La Démocratie à géométrie variable! La visite du président égyptien, Abdel Fatah Al-Sissi, restera à jamais gravée dans les mémoires collectives car ayant dévoilé au grand jour les contradictions d’Emmanuel Macron. Pour le militaire égyptien qui dirige son pays manu militari, c’est une victoire politique extrêmement importante. Pour Emmanuel Macron, chantre de la Démocratie et de la Bonne Gouvernance, c’est une gifle en pleine figure.
Le Général Al-Sissi est donc arrivé à Paris le 7 décembre et a eu droit à un accueil royal. Il a été reçu par le président français, Emmanuel Macron, malgré le piteux bilan de son régime en matière de défense des droits de l’Homme en Egypte, pays où des activistes sont régulièrement pris pour cible par un régime autoritaire qui s’oppose à toute différence d’opinion.
Pourtant, avant l’arrivée d’Al-Sissi à Paris, plusieurs organisations internationales de défense des droits de l’Homme avaient tiré la sonnette d’alarme tentant de dissuader Macron de dérouler le tapis rouge à un maréchal qui règne en maître chez lui. Mais, en vain! Ces organisations ont brassé de l’air car Emmanuel Macron n’a même pas accordé la moindre attention à leur mise en garde.
Alors, comment expliquer l’attitude du président français qui, durant chaque visite en Afrique subsaharienne et dans certaines parties du Moyen-Orient, n’hésite pas à se positionner en défenseur invétéré de la Démocratie, de la liberté d’expression et de la bonne gouvernance? D’ailleurs, il a récemment refusé de reconnaître la victoire très contestée du président guinéen, Alpha Condé, avant de revenir sur sa décision.
Et bien, il faut comprendre que derrière la décision de Macron de recevoir Al-Sissi à tout prix, se cache une histoire de gros sous. En effet, Al-Sissi n’est pas venu se promener sur l’Avenue des Champs-Elysées, ni boire un verre à La Rotonde. Il est venu signer de juteux contrats d’armement dont le montant reste encore un mystère. Ce qui est certain, c’est qu’il s’agit de plusieurs milliards d’euros qu’il vient déverser à Paris.
Parlant de contrats d’armement, Lecourrier-du-soir.com a appris de source sûre que le dictateur Al-Sissi a reçu Pierre Eric Pommelle, PDG du groupe Naval, dans sa somptueuse résidence parisienne. Les deux hommes ont parlé business et le patron de Naval a joué le jeu jusqu’au bout en se félicitant que son entreprise noue un partenariat avec l’Egypte de Sissi. Quelle honte!
Il est intéressant de constater (et c’est triste) que les dirigeants occidentaux ne se gênent plus de bafouer les principes démocratiques lorsque les intérêts stratégiques de leurs pays sont en danger. Trump a récemment promis de retirer le Soudan de la liste des pays qui sponsorisent le terrorisme à condition qu’il accepte de reconnaître l’Etat d’Israël, l’opposant vénézuélien Juan Guaido est reconnu par l’UE et les Etats-Unis alors qu’il a été financé par des puissances étrangères pour faire tomber un régime certes pas démocratique, mais jusqu’ici très populaire, Macron a reçu à deux reprises au Palais de l’Elysée le général Haftar qui terrorise la population libyenne depuis bientôt deux ans et cette fois-ci, c’est au tour d’Al-Sissi de venir se pavaner au cœur de la capitale parisienne.
Comme quoi les leçons de démocratie et de bonne gouvernance tant chères aux chefs d’Etats occidentaux (dont Macron) ne sont destinées qu’aux pays pauvres dont les caisses de l’Etat sont totalement vides. Pendant ce temps, les pires dictateurs qui maltraitent leurs peuples et musèlent les voix dissidentes ont droit à tous les honneurs en Occident à condition qu’ils viennent y déverser un pognon de dingue. L’Arabie Saoudite en est un exemple. Le Qatar aussi. Et pourquoi pas Al-Sissi?
Ce qui est encore plus grave dans l’Affaire Al-Sissi est que ce dernier a reçu des mains d’Emmanuel Macron le grand-croix de la Légion d’Honneur. C’est le comble! Quel service a-t-il rendu à la France pour mériter une telle distinction? Ou est-ce désormais la loi du fric qui prime sur les valeurs démocratiques pourtant tant chères à Emmanuel Macron? Cette visite d’Al-Sissi confirme une fois de plus qu’en politique seuls comptent les intérêts. Emmanuel Macron a toujours fait semblant de l’ignorer. Cette fois-ci, il est tombé dans son propre piège. Macron est démasqué!