Quelques heures après la nette victoire des indépendantistes et nationalistes corses au premier tour des élections territoriales qui se sont déroulées ce dimanche 3 décembre, les conditions sont posées. Les nationalistes demandent le statut d’autonomie à Paris sans exclure l’indépendance dans les prochaines années
La Corse risque-t-elle de devenir la Catalogne française ? Quelques heures après leur écrasante victoire aux élections territoriales, les nationalistes corses se sentent pousser des ailes et posent leurs conditions à Paris. Parmi les conditions posées sur la table : un statut d’autonomie. C’est du moins l’avis de Gilles Simeoni, ex maire de Bastia et candidat « Pe a Corsica » à l’Assemblée Corse.
« Il n’est pas question aujourd’hui d’indépendance. Les choses sont très claires. (…) D’un point de vue institutionnel, notre revendication est très claire. Nous souhaitons pour la Corse le statut d’autonomie de plein droit et dexercice. Cette revendication est portée par notre liste, mais a également été partagée par nombreuses politiques en Corse, la gauche comme la droite et par une majorité de Corses », a-t-il fait savoir.
« La question corse est fondamentalement politique »
Gilles Simeoni dit être ouvert à un dialogue avec Paris. A la question de savoir qu’est-ce qu’il demandera à Emmanuel Macron, il répond : « d’abord, nous allons nous adresser aux Corses, nous allons travailler avec eux à développer notre économie, à répondre de façon efficace aux maux qui touchent la société corse, notamment un chômage important chez les jeunes, une pauvreté et une précarité grandissantes, la désertification de l’intérieur, la maîtrise de nos transports, la définition d’un cadre fiscal adapté (…) ».
Et d’ajouter : « un dialogue politique avec Paris pour une véritable solution politique parce qu’au-delà des aspects économiques et sociaux, sociétaux qui sont importants, la question corse est fondamentalement politique et touche à la reconnaissance d’un peuple, de son identité et de ses droits. Et nous espérons qu’enfin après des années de silence, voire d’hostilité, le gouvernement et l’Etat accepteront d’ouvrir le dialogue avec les nationalistes et avec l’ensemble de la société corse ».
Si Gilles Simeoni estime que la question de l’indépendance n’est pas encore sur la table, pour Jean-Guy Talamoni, chef de file du parti indépendantiste corse « Corsica Libera », l’indépendance sera une des questions centrales des Corses dans les dix ou quinze prochaines années.
« Personne ne pourra s’y opposer »
Invité sur Europe 1, il a déclaré : « nous sommes indépendantistes et nous sommes démocrates. Si les Corses veulent majoritairement l’indépendance, dans dix ou quinze ans, personne ne pourra s’y opposer ». Il a également demandé à l’Etat français de « rompre avec la politique de l’indifférence, avec le déni de démocratie ».
Rappelons que les nationalistes corses ont obtenu une large victoire lors des élections territoriales. La coalition dirigée par « Pè a Corsica » (Pour la Corse) de Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni a raflé la mise en totalisant 45,36% des voix, frôlant ainsi la majorité absolue.