(Une analyse du journaliste Cheikh DIENG basé en France)
On le croyait mort politiquement. Il retombe sur ses pattes. Et je dirai même que face à ce que l’on peut qualifier d’ « échec » du Macronisme, il serait le seul homme politique à pouvoir incarner l’autorité. Le contexte explique tout. Macron n’arrive plus à convaincre, Laurent Wauquiez a complètement disparu des radars et à gauche, le PS vit probablement ses dernières heures.
Le rapprochement entre Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy intrigue la presse. Ce rapprochement est d’autant plus fort que les deux ont été photographiés ce 31 mars, assis côte à côte lors de la commémoration du 75ème anniversaire des combats du plateau des Glières, dans les Alpes. Une rencontre que Nathalie Loiseau, tête de liste du parti La République En Marche (LREM) a qualifié d’ « unité nationale ».
Il est important de noter que c’est toujours dans les moments les plus difficiles que Macron tente un rapprochement avec l’ex président de Droite. Je rappelle que le 7 décembre, à la veille de l’Acte 4 qui avait tenu en haleine la presse nationale et internationale, il avait secrètement rencontré Sarkozy. A ce moment précis, Macron préparait son discours destiné aux Français, un discours qui a été prononcé trois jours plus tard, le 10 décembre.
D’après RTL, Macron est allé plus loin dans cette volonté de se rapprocher d’un président qui, au-delà de son expérience politique très vaste, pourrait lui prodiguer quelques conseils sur l’Europe, mais aussi sur la gestion de la crise des Gilets Jaunes qui secoue son mandat. En effet, RTL révèle que Macron aurait envoyé sa fameuse tribune sur l’Europe à Nicolas Sarkozy pour que celui-ci la lise et lui fasse des suggestions peu avant sa publication dans les médias.
Pourtant, Macron aurait aussi mieux fait de tenter un rapprochement avec François Hollande dont il fut ministre de l’Economie. Le fait qu’il ait choisi de s’allier à un homme dont la mort politique avait déjà été annoncée suffit pour comprendre que l’ère Hollande est désormais totalement révolue et que la page Sarko pourrait bien s’ouvrir une nouvelle fois.
En tout cas, dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, ce retour est sur toutes les lèvres, tel que le révèle le média Capital.fr. Citant le livre du journaliste Ludovic Vigogne « Tout reste en famille », Capital nous informe que Sarko, malgré toute l’affection que lui voue Macron, ne cache plus son désaccord avec les méthodes de celui-ci.
« Je lui donne des conseils mais il n’en retient aucun. Cela commence à me gaver », aurait déclaré l’ancien président de la République sur la politique d’Emmanuel Macron. Une déception qui pourrait éventuellement motiver son retour comme l’ultime recours de la Droite pour 2022.
Face au climat politico-social extrêmement délétère, Macron n’est-il pas en train de jeter l’éponge en se rapprochant de Nicolas Sarkozy ? Macro nous envoie des signaux et à nous de savoir les déchiffrer. Le plus jeune président de la Vème République qui avait promis de transformer profondément la France est, il faut le dire, arrivé à ses limites. Il a beau essayer de séduire les Français-e-s, il y a de très forte chance qu’il n’y arrive pas.
Face à une telle situation où l’Exécutif se sent dépassé par les événements (Gilets Jaunes, Affaire Benalla…), le retour de Sarkozy peut désormais apparaître comme un scénario possible voulu d’ailleurs par le système. En effet, Sarko pourrait à nouveau s’affirmer comme l’unique sauveur de la France au moment où sa famille politique est profondément divisée et où la gauche ne fait plus rêver. Pour s’ériger comme ultime rempart face aux extrêmes (LFI et RN), je n’ai aucun doute sur sa capacité à convaincre les Français-e-s.
J’ose dire que le chaos politique dans lequel se trouve la France ne profite ni à Macron, ni au PS, ni aux Républicains. C’est un chaos politique qui profite à un chef d’Etat qui puisse véritablement incarner l’autorité. Si les deux extrêmes (LFI et RN) font peur en raison de leur projet anti-Européen, Sarko n’a pas ce handicap.
L’ex président français, humilié en 2012 par Hollande, a des atouts majeurs. Au-delà de son autorité indéniable pour faire face à des événements qui secouent la République, c’est un européiste convaincu que le destin de la France passe inexorablement par l’Europe. Face à l’absence de leadership au plus haut sommet de l’Etat, son retour paraît désormais inéluctable pour sauver le système.
Pour l’instant, il se mure dans un silence absolu et maintient le flou total quant à son avenir politique. Mais, pour combien de temps ? Qu’il le veuille ou non, son destin est déjà tracé. Tous les signes indiquent qu’il serait l’homme de la situation.