Un an après l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, un gouvernement américain n’a jamais été aussi malmené par une série de scandales. Le président américain serait de plus en plus isolé et les employés de la Maison Blanche complètement déboussolés. C’est qu’explique l’édito de Ben Mathis-Lilley entièrement traduit de l’anglais au français par Lecourrier-du-soir.com
Bonne lecture
Les cassandres médiatiques continuent de prédire un événement qui ne se produit jamais
A la Maison Blanche, l’humeur est terrible et chaotique, nous dit-on, alors que Donald Trump assiste impuissamment à la démission d’un de ses plus fidèles assistants Hope Hicks, aux ennuis de son beau-fils Jared Kuchner, empêtré dans des problèmes financiers et au Russiagate qui l’oppose à son ministre de la Justice, Jeff Sessions.
Le portrait que la presse a fait de cette situation est sombre : « on n’a jamais vu des hautes autorités aussi préoccupées » par Trump, ont expliqué les journalistes Jonathan Swan et Mike Allen la semaine dernière. Le président est « paumé », selon NBC. Selon le Washington Post, les assistants du président à la Maison Blanche se préoccupent d’un patron « de plus en plus isolé » à tel point qu’ils sont plongés dans le malaise.
Selon CNN, il (Trump) devient incontrôlable, s’en prend (à son entourage) et est « hors de contrôle ». Ses alliés sont inquiets pour lui, mais vraiment. L’implication de ces histoires (comme l’explique un papier de CNN qui compare le comportement de Trump à celui de Richard Nixon avant sa démission) est que l’administration est au bord de l’effondrement. Sauf que nous ne savons pas à quoi ressemblera cet effondrement.
Le président quittera-t-il son poste ? Sa cote de popularité chutera-elle si bas qu’il deviendra impuissant ? Toute son administration ne démissionnera-t-elle pas ? A mon avis, il y a une bonne raison qui explique que cette couverture médiatique ne précise pas à quoi ressemblerait le comportement imprévisible de Donald Trump : parce qu’il agit toujours de façon imprévisible et finit par s’en sortir.
Voyons ce qui suit :
- En février 2017, le média Politico avait fait savoir que Trump était « de plus en plus frustré » par la présidence, qu’il était « furieux » par les fuites pas flatteuses et que la Maison Blanche « était devenue une poudrière, un lieu de travail où les tâches n’étaient pas claires, chez certains, le moral était bas, le factionnalisme est effréné et l’épuisement était à son plus haut point »
- En mars 2017, le même média Politico nous apprend qu’ « une culture du paranoïa consumait l’administration Trump » où le staff devenait « de plus en plus préoccupé par l’idée de passer pour des ennemis ». La paranoïa avait installé un niveau « insoutenable » de « toxicité ».
- En mai, le New York Times nous apprenait, à son tour, que le comportement de Trump « était devenu aigre et sombre » et qu’il était « fou de rage » contre son staff, créant un maelström qui a rendu son équipe « fatiguée, « confuse » et « assaillie ». D’après un sénateur républicain, ce fut une « descente en flèche ».
- En octobre, le média Washington Post citait les propos d’une autorité membre du parti républicain pour qui « le mur se refermait » sur l’équipe de Trump à la Maison Blanche. L’humeur de cette équipe, selon Washington Post, était caractérisée par « la lassitude et la peur de l’inconnu » à cause de l’enquête « gênante et dévastatrice » sur Robert Mueller, conseiler spécial de Trump et par leur patron « de plus en plus agité »
- En décembre, le New York Times écrivait que M. Président « avait du mal à s’adapter à la présidence », qu’il « passe plus de quatre heures par jour et parfois deux fois plus, devant la télé » et qu’il épuisait ses assistants de la Maison Blanche en raison de son « faible niveau de compréhension des faits, son attention de lièvre et sa propension aux théories du complot »
Le plus important dans tous ces papiers est le langage qui laisse entendre un mouvement vers le point culminant ou la dissolution (descente en flèche, se refermer, insoutenable). M. Trump devient de plus en plus frustré ou instable ; il ne se relaxe jamais, ni se calme. Et pourtant : le 2 avril 2017, à la suite d’une série de couvertures médiatiques chaotiques, la popularité de Trump était à 40,4%. Sa popularité est aujourd’hui à 40,4%.
Depuis le début de son mandat, il a promis de baisser les impôts, en lançant les raids de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement agents) qu’il avait promis lors de sa campagne, il a évité de provoquer un désastre économique et militaire et a retenu le vote de presque chaque Républicain au Congrès.
Certainement, la popularité de Trump a atteint un niveau historiquement bas, n’importe qui à la Maison Blanche peut être inculpé à tout moment et on ne sait jamais quel scandale présidentiel pourrait être celui choquerait même le conservateur américain moyen. Toutefois, ce sont des événements qui pourraient se produire, et pas des conséquences qui sont inévitables.
La semaine dernière, le New York Times révélait que le chaos au niveau de la Maison Blanche avait transformé des membres de l’équipe en victimes. Ces derniers seraient « démoralisés » pris au piège au beau milieu du « dysfonctionnement » et du « désarroi ». Ils sont « consumés », écrivait le New York Times, « par l’idée que l’ambiance à la Maison Blanche devenait incontrôlable ». Quand est-ce que ceci va s’arrêter ?
Un édito signé : Ben Mathis-Lilley.
L’édito a été publié par le média www.post-gazette.com
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