Anne Hidalgo est tombée dans son propre piège. Ce mercredi, le média Capital a accusé l’actuelle maire de Paris d’emploi fictif. Le média a mis à la disposition du public tous les détails d’une affaire datant de plus de 10 ans. L’affaire a immédiatement été relayée par la presse française, mettant ainsi la maire de Paris dans une situation extrêmement compliquée.
Si les faits qui sont reprochés à Hidalgo sont exacts, alors celle-ci doit immédiatement abandonner son poste. Pour le moment, elle se contente de nier, dénonçant une « atteinte grave à son honneur et à sa probité ». « J’ai décidé de porter plainte pour diffamation », a-t-elle écrit sur son compte Twitter.
Jetons un coup d’œil sur le travail de Capital, ce qui nous permettra de comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire qui risque de secouer la capitale française ces prochaines heures. Capital a en effet révélé ce mercredi qu’Anne Hidalgo, actuelle maire de Paris, percevait son salaire du ministère du Travail en 2001 après avoir pourtant été élue adjointe à Bertrand Delanoë (ancien maire de Paris). Cela s’appelle effectivement de l’emploi fictif.
Capital va plus loin, révélant qu’Anne Hidalgo percevait un salaire mensuel de 3 040 euros par mois du ministère du Travail, auquel s’ajoutaient entre 1 000 euros et 2 000 euros de primes. Et pendant ce temps, note Capital, l’adjointe de Bertrand Delanoë touchait ses indemnités réglées par la mairie, soit 5 575 euros puis 6 424 euros mensuels à partir d’octobre 2002.
Alors quel travail exerçait Anne Hidalgo au ministère du Travail pour continuer à percevoir son salaire dans cette institution ? Capital nous apprend qu’Anne Hidalgo était officiellement mise à la disposition du cabinet de Marylise Lebranchu, la ministre de la Justice de Lionel Jospin. Elle y occupait un poste de conseillère technique puis de chargée de mission, « l’un des emplois les plus harassants », fait remarquer Capital.
Sauf qu’Anne Hidalgo ne s’était jamais présentée à son lieu de travail. « Elle ne participait jamais aux réunions de travail, elle n’avait même pas de bureau. Les seules fois où on la croisait, c’est lorsque le club de Martine Aubry, Réformer, organisait une réunion ou un dîner dans les locaux du ministère, avec Benoît Hamon et François Lamy », confie un membre du cabinet.
Avril 2002. Lionel Jospin perd la présidentielle et Marylise Lebranchu doit rendre les clés de son ministère. Anne Hidalgo doit réintégrer officiellement son poste à la direction régionale du travail d’Île-de-France. Elle n’y mettra jamais les pieds, tout en continuant de percevoir son salaire jusqu’en octobre 2002.
Anne Hidalgo cessera de percevoir son salaire début 2003 du ministère du Travail qui a été saisi par la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs). Anne Hidalgo sera déplacée en position de détachement à la Mairie de Paris. Le ministère lui demande alors de rendre les sommes indûment perçues, estimées à 21 659,05 hors primes, selon Capital.
Il faut dire que le piège s’est retourné sur Anne Hidalgo. Car, pour ceux qui n’ont pas suivi cette affaire, ce 11 juin 2017, un mois seulement après l’élection d’Emmanuel Macron à la tête de la France, l’actuelle maire de Paris avait été accusée de vouloir déstabiliser le gouvernement de Macron. A cette époque, François Bayrou, président du MoDem, était encore ministre de la Justice et le MoDem venait d’être visé par une enquête pour emplois fictifs.
Parlant de la situation qui secoue le MoDem, Jean Bennahmias, ex membre du MoDem, dira au JDD. « (…), je peux dire que j’ai l’impression qu’on m’utilise pour une opération de déstabilisation ». A l’époque, un ancien collaborateur du MoDem venait de dénoncer son ex parti qu’il avait effectué un travail à caractère fictif.
« Cet ancien collaborateur travaille aujourd’hui avec Anne Hidalgo à la mairie de Paris », révèle Jean-Luc Bennahmias. « Toute cette affaire tombe alors qu’il y a un certain nombre de tensions entre le MoDem et la mairie. Le macronisme triomphant a de grosses velléités sur la capitale. Je m’interroge. C’est tout. Je ne sais pas ce qu’il y a derrière tout cela, mais trois membres du gouvernement sont visés : François Bayrou, Sylvie Goulard et Marielle de Sarnez ».
Il n’a fallu que quatre mois après ces révélations de Bennahmias pour qu’Anne Hidalgo soit au cœur d’une affaire d’emploi fictif. Etrange, non ? Il convient de rappeler que les relations entre la mairie de Paris et le gouvernement Macron n’ont jamais été au beau fixe et là, nous n’assistons qu’au tout début d’un bras de fer tendu qui risque de faire tomber des têtes. Affaire à suivre.
Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG, fondateur et rédacteur en chef du site Lecourrier-du-soir.com
Email : cheikhdieng05@gmail.com
Pour lire l’interview de Jean-Luc Bennahmias en juin dernier, cliquez ici : Lecourrier-du-soir.com