Le président sénégalais redevient un « Hyper-Président » à l’instar de multiples dirigeants du monde qui, ces derniers mois, au nom de la guerre contre un virus invisible, se sont substitués à leur peuple (totalement bâillonné) outrepassant ostensiblement leurs prérogatives.
En France, l’état d’urgence sanitaire devrait être prolongé la semaine prochaine au Parlement. S’il est approuvé par les députés, il sera reconduit jusqu’au 31 décembre 2021 et durant toute cette période, l’Etat français a les pleins pouvoirs pour restreindre, à tout moment, les libertés fondamentales.
Au Sénégal, Macky Sall, dont le pouvoir a déjà été très renforcé en avril dernier par la fameuse Loi d’habilitation que lui avaient conférée les représentants du peuple (33 députés sur 165) et en vertu de laquelle il pouvait légiférer par ordonnances dans le cadre de la lutte contre la pandémie, renoue avec les vieilles habitudes despotiques.
Au nom de la Loi d’habilitation, le président sénégalais n’avait plus besoin de passer par l’Assemblée Nationale pour légiférer sur des questions d’ordre économique, budgétaire, financière, juridique, sanitaire et sécuritaire. Pourtant, dans une véritable démocratie, cela pose problème. Sauf que le Sénégal n’est point le seul pays au monde à observer ce régime d’exception.
Huit mois plus tard, alors que les risques d’une troisième vague fait trembler les gouvernements du monde entier, Macky Sall a, une nouvelle fois, décrété l’état d’urgence qui rétablit le couvre-feu à Dakar et à Thies, deux grandes villes du pays. La mesure est loin de faire l’unanimité car une population à bout tient tête aux forces de l’ordre dans certains endroits du pays et il y a fort à parier que la révolte populaire gagne du terrain en raison de la situation économique catastrophique que traverse le pays depuis l’avènement de la pandémie.
Pendant ce temps, un détail de taille ne devrait pas passer inaperçu. En effet, un projet de loi modifiant la loi 69-29 de l’état d’urgence doit passer au Parlement ce vendredi. Elle sera votée lundi prochain, d’après la presse sénégalaise. Si la loi passe, le président sénégalais pourra librement se passer de l’Assemblée pour décréter l’état d’urgence et l’état de siège s’il le juge nécessaire. Autrement dit, c’est un autre coup de massue asséné au peuple et à ses représentants au nom de l’urgence sanitaire.
La situation est d’autant plus grave que certains juristes dénoncent ouvertement une violation de la Constitution sénégalaise. C’est du moins l’avis d’un constitutionnaliste interrogé par Press Afrik et qui s’est prononcé sous le coup de l’anonymat. Selon ce dernier, le fait que l’état d’urgence soit décrété sans que le décret portant proclamation de cet état d’urgence ne soit publié constitue déjà une violation flagrante de l’article 69 de la Constitution.
Encore un énième tour de passe-passe de la part de Macky Sall qui maintient le flou total sur son éventuel troisième mandat à la tête du pays!