Les migrants noirs, persona non grata en Israël. Nous avons tous appris que ce samedi 24 février une forte manifestation a été organisée à Tel Aviv en Israël. D’après les chiffres fournis par les médias israéliens, la manifestation a réuni quelque 20 000 personnes, toutes venues dire non à la décision du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou d’expulser les demandeurs d’asile noirs (et maghrébins dans certains cas) vivant sur le territoire israélien.
Pour comprendre cette situation très préoccupante qui se déroule sous nos yeux, une petite rétrospection s’impose. En effet, en août dernier, le ministre israélien de l’intérieur Aryeh Deri avait donné son accord à une loi qui permettrait l’expulsion des migrants clandestins qui se trouvent sur le territoire israélien.
En décembre dernier, le ministre israélien de l’intérieur va plus loin, donnant un ultimatum aux migrants. Ces derniers n’avaient que deux options : quitter le pays avant mars ou aller en prison. Ceux qui avaient accepté la première option pouvaient quitter tranquillement Israël avec 3 500 dollars. Ceux qui avaient pris la seconde option devaient s’attendre à se rendre en prison. Et c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui.
Pour se débarrasser des migrants africains, tous les moyens sont mis en œuvre par le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Cette information (que je vais vous transmettre) risque de vous surprendre mais en janvier dernier, le média Haaretz nous apprenait que plus de cent agents avaient été recrutés par Israël. Leur mission : faciliter la déportation des migrants noirs. Ces agents devaient toucher un salaire mensuel de 8 700 dollars.
Je n’ai rien contre la décision d’Israël d’expulser ces migrants hors de son sol si ces derniers n’ont pas les critères de demandeurs d’asile pour y rester, mais je ne pense pas qu’il soit nécessaire de les humilier pour autant. Permettez-moi de vous informer que ces vagues d’expulsion sont d’autant plus graves que les migrants doivent être reconduits, sans leur consentement, vers le Rwanda. Un pays qui a connu le génocide de 1994 et où les libertés d’expression et les droits de l’homme sont souvent bafoués.
Le peuple d’Israël, qui a connu l’Holocauste et les camps de concentration sous le régime nazi racialiste d’Adolf Hitler, aurait-il la mémoire trop courte ? En effet, je pense très sincèrement qu’il aurait pu réfléchir deux fois avant de faire subir à d’autres peuples ce qu’il a suivi lors de la seconde guerre mondiale.
Ce qui est encore plus dérangeant est le fait que certaines hautes autorités religieuses israéliennes soutiennent ces expulsions et les justifient à travers des arguments qui, moralement, posent un problème. En effet, l’un des éminents Rabbins juifs, David Lau, s’est aussi prononcé sur cette décision très polémique du gouvernement de Netanyahou.
Et voici ce qu’il en pense. Pour le Rabbin, seuls les migrants, de sexe masculin, et célibataire, devraient être expulsés du territoire israélien. Nous comprenons là que l’argument derrière est d’éviter que les hommes migrants ne se marient pas avec des femmes israéliennes blanches afin d’éviter ainsi tout métissage du peuple israélien. De même qu’aujourd’hui, une partie de la population juive voit très mal un mariage avec un Juif et une Arabe, et vice-versa.
Alors, avons-nous affaire à un Etat racialiste ? Je ne le dirai pas. Toutefois, je tiens à rappeler que les juifs noirs, communément appelés les Falashas, ont obtenu récemment ce 8 décembre 2016 l’autorisation de pouvoir faire don de leur sang. Cette décision, largement saluée par les organisations de défense des droits de l’homme en Israël, avait été prise après que l’avocate PninaTamano-Shata avait été interdite de donner de son sang en raison de ses origines éthiopiennes.
Je ne m’attarderai pas sur ce sujet. Une chose est sûre : en proposant aux migrants d’origine africaine le choix de quitter le pays ou d’aller en prison, Israël, ce grand peuple pour qui je voue un immense respect en raison de tout ce qu’il a pu subir comme atrocités dans le passé, est malheureusement en train de recourir au même modus operandi que celui des Allemands.
Le terme « déportation » devrait provoquer chagrin et gêne dans ce pays. Hélas, son usage ne gêne plus personne. Les Juifs extrémistes qui considèrent les migrants comme des « infiltrés » se réjouissent d’ailleurs que ces derniers soient déportés.
Face à la gravité de la situation très peu relayée par les médias, il est temps que les Africains se mobilisent pour venir en aide aux migrants noirs qui subissent l’humiliation et la maltraitance quotidiennement en Israël. Leur crime : être sans-papier et Noir.
L’Afrique ne doit plus accepter qu’on vende ses enfants comme des esclaves en Libye ou qu’ils soient humiliés comme en Israël. Réagissons vite avant que ce ne soit trop tard !
Je vous invite à lire ma vidéo sur ce sujet et publiée sur YouTube, cliquez ici : Migrants Noirs Israël
Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG, rédacteur en chef et fondateur du site d’information : www.lecourrier-du-soir.com
Email : cheikhdieng05@gmail.com