Le gouvernement a fait volte-face sur sa décision d’autoriser un vote à l’Assemblée Nationale sur le StopCovid, l’application qu’il veut mettre en place pour surveiller les cas de Covid-19 en France
Un revirement de situation. Il y a six jours, le gouvernement avait fait savoir qu’il y aura bien un vote sur son très controversé projet de traçage connu sous le nom de « Stop Covid », une application destinée à détecter les personnes atteintes de Covid-19 via Smartphone. Le vote avait été demandé à l’unanimité par les députés.
Le vote du projet avait pourtant été approuvé par le Premier ministre, Edouard Philippe qui, lors d’un déjeuner de la majorité, s’y était prononcé en ces termes : « il ne faut jamais avoir peur du vote, et ça obligera chacun à prendre ses responsabilités ». Des propos approuvés par Richard Ferrand, président de l’Assemblée Nationale.
« Un gouvernement divisé sur le vote de l’appli StopCovid »
Pourtant, au sein de la majorité, on était très loin d’une unanimité sur une question aussi sensible qui concerne la vie privée et les libertés individuelles des Français. Gilles Le Gendre, chef de file des députés LREM, n’y était pas favorable. « Que le débat ait lieu, c’est une nécessité et notre majorité, le groupe de la LREM, l’ont eux-mêmes réclamé. C’est indispensable. (…) Cette application StopCovid qui permet d’être une brique de plus qui permettra de sécuriser le déconfinement (…) pose des problèmes de principes parfaitement légitimes. (…) Le vote n’apportera n’apporterait rien de plus », disait-il dans une interview accordée à LCI ce 20 avril.
Et, comme par hasard, au moment où les députés se préparaient au vote d’un projet de surveillance aussi important, le gouvernement choisit d’organiser un débat unique sur le plan de déconfinement passant ainsi à la trappe un sujet crucial sur lequel l’attendaient les députés de l’opposition. Donc, finalement, pas de vote.
« Gérard Larcher, encore une fois cité dans cette affaire »
Dans la presse, on pointe du doigt la responsabilité de Gérard Larcher, président du Sénat, qui, selon Les Echos, a fait part de son désaccord sur ce vote. « Je suis un pragmatique ; le traçage, pourquoi pas ? Mais si nous n’avons pas de masques, ni de tests, il ne nous protégera pas du Covid. C’est pourquoi j’ai demandé au président de la République qu’il y ait un débat global sur le déconfinement », a confirmé Larcher au JDD.
Il convient de rappeler que c’est Gérard Larcher qui avait aussi poussé Emmanuel Macron à maintenir les élections municipales de mars dernier, une décision qui avait mis en danger la vie de dizaines d’assesseurs et de présidents de bureaux de vote qui, quelques semaines plus tard, ont été testés positifs de Covid-19.