Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, n’est pas convaincu de la version officielle sur la mort de Mohamed Morsi, ex président égyptien mort ce 17 juin dans sa cellule de prison. Il a appelé à l’ouverture d’une enquête diligentée par l’ONU
Trois jours après la mort de Mohamed Morsi, ex président d’Egypte, la version officielle d’une mort naturelle ne convainc toujours pas. Et des voix s’élèvent pour que la lumière soit faite sur cette affaire. En tout cas, en Turquie, le président Erdogan ne cache pas sa colère. Il exige l’ouverture d’une enquête sur une mort mystérieuse.
En effet, le président turc accuse les autorités égyptiennes de non assistance à personne en danger. « Ils n’ont pas fait la moindre intervention au moment où le premier président démocratiquement élu du pays souffrait pendant plus de 20 minutes. Ils n’ont pas livré ses restes à sa famille ou le laisser se faire enterrer dans sa ville natale tel que l’avait voulu », dénonce Erdogan.
« Nous n’accepterons pas que la mort de Morsi soit oubliée »
Dans son discours tenu devant des journalistes, le président turc s’en est sévèrement pris au maréchal Al-Sisi, actuel président de l’Egypte qu’il accuse d’être un tyran. « Sisi est un tyran, pas un démocrate », lance-t-il, avant de demander à ce que l’ONU ouvre une enquête sur cette affaire.
« J’espère que l’ONU, qui a validé la position de la Turquie sur la mort de Jamal Khashoggi (journaliste saoudien tué en Turquie, ndlr), se chargera d’enquêter sur la mort douteuse de Morsi », dit Erdogan. « Nous n’accepterons pas que la mort de Morsi soit oubliée, de la même manière que nous n’accepterons pas que soit oubliée la mort de Khashoggi », ajoute-t-il.
« Toute mort subite dans une prison devrait suivie par une enquête »
Les déclarations d’Erdogan interviennent deux jours après la demande de l’ouverture d’une enquête sur la mort de Morsi par l’ONU. « Toute mort subite dans une prison devrait être suivie par une enquête prompte, impartiale et minutieuse menée par un corps indépendant pour clarifier la cause de la mort », a fait savoir Rupert Colville, porte-parole de l’Office du Haut Commissariat pour les Droits de l’Homme.
« Il y a eu des préoccupations concernant les conditions de détention de Mohamed Morsi, y compris l’accès à des soins médicaux adéquats (…). Il avait aussi l’air d’avoir été maintenu en confinement solitaire prolongé », dénonce Colville. Des déclarations qui n’ont pas manqué de froisser les autorités égyptiennes.
« Une version qui ne convainc pas »
« Ces déclarations sont une tentative délibérée de saper l’engagement de l’Egypte quant à ses obligations envers la communauté internationale et, de surcroît, de se jeter sur des conclusions qui ne sont pas basées sur des preuves évidentes », s’est indigné Ahmed Hafez, porte-parole du ministre égyptien des Affaires étrangères.
Pour rappel, Mohamed Morsi, élu président de l’Egypte en 2012, a été évincé par un coup d’Etat militaire en 2013 mené par l’actuel président, Al-Sisi. Ce dernier, depuis son arrivée au pouvoir, a déclaré une guerre sans merci au mouvement Frère Musulman auquel appartenait Morsi. Selon sa famille, il souffrait de diabète et de problèmes rénaux. D’après la télévision d’Etat, Morsi est mort d’une crise cardiaque. Toutefois, cette version ne convainc pas.