Dans une lettre confidentielle adressée à Pfizer et lue par Politico, la Pologne s’attaque violemment à la proposition du laboratoire américain qui a décidé de faire payer moitié prix à l’Union Européenne chaque dose de vaccins non achetée
La Pologne déclenche la révolte et refuse (pour le moment) de payer moitié prix chaque dose de vaccins non annulée. Comme l’on pouvait s’y attendre, la récente proposition de Pfizer de faire payer à l’UE moitié prix chaque dose de vaccin non achetée est loin de faire l’unanimité, notamment pour la Pologne qui se plaint depuis plusieurs mois de s’être retrouvée avec un surplus de doses de vaccins dont elle n’a plus besoin.
Et pour faire part de sa grosse colère, Varsovie déchire la proposition de Pfizer dans une lettre confidentielle lue par Politico. En effet, à en croire cette source, Adam Niedzielski, ministre polonais de la Santé, a adressé cette lettre au vitriol au laboratoire américain dans laquelle il lui rappelle sa « responsabilité sociale » avant de lui demander de trouver un accord plus favorable afin de réduire le nombre de doses qu’il envoie à l’UE.
Une information confirmée par le média polonais, TheFirstNews.com, lequel nous a fait découvrir une partie du contenu de ladite lettre. « Malgré la situation épidémique stable dans les pays de l’Union Européenne, Pfizer prévoit encore de livrer des millions de doses de vaccins à l’Europe. Ceci est tout simple absurde d’un point de vue sanitaire étant donné que beaucoup de ces doses seront détruites en raison d’une durée de conservation et de demande très limitées », s’emporte le ministère polonais de la Santé.
Dans la lettre, l’Etat polonais critique vertement la proposition formulée par Pfizer qui consiste à réduire le nombre de doses tout en faisant payer à l’UE chaque dose non achetée. « La proposition actuelle de Pfizer inclut la réduction de doses mais le laboratoire exige toujours le paiement à moitié prix des doses non achetées et qui n’ont pas été produites », dénonce-t-il. Et d’ajouter : « bien que l’esprit de solidarité soit évident dans de telles circonstances, le coût financier est immense ».
Pour rappel, ce 30 avril, le média Financial Times a dévoilé la proposition de Pfizer qui accepte de réduire les doses de vaccins livrées aux Etats européens tout en leur faisant payer moitié prix chaque dose non achetée. C’est du moins ce qu’avait révélé l’agence de presse, Reuters.
En effet, d’après cette source qui cite le Financial Times, Pfizer est revenu à la charge, proposant à l’UE de payer moitié prix chaque dose de vaccin annulée, soit 10 dollars la dose pour environ 70 millions de doses annulées, ce qui devrait avoisiner les 700 millions de dollars.
Une proposition qui ne pouvait que déclencher l’ire des Etats d’Europe de l’Est qui ont été les premiers à dénoncer un deal injuste et coûteux. D’ailleurs, en 2021, comme l’avait révélé le média Politico.eu, un groupe de 10 pays d’Europe de l’Est avaient adressé une lettre à la Commission Européenne se plaignant d’un approvisionnement excessif de vaccins contre le Covid. En colère, ces pays exigeaient de l’EU une renégociation des contrats avec les labos.
Dans la lettre dont une partie a été consultée par Politico.eu, les 10 pays en question se plaignaient de s’être retrouvés avec une grande quantité de vaccins sous la main et ne comprennent pas que les négociations entre l’UE et les laboratoires pharmaceutiques (à ce sujet) n’aient pas porté leurs fruits. Ils se sont également plaints que les vaccins leur soient livrés peu avant leur date d’expiration.
D’après les informations obtenues par Politico, la lettre a été adressée à Stella Kyriakides, commissaire européen à la santé et à la politique des consommateurs. A en croire la source, l’initiative est menée par la Pologne et a été soutenue par 9 autres pays de l’Est que sont : la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Hongrie, La Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie.