Invité sur France 2, Robert Bourgi, avocat français et proche de Nicolas Sarkozy est revenu sur la Françafrique et sur l’affaire Fillon. Il a expliqué comment il a « tué » le candidat LR (Les Républicains) lors de la campagne présidentielle en révélant l’affaire des costumes de 10 000 euros de François Fillon
Françafrique, costumes chers de François Fillon, Robert Bourgi crache le morceau. Dans une interview exclusive accordée à France 2 ce 7 juillet, l’homme qui avait été l’origine de l’affaire Fillon est revenu une nouvelle fois sur ses relations avec l’ex candidat LR à la présidentielle française et sur les relations tumultueuses entre l’Afrique et la France.
Parlant de François Fillon, Robert Bourgi dira : « François Fillon est un ami, était un ami. Je lui ai fait ce cadeau, c’est en fait un pari que j’étais fait. Je me rappelle il m’avait appelé et m’avait dit : ‘est-ce que tu es libre pour prendre un petit-déjeuner ?’ il aime bien ces petits endroits assez chics. Je suis allé, j’ai pris mon petit-déjeuner avec lui. Bien entendu, c’est moi qui ai réglé ».
« J’ai la tête sous l’eau, je n’ai pas le temps de te voir »
Bourgi continue : « il m’a dit : ‘tu sais, je vais gagner la primaire, je vais battre Alain (Juppé) et je serai président de la République’. Je l’ai écouté et je lui dis : ‘tu en es sûr ?’ Il me dit : ‘oui’. ». Sur France 2, Bourgi dit avoir offert deux costumes à François Fillon, mais reconnaît que Fillon « ne le savait pas ». « (…) J’ai commandé deux costumes, j’ai payé ces deux costumes et j’ai dit au maître tailleur : ‘vous vous manifestez auprès de M. Fillon et tout et tout. Et il l’a payé cher ».
Le journaliste l’interrompt et lui fait une remarque : « il l’a payé cher. Pourquoi ? Parce que vous l’avez révélé ». Bourgi enchaîne : « M. Poincaré (nom du journaliste), il est élu, il m’envoie un texto : ‘merci pour tout. Je t’embrasse’ et un petit smiley. Je n’ai jamais couru après lui pour une audience. C’est un copain. Quelques jours passent, je lui envoie un texto : ‘cher François, j’aimerais bien passer cinq minutes avec toi pour te féliciter de vive-voix et boire une bonne bouteille’ ».
Bourgi dit n’avoir reçu aucune réponse de la part de François Fillon. Il dit avoir rappelé Fillon quelques mois plus tard pour lui faire savoir qu’il ne comprend pas son silence. Fillon lui répond finalement. « J’ai la tête sous l’eau, je n’ai pas le temps de te voir ». « (…) Je me dis : ‘comment cet homme peut-il se comporter avec moi comme ça ?’ et j’ai appuyé sur la gâchette. Ce n’est pas si difficile que ça », réagit-il.
« Qui touche à Sarkozy me touche »
Sur l’affaire des costumes, Bourgi dira : « pourquoi le cacher ? ». Et d’ajouter : « il (François Filon) a été ignoble avec Sarkozy ». Lorsque le journaliste lui demande si Sarkozy l’a encouragé à appuyer sur la gâchette, il dira : « j’ai déjeuné avec Nicolas Sarkozy, je lui dis : ‘tu sais Nicolas, je ne suis pas bien actuellement’. Il me demande pourquoi et je lui raconte ce que je viens de vous dire. Je lui dis : ‘je vais me le payer’ ».
Bourgi poursuit : « Et il (Sarkozy) me dit : ‘bah écoute, même si je te disais le contraire, je connais ta détermination, tu vas le faire' ». Je lui dis : « je vais le faire Nicolas. Je ne veux pas que cet homme rentre à l’Elysée, il n’en est pas question. 1. Il a été ignoble avec toi, qui touche à Sarkozy me touche, 2. Il va voir. En janvier, il dit : ‘si je suis mis en examen, je ne me présenterai pas’. il a oublié ce qu’il avait dit en janvier, ça je ne l’accepte pas ».
« Alors, il ne sera pas président. Là, tu vas le tuer »
A la fin de sa rencontre avec Sarkozy, celui-ci le conduit jusqu’à la porte, l’embrasse chaleureusement et lui pose une dernière question : « tu vas le faire, Robert ? ». Bourgi rétorque : « c’est comme si c’était fait ». Sarkozy lui dit : « alors, il ne sera pas président. Là, tu vas le tuer ». Bourgi persiste et signe : « j’ai appuyé sur la gâchette ».
Connu pour ses relations parfois très conflictuelles avec des dirigeants africains, Robert Bourgi a également parlé de l’Afrique lors de cette interview. Il dénonce des élections « volées » par Ali Bongo, président du Gabon, pour se maintenir au pouvoir. Il révèle que la fortune amassée par le clan Bongo tournerait autour de « 3 à 4 milliards d’euros ». Bourgi dit n’avoir jamais transporté de mallettes d’argent en provenance d’Afrique. Toutefois, il reconnaît que la pratique était bien courante pendant des années.
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