(Une contribution de l’analyste Sidy Touré, basé aux Etats-Unis)
Excellente lecture
La détention arbitraire du journaliste Pape Ale Niang est la dernière menace posée par le régime de Macky Sall contre la liberté d’expression, la liberté de presse et la liberté des citoyens tout court. Pape Ale Niang est un vétéran de la presse sénégalaise qui compte une expérience d’au moins 22 ans. Il a forge son chemin depuis les années 2000 quand il travaillait à la radio Sud Fm par le respect de la déontologie et le traitement de l’information avec responsabilité.
Depuis 2012, il incarne l’icône de la presse libre et indépendante dont l’épaisseur s’amincit de jour en jour depuis 2012. Il a opté d’informer juste et vrai les citoyens dont beaucoup le suivent avec attention. Pape Ale excelle dans l’investigation, il fournit des informations non biaisées qui captent l’attention et l’intérêt des Sénégalais. Devant un pouvoir caractérisé par les scandales nombreux et spectaculaires, ce genre de posture constitue un danger permanent à écarter par tous les moyens. Sinon comment comprendre l’attitude de la justice qui a arrêté le journaliste dans la rue sans convocation ni mandat d’arrêt qui veut le garder en détention sans jugement alors que les dossiers en flagrance sont traités de manière expresse ?
Danger de mort !
Les victimes du régime de Macky Sall commencent à être beaucoup. Si ce n’est des manifestants tues par balles, ce sont des morts suspectes en détention ou des disparitions douteuses. Lors des évènements de mars 2021, au moins 14 jeunes Sénégalais avaient trouvé la mort. Ils seront enterrés sans autopsie et le gouvernement n’a pas jugé nécessaire de mener des enquêtes pour déterminer les causes de leur décès.
Trois autres manifestants seront tués encore dans le Bignona, le plus flagrant était le nomme Idrissa Goudiaby qui ne sera enterre que plus de 2 mois après trois différentes autopsies. Les cas de l’émigré Cheikh Niass et de l’agent de sécurité Francois Mankabou morts « en garde-à-vue » retentissent encore dans nos mémoires. Et le 19 Novembre dernier, nous croyions être devant le comble lorsque la presse faisait état de deux hommes de tenue perdus dont le corps d’un d’entre-eux (Fulbert Sambou) a été retrouvé. Pas encore de nouvelle sur Didier Badji de la Gendarmerie nationale ! Stupéfait.
Le sort de Pape Ale Niang est donc de plus en plus sombre. On ne peut comprendre l’attitude des autorités politico-judiciaires qui veulent garder le journaliste en grève de la faim depuis plus de deux semaines maintenant. En plus, cela fait trois jours qu’il refuse toute sorte de soins médical !
Le journaliste a choisi de se battre contre l’injustice et l’humiliation qu’on veut lui faire subir. Il a la liberté de défendre sa dignité avec les moyens à sa disposition, lui qui n’a transgressé aucune règle, ni déontologique ni juridique. Sa seule faute est d’avoir choisi de faire son métier dans les règles de l’art. Et ceux qui suivent les media le connaissent avec cette tendance de s’aligner du côté de la vérité et du peuple. Quoi de plus normal ? Il a surement dû tenir tête à la puissance du fric car la plupart des ténors de la presse sénégalaise se sont déjà pendus avec des liasses jusqu’au cou. Ils mènent une vie de bourgeois et c’est un constat. Bref, chacun a aussi la liberté de se vendre au prix qui lui convient.
Interpellation du peuple Sénégalais.
On en est arrivé là puisque seulement la vitrine de la démocratie sénégalaise est tellement craquelée qu’elle est méconnaissable. Des lors, je voudrais interpeller vivement et solennellement mon peuple sur le cas Pape Ale. Il faut agir dans l’urgence, et s’il le faut avec fermeté, pour sauver ce combattant de nos libertés. Pape Ale s’est toujours battu pour nous le peuple jusqu’à exposer toute sa famille. Maintenant, c’est une question de vie et mort et tout porte à croire que ceux qui incarnent le pouvoir n’en ont cure.
Nous avons tous encore besoin de ce grand monsieur de la presse envers qui le peuple doit considération et reconnaissance. Alors la responsabilité historique du peuple entier est engagée. De ma courte expérience, jamais un journaliste ne s’est autant battu. Et il faudra tout faire pour que Pape Ale Niang retourne chez lui sain et sauf et que les libertés soient respectées. Monsieur Niang s’est donne corps et âme pour informer ce peuple, c’est a lui de rendre la pièce de la monnaie avant qu’il ne soit trop tard.
La démocratie ne peut être charmante que lorsque couplée avec une presse libre et indépendante dont Pape Ale en est aujourd’hui l’une des rares perles. Qu’il retourne à sa famille pour continuer sa mission en toute liberté et en toute responsabilité.
Sidy Moukhtar Toure, Etats-Unis.
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