Fragilisé par les sanctions européennes contre la Russie, le président serbe, Aleksander Vucic, accuse l’Union Européenne de faire perdre 600 millions d’euros à son pays
L’embargo sur le gaz finira-t-il par déclencher un vent de révolte au sein de l’UE? Si, pour le moment, il est difficile de prédire cette hypothèse, force est de constater que cette décision, imposée par Bruxelles, est loin de faire l’unanimité et provoque déjà la colère de pays membres de l’UE qui s’y opposent fermement. C’est déjà le cas de la Hongrie et la Bulgarie qui ont ouvertement fait part de leur désaccord.
Mais, ces dernières heures, Lecourrier-du-soir.com a appris qu’un autre pays (pas encore membre de l’UE) est très remonté contre Bruxelles. Ce pays n’est autre que la Serbie dont le président Aleksandar Vucic accuse l’Union Européenne de faire perdre beaucoup d’argent à son pays en sanctionnant la Russie.
Ce mardi, il a exposé la situation économique de son pays très impacté par les sanctions de l’UE et ce n’est vraiment pas drôle, à en croire l’agence de presse Tass qui relaie l’information. « Des douzaines de problèmes font leur apparition tous les jours (…). Nous consommons 350 tonnes de fioul tous les jours et en hiver, nous consommerons 7 fois plus », explique-t-il.
Et d’ajouter : « nous devons trouver du fioul, il n’y a pas assez de fioul au niveau de Nafta, principal fournisseur de gaz du pays. A compter du 1er novembre (2022), nous ne pourrons plus importer du gaz russe en raison des sanctions actuelles ». Et ce n’est pas la première fois que le président serbe s’en prend à l’UE.
« Ils ont pris 600 millions d’euros de la poche des citoyens serbes »
En effet, d’après une information de Tass relayée par plusieurs sources, le président serbe avait accusé l’Europe, il y a une semaine, d’avoir fait perdre 600 millions d’euros à son pays. « En imposant des sanctions sur le gaz russe, ils ont pris 600 millions d’euros de la poche des citoyens serbes, et ce en une année. Les gens en Serbie doivent savoir cela », avait-il déclaré.
La sortie d’Aleksandar Vucic risque de coûter très cher à la Serbie, pays qui aspire à devenir membre de l’Union Européenne. Il faut dire que les sanctions contre la Russie n’aident pas trop à réaliser ce rêve. Car, depuis, le président serbe dont le pays est très dépendant du gaz russe s’est rapproché de Poutine avec qui il a récemment signé un contrat de gaz sur 3 ans qui couvrira 60% de ses biens en énergie.
« La Hongrie en colère »
Un accord très mal vu en Occident. D’ailleurs, quelques heures après l’annonce de cette nouvelle, la presse occidentale n’avait pas manqué de réagir. « L’accord signé entre la Russie et la Serbie sur le gaz donne de nouveaux maux de tête à l’Europe« , titrait la CNN. Et la chaîne France 24 d’enfoncer le clou : « au moment où l’Europe essaie d’isoler la Russie, la Serbie embrasse un ancien allié« .
Il convient de rappeler que la Serbie n’est pas le seul pays à s’offusquer des sanctions infligées à la Russie. La Hongrie aussi n’y est pas favorable. En tout cas, en mars dernier, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, avait été très clair : « nous devons prendre en compte le fait que la plupart de nos importations en pétrole et gaz proviennent de la Russie. 90% des foyers en Hongrie se réchauffent avec du gaz russe”, avait-il déclaré, ajoutant que sans le précieux gaz russe, l’économie hongroise s’arrêterait du jour au lendemain.