Un ex général de l’armée ivoirienne a accusé ce mercredi 1er mars 2017 la France et l’ONU d’avoir voulu la mort des quatre otages tués à l’hôtel Novotel, un événement tragique qui a été l’un des signes précurseurs de la crise ivoirienne de 2011
Un général ivoirien accuse la France. Les faits remontent au 4 avril 2011. A cette date, quatre otages français avaient été enlevés à l’hôtel Novotel d’Abidjan, avant d’être tués. 6 ans plus tard, Bruno Dogbo Blé, à l’époque commandant de la garde républicaine et dont le nom a été cité dans cette affaire, fait des révélations de taille.
A la barre, le général Dogbo Blé accuse la France et Licorne d’avoir voulu la mort des quatre otages. Il dira : « j’ai la conscience tranquille devant vous M. le président. Je suis en paix et j’ai la conscience tranquille. Pas pour frustrer les familles des victimes. Je suis innocent et je prouverai cette innocence ».
« La France et l’ONU voulaient la mort d’Yves Lamblin »
Il poursuit : « si Yves Lamblin (un des otages tués) et ses compagnons sont morts, c’est parce que la France et l’ONU voulaient absolument qu’ils meurent et au palais présidentiel ». A la barre, l’accusé explique que la France avait « tous les moyens pour empêcher les bandits qui ont opéré à Novotel ».
Dans son témoignage, Bruno Dogbo Blé affirme qu’Yves Lamblin était un grand ami de Laurent Gbagbo et que le camp du Président n’avait aucun intérêt à lui faire du mal. Pour Bruno Dogbo Blé, la guerre en Côte d’Ivoire a été déclenchée par la partie militaire, notamment la Force Licorne et l’ONUCI (Opération des Nations-Unies pour la Côte d’Ivoire).
« Ne leur donnons pas ce prétexte »
Il dira : « quand ils ont attaqué les lignes de front avec les chars, le président Gbagbo s’est approché de moi et m’a dit : ‘les Français sont en train d’attaquer vos camarades au Front, mais vous leur demanderez de ne pas toucher aux Français. Ne leur donnons pas ce prétexte’ », rapporte le général ivoirien.
Sur la mort des otages français, Bruno Dogbo Blé se dit surpris de la présence de Français dans un hôtel situé à Plateau, en plein cœur des combats. « Si moi je voulais tuer des gens, j’allais le faire en dehors de la présidence car partout à Abidjan, il y a beaucoup d’espace pour les tuer pour qu’on n’ait pas de traces ».
« Des propos révisionnistes et inadmissibles »
Jeune Afrique nous apprend que les avocats de l’une des familles de victimes sont sont remontés suite au témoignage du général Dogbo Blé. Les avocats de la famille de Stéphane Frantz Di Rippel (un des otages tués) dénoncent « des propos révisionnistes et inadmissibles » prononcés par Dogbo Blé pour échapper à ses « responsabilités ».
Rappelons que le général Dogbo Blé a écopé de plusieurs peines de prison liées à la longue crise politico-militaire qu’a traversée la Côte d’Ivoire entre 2002 et 2011. Le général est condamné à perpétuité pour le meurtre du général Robert Gueï, un meurtre survenu le 19 septembre 2002.
Rappelons que la crise ivoirienne de 2011 a éclaté le 11 avril 2011 après l’arrestation de Laurent Gbagbo. La France et l’ONUCI soutenaient les forces pro-Ouattara lors de cette crise qui avait fait plus de 3 000 morts.