De retour en Bolivie ce 9 novembre, après 11 mois d’exil à la suite d’un coup d’Etat qui l’avait évincé du pouvoir le 10 novembre 2019, Evo Morales, l’ancien président bolivien, persiste et signe. Pour lui, les Américains ont bien orchestré ce coup d’Etat contre lui pour faire main basse sur le lithium, cette précieuse ressource naturelle dont dispose la Bolivie en grande quantité
De retour dans sa Bolivie natale, Evo Morales, l’ex président bolivien chassé du pouvoir par un coup d’Etat militaire à la date 10 novembre 2019, a été reçu en grande pompe par ses concitoyens ce 09 novembre. Accueilli par une foule immense, le président bolivien ne cache pas sa joie. « Je ne pouvais pas imaginer un tel accueil », lâche-t-il.
Cependant, en marge de ce retour triomphal, l’ex président indigène persiste et signe. Pour lui, le lithium, ce métal précieux que veulent s’arracher les puissances occidentales, a été à l’origine du coup d’Etat perpétré contre lui. Cette accusation, il l’avait proférée il y a une année. Un an plus tard, il la maintient
Ainsi, en marge d’une conférence de presse, il dira : « au bout de plusieurs rencontres, je me suis rendu compte que l’Occident, c’est-à-dire les pays industrialisés veulent seulement de nous, les Latinos, parce que nous leur garantissons une matière première ». Face à la presse, Morales fit une révélation de taille accusant le milliardaire américain, Elon Musk (propriétaire de Tesla), d’avoir financé le coup d’Etat contre lui.
« Nous mènerons un coup d’Etat contre qui nous allons »
« Le propriétaire de Tesla dit avoir financé le coup d’Etat, seulement pour mettre la main sur le lithium. Aux Etats-Unis, il y a une préoccupation majeure concernant le lithium et ce coup d’Etat a été perpétré pour le lithium. Ils ne veulent que nous accordions au lithium sa valeur ajoutée en tant qu’Etat. Ils veulent que nos ressources naturelles soient entre les mains des multinationales », révèle-t-il, ajoutant les puissances occidentales sont prêtes à déployer des militaires dans les pays où les peuples veulent une pleine souveraineté sur leurs ressources naturelles.
Elon Musk a-t-il réellement financé le coup d’Etat de novembre 2019 contre Evo Morales? Pour l’instant, difficile de le confirmer. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’un twitte du milliardaire dans lequel on pouvait lire « nous mènerons un coup d’Etat contre qui nous allons » avait laissé en juillet dernier un parfum de soupçon quant à son éventuelle implication dans ce putsch.
“Renewable” energy kingpin Elon Musk practically takes credit for the Bolivian lithium coup just months after planning a meeting with Bolsonaro ahead of a Tesla factory in lithium rich Brazil https://t.co/PcizH4pLfQ https://t.co/7kTrA7fPsV pic.twitter.com/zaVqte1KHW
— Max Blumenthal (@MaxBlumenthal) July 25, 2020
« La Bolivie détient entre 50% et 70% des réserves mondiales du lithium »
Il convient de rappeler que la Bolivie détient entre 50% et 70% des réserves mondiales du lithium, aussi appelé l’ « or blanc », une matière première d’une importance primordiale pour la fabrication de batteries de téléphone, de voitures électroniques… Mais, un projet de Morales de nationaliser ce métal précieux avait déchaîné chez les Occidentaux une haine viscérale contre l’ancien président bolivien.
Lors de son exil au Mexique, l’ancien président bolivien avait abordé la question du lithium. Et ses arguments n’avaient pas bougé d’un iota. Pour lui, les Américains n’ont pas pu digérer qu’ils les ait exclus du projet d’industrialisation de cette ressource naturelle tant convoitée par l’Oncle Sam.
« Les Etats-Unis ne nous ont pas pardonné cela »
Sur ce, il révèlera : « après un appel d’offres international, le marché a été attribué à la Chine et à l’Allemagne. Les Etats-Unis étaient éliminés de ce projet d’industrialisation. Le délit que nous avons commis est d’avoir décidé, en tant qu’Etat, d’industrialiser le lithium. Nous pensons et nous avons presque la certitude que les Etats-Unis ne nous ont pas pardonné cela ».
Expliquant le projet d’industrialisation du lithium, l’ex président bolivien évoque une nécessité de se libérer économiquement. « Il y a d’autres modèles économiques en dehors du Fonds Monétaire International (FMI) et il y avait un projet de libération économique avec l’industrialisation du lithium énergétique », dit-il.