D’après le journal Le Monde, Marine Le Pen a obtenu un prêt de 10,6 millions d’euros d’une banque hongroise pour financer sa campagne présidentielle 2022
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« En 2014, le Front national s’était tourné vers la Russie de Vladimir Poutine pour obtenir un prêt bancaire controversé. Huit ans plus tard, c’est en Hongrie que la candidate du Rassemblement national (ex-FN), Marine Le Pen, a pu obtenir un emprunt de 10,6 millions d’euros de la part d’une banque hongroise pour financer sa campagne présidentielle, selon une information de RTL confirmée au Monde, mercredi 2 février, par le parti d’extrême droite.
L’état-major de Mme Le Pen refuse d’en dire plus, au prétexte d’une « clause de confidentialité », qui lui interdit notamment de donner le nom de l’établissement. Les dirigeants du parti se sont refusés à dire à RTL si Viktor Orban, le premier ministre hongrois illibéral, avait joué les facilitateurs. Marine Le Pen est en contact rapproché avec lui : elle l’avait notamment retrouvé, samedi, à Madrid pour une rencontre de partis souverainistes européens, et il l’avait invitée à Budapest en octobre 2021.
« Durcissement des règles de financement »
Il y a quelques jours le parti d’extrême droite avait fait savoir qu’elle avait obtenu un prêt de 10,6 millions d’euros « de la part d’une banque européenne », avait fait savoir le président du RN, Jordan Bardella. « Ce prêt obtenu, vous le savez, dans un contexte très difficile de durcissement des règles de financement des campagnes et de frilosité des banques pour financer la vie démocratique de notre pays va nous permettre d’aborder sereinement la dernière ligne droite de la campagne », avaient écrit par e-mail M. Bardella et le trésorier du parti, Kevin Pfeffer, dans un message électronique à leurs troupes.
Le prêt contribuera notamment à financer la convention de Reims, samedi 5 février, ainsi qu’une opération « 5 000 marchés » avec des bus qui sillonneront tout le pays, et des réunions publiques, pour une campagne « au plus proche des Français, sans excès, mais avec l’esprit libéré des contraintes de la recherche de fonds », soulignent-ils.
Le Pen avait « alerté » Macron
En septembre 2021, Marine Le Pen avait « alerté » dans une lettre le président Emmanuel Macron sur les difficultés de financement de la campagne présidentielle. « Bon nombre de candidats potentiels à l’élection présidentielle, certains représentants des courants de pensée importants, se retrouvent confrontés à une quasi-impossibilité de trouver des financements » auprès des banques, avait alerté la candidate du Rassemblement national. Alors que, depuis 2017, les candidats ne peuvent plus emprunter d’argent à des banques non européennes, Marine Le Pen avait demandé M. Macron de « saisir très rapidement le Parlement afin d’ouvrir de nouvelles possibilités de financement pour les campagnes électorales et permettre ainsi un sain débat démocratique ».
Très endetté, Le RN a, depuis plusieurs années, du mal à se financer auprès des banques. Pour la campagne de 2017, il avait emprunté six millions d’euros au micro-parti Cotelec de Jean-Marie Le Pen, et huit millions d’euros à un homme d’affaires, Laurent Foucher. Le parti avait ensuite prêté ces sommes à la candidate Marine Le Pen. En 2014, pour les élections régionales et les départementales, le parti d’extrême droite avait eu recours à un prêt russe de neuf millions d’euros, qu’il est toujours en train de rembourser, suivant un « rééchelonnement » obtenu en 2020 auprès de ses créanciers, une firme russe dirigée par d’anciens militaires, Aviazapchast. »