François Fillon a été fixé sur son sort. L’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, poursuivi en pleine campagne présidentielle en 2017 dans une affaire d’emplois fictifs, a été condamné à 5 ans de prison, dont deux ferme, 375 000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité de dix ans.
Le verdict rendu ce 29 juin a suscité un vif tollé et a provoqué l’immense colère de ses politiciens de droite qui ont le sentiment que la justice voulait condamner Fillon à tout prix. C’est en tout cas, l’avis de Bruno Retailleau. « François Fillon était déjà condamné avant le procès. Il devait être reconnu coupable, absolument coupable. La justice était allée trop loin et ne pouvait pas se déjuger. On ne peut pas s’empêcher de penser que la déflagration de cette condamnation est destinée à couvrir le bruit de révélations sur une procédure manifestement entièrement à charge », a-t-il twitté.
Nul besoin d’entrer dans les détails d’une affaire qui, en 2017, en pleine campagne présidentielle, avait défrayé la chronique. Le candidat de Droite qui aspirait à succéder à François Hollande venait ainsi de recevoir un coup extrêmement dur qui mettra fin à ses chances de s’installer à l’Elysée.
Le verdict ne m’intéresse pas. Et je ne m’y attarderai pas. Mais, ce qui mérite d’être souligné est que la justice qui a condamné l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy à deux ans de prison ferme semble ne plus avoir aucune légitimité à la suite des nombreux scandales qui ont récemment secoué le Parquet National Français (PNF) qui s’est chargé de ce dossier.
En effet, la crédibilité de la justice française s’est littéralement effondrée ces derniers jours à la suite de trois scandales qui l’ont clouée au pilori. La première révélation concerne les propos d’Eliane Houlette, ex procureure national financier qui, lors d’une commission d’enquête parlementaire, a reconnu avoir reçu d’énormes pressions dans l’affaire Fillon.
Ses déclarations ont suscité un vif tollé dans la classe politique donnant ainsi le sentiment que la justice a voulu agir avec rapidité dans le dossier de Fillon afin de l’éliminer de la course à la présidentielle au profit d’Emmanuel Macron. Somme toute, Fillon a été le seul candidat qui pouvait lui barrer la route. Eliane Houlette tentera plus tard de rectifier le tir dans un communiqué publié par ses avocats. Mais, hélas, le coup était déjà parti.
La même semaine, il a été révélé un autre scandale de taille qui a, encore une fois, fragilisé la justice. Il s’agit de l’Affaire Alexis Kohler, du nom du secrétaire général de l’Elysée visé par une enquête judiciaire pour conflit d’intérêts. Ce qui est gravissime dans cette affaire révélée par Médiapart est qu’Emmanuel Macron lui-même a adressée une lettre à Kohler datée du 1 juillet 2019 dans laquelle il rassurait son actuel secrétaire général sur les poursuites que le visaient.
Dans l’Affaire Kohler, après la lettre de Macron, un second rapport a même été publié disculpant le secrétaire général de l’Elysée alors qu’un premier rapport accablant le mettait sérieusement en danger. Une ingérence de Macron qui, sans aucun doute, a changé la donne car quelques semaines plus tard, en août, l’affaire a été classée sans suite.
Dans la même semaine, la justice française reçoit une nouvelle claque après la révélation faite sur l’affaire dite « des écoutes » de Nicolas Sarkozy. Dans cette affaire révélée par Le Point, il a été révélé que le Parquet National Financier est allé jusqu’à éplucher les fadettes des avocats pour identifier la « taupe » qui aurait informé Nicolas Sarkozy et ses avocats qu’ils étaient, tous deux, placés sur écoute. Un véritable scandale!
Ces trois révélations d’une gravité extrême ont presque totalement fragilisé la crédibilité de la justice française, jusque-là l’une des plus respectées au monde. D’ailleurs, ce n’est une surprise si Eric Ciotti, élu de droite, a récemment menacé de déposer une proposition de loi pour supprimer le parquet national financier.
Dans le verdict qui a été prononcé ce 29 juin contre Fillon, ce dernier risque d’être le plus grand gagnant compte tenu de tous les scandales qui ont secoué la justice cette semaine. Il n’y aucun doute que si Fillon été reconnu coupable, c’est qu’en réalité, la justice a des preuves de ce dont il est accusé. Cependant, les récents scandales ont totalement joué en faveur de l’ex premier ministre qui, désormais, peut adopter une posture victimaire.
Dans une France en pleine crise politico-sociale, cette justice a besoin d’une profonde réforme. Et le plus tôt sera le mieux!