanquer.
En effet, d’après l’enquête de Libération qui s’est basée sur le témoignage exclusif d’anciens membres du syndicat, il en ressort que la structure a été créée en 2018 et a été pilotée depuis la Rue de Grenelle « pour servir les intérêts du ministère et contrecarrer la mobilisation contre la réforme du bac ».
Chez les membres du syndicat, l’indignation est grande comme en témoignent certaines réactions. « C’est dégueulasse. On nous a utilisés, brossés dans le sens du poil en nous filant plein d’argent. Sans contrôle, encadrement, ni rien. Et aujourd’hui, des mineurs sont suspectés de détournement de fonds. Cette histoire est folle », s’agace une membre fondatrice de « Avenir Lycéen ».
Depuis cette nouvelle révélation de Libé, les réactions sont légion, notamment sur les réseaux sociaux. Et certains exigent du ministre de l’Education qu’il présente sa démission ne serait-ce que pour montrer l’exemple.
Dans une démocratie exemplaire, Blanquer aurait déjà démissionné.
Mais bon, nous sommes en France. #BlanquerGatehttps://t.co/snU6cwXblr— Landry Ngang (@LandryNgang) November 21, 2020
Si Macron tarde à prendre les devants, cette affaire, devenue un véritable scandale d’Etat (car des fonds publics ont été dilapidés pour acheter la conscience d’un groupe de jeunes), risque de lui coûter très cher. Compte tenu des révélations faites, il est claire qu’on s’achemine sans doute vers une crise plus virulente que celle causée par l’Affaire Bennalla qui avait secoué le pouvoir en 2018 et qui avait violemment écorné l’image du chef de l’Etat français.
Dans le BlanquerGate, les faits avancés jusqu’ici sont d’une gravité extrême et puisque jusque-là, ni Jean-Michel Blanquer, ni son entourage n’ont démenti les accusations de Médiapart et de Libération, alors, le ministre de l’Intérieur confirme, par son silence, qu’il est responsable de ce dont il est accusé et devrait ainsi rendre le tablier afin de ne pas fragiliser un gouvernement totalement désaxé.
On a évidemment compris que la situation est extrêmement embarrassante pour Emmanuel Macron d’autant plus que c’est l’un de ses meilleurs soldats qui est sur la sellette dans une affaire qui s’apparente à de la corruption au plus haut sommet de l’Etat. Mais, dans des circonstances pareilles, un chef d’Etat doit se montrer exemplaire en assumant toutes ses responsabilités.
En 2013, Jérôme Cahuzac avait rendu le tablier pour assurer le bon fonctionnement du gouvernement sous Hollande. Blanquer devrait faire pareil ou être expulsé du gouvernement. Car si Macron s’entête à le maintenir à son poste, il agira en tant qu’avocat du diable et les conséquences d’une telle décision pourraient être foudroyantes.