Le coup d’Etat contre Evo Morales a été sans aucun doute une vengeance des Etats-Unis qui n’ont jamais digéré avoir perdu le marché du lithium en Bolivie au profit des entreprises chinoises et allemandes. C’est en tout cas l’avis d’Evo Morales, ex président de la Bolivie, qui a accordé une dernière interview au média mexicain, Heraldo de Mexico, quelques heures avant son voyage à Cuba
Avant d’embarquer pour Cuba, Evo Morales, ex président de la Bolivie, a réglé ses comptes avec les Etats-Unis qu’il accuse toujours d’avoir été à l’origine du coup d’Etat qui l’a évincé du pouvoir il y a un mois. Dans une des rares interviews accordées à Heraldo de Mexico, média mexicain, il a vidé son sac.
Dans l’interview filmée, Evo Morales fait de nouvelles révélations. Il explique en effet que les Etats-Unis n’ont jamais digéré le fait qu’il les ait exclus du projet d’industrialisation du lithium, métal précieux pour la construction de batteries de téléphones et que veulent s’arracher toutes les puissances occidentales industrialisées.
Dans l’interview, l’ex président bolivien a souligné que le projet d’industrialisation de l’ « or blanc » a finalement été attribué à des entreprises allemandes et chinoises dans une Amérique Latine que les Etats-Unis ont toujours considérée comme leur pré carré depuis la l’application de la Doctrine Monroe au 19ème siècle.
« Les Etats-Unis ont été éliminés de l’appel d’offres »
Parlant du lithium, il dira : « nous avions un projet extraordinaire d’ouvrir 41 usines et l’Etat avait entamé le financement. En septembre dernier, nous avions inauguré la plus grande usine. Entre septembre et décembre, nous avions exporté 15 000 tonnes. Nous étions prêts à en exporter 200 000 (…) ».
Et d’ajouter : « après un appel d’offres international, le marché a été attribué à la chine et à l’Allemagne. Les Etats-Unis étaient éliminés de ce projet d’industrialisation. Le délit que nous avons commis est d’avoir décidé, en tant qu’Etat, d’industrialiser le lithium. Nous pensons et nous avons presque la certitude que les Etats-Unis ne nous ont pas pardonné cela ».
Expliquant le projet d’industrialisation du lithium, l’ex président bolivien évoque une nécessité de se libérer économiquement. « Il y a d’autres modèles économiques en dehors du Fonds Monétaire International (FMI) et il y avait un projet de libération économique avec l’industrialisation du lithium énergétique », dit-il.
Dans l’interview, Morales s’est durement attaqué au modèle néolibéral tant prôné par les démocraties occidentales. « Les politiques que nous avons expérimentées et qui sont basées sur des privatisations, à mon avis, ne sont pas la solution pour les pays du monde. Et quand le peuple se rebelle, arrivent des interventions militaires ou des coups d’Etat. Telle mon expérience », explique-t-il.
L’ex président bolivien a également été très dur envers les Etats-Unis qui, selon lui, ont toujours tenté de déstabiliser la Bolivie. « En 2008, les Etats-Unis ont financé des opposants pour fomenter un coup d’Etat. Le premier coup d’Etat que nous avons déjoué a eu lieu en 2008. Entre 2008 et 2013, il y a 8 tentatives de coup d’Etat. Quand des gouvernements progressistes ou de gauche ou anti-impérialistes ne partagent pas les politiques de l’empire nord-américain ou le système capitaliste, la conspiration arrive », révèle-t-il.