Un journaliste israélien, Ronen Bergman, vient de sortir un livre dans lequel il a expliqué les manœuvres du gouvernement israélien d’assassiner Yasser Arafat
Israël a-t-il tenté de tuer Yasser Arafat ? C’est ce que révèle Ronen Bergman, journaliste israélien dans une interview accordée au New York Times et reprise par le média israélien Haaretz. D’après le journaliste, les faits datent de 1982. A cette époque, le ministre israélien de la défense n’était autre qu’Ariel Sharon, ex premier ministre israélien.
D’après le journaliste, Ariel Sharon avait donné l’ordre à l’armée israélienne d’abattre un avion qui transportait 30 blessés enfants palestiniens et des survivants du massacre de Sabra et Chatila. Sharon avait demandé que l’avion soit abattu si Yasser Arafat était à bord. L’opération a finalement été suspendue.
« L’opération militaire a été mise en marche par le Mossad »
Dans l’interview accordée au New York Times, Ronen Bergman explique tout. « L’opération militaire a été mise en marche par le Mossad (service de renseignement israélien). Profitant du système de sécurité assez défectueux de l’aéroport d’Athènes, les agents attendaient Yasser Arafat dans l’endroit où les avions privés sont stationnés », révèle Bergman.
Au New York Times, Bergman dévoile le nom de l’homme qui était derrière cette opération. Il a en effet cité le nom de Rafael Eitan, Général de l’armée israélienne et à l’époque chef de cabinet d’Ariel Sharon. Eitan a fait décoller d’urgence les jets israéliens pour traquer l’avion dans lequel se trouverait Arafat.
« Ne tirez pas sans mon approbation »
Rafael Eitan ordonne à ses hommes : « ne tirez pas sans mon approbation. Même s’il y a un problème de communication, si vous ne m’entendez pas, ne tirez pas ». L’ordre de Rafael Eitan de tirer sur l’avion d’Arafat ne viendra jamais et l’homme qu’ils avaient confondu à l’ancien leader palestinien était probablement son petit-frère.
Toujours d’après Bergman, entre novembre 1982 et janvier 1983, 4 F-16 et F-15 ont été mobilisés au cas où la présence de Yasser Arafat à bord d’un avion est détectée. Le journaliste israélien révèle que les agents israéliens ont reçu cinq fois l’ordre de détruire tout avion de ligne qui transporterait le leader palestinien.
« Tuez-les tous »
Le journaliste révèle également la colère de Rafael Eitan à la suite de l’attaque terroriste de 1979 à Nahariya. Donnant des ordres à l’armée israélienne, Eitan lance : « tuez-les tous », faisant ainsi allusion aux membres de l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP), une organisation à l’époque basée au Liban.
Pour « tuer » l’organisation, un homme entre en lice. Il s’agit de Meir Dagan qui deviendra plus tard le numéro 1 du Mossad. Meir sera chargé de créer le « Front pour la Libération du Liban des étrangers ». Mais, en 1981, Arien Sharon est nommé ministre de la défense et l’opération change de tactique. Il s’agit désormais de faire exploser une bombe au stade de Beyrouth (capitale du Liban) où les dirigeants palestiniens organisaient un événement.
« Mais, on ne peut pas tuer tout un stade ! »
Le plan fait peur à certains. « Mais, on ne peut pas tuer tout un stade ! », rappelle une autorité israélienne. « Le monde entier nous en voudra », ajoute l’autorité. Le premier ministre israélien Menahem Begin rejette l’idée de Sharon. D’après Bergman, si le bombardement du stade avait eu lieu, il n’y aurait aucun survivant.
Sharon annule son plan, mais ne compte pas s’en arrêter là. Après avoir ordonné l’invasion du Sud du Liban en 1982, il trame un nouveau plan pour expulser les Palestiniens et les mener vers la Jordanie. En prenant cette décision, l’objectif de Sharon était clairement de mettre fin à leur revendication d’un Etat en Cisjordanie. Pour Bergman, l’élément clé de ce plan était l’assassinat de Yasser Arafat.
« L’opération Salt Fish pour assassiner Arafat »
Pour que le plan aboutisse, une unité opérationnelle spéciale est mise en place par le gouvernement israélien, avec le nom de code : « Salt Fish ». Salt Fish tente de mener des bombardements à Beyrouth, mais Yasser Arafat réussit toujours à les esquiver, assure Bergman.
Lorsque le journaliste israélien Uri Avnery est parti rencontrer Arafat pour une interview au Liban. L’équipe Salt Fish le poursuit dans l’unique but d’avoir Arafat. Mais, ce fut un échec. Le commandant du plan « Salt Fish », Uzi Dayan, fera une révélation quelques jours plus tard disant : « Arafat a été sauvé par deux choses. Son énorme chance et moi ».
« Tout le monde s’est rendu compte qu’Arafat était une affaire politique »
Uzi Dayan ne voulait, selon Bergman, surtout pas qu’Arafat soit tué. « Tout ce que j’avais à faire était de signaler que la cible était mûre. A chaque fois qu’on sait que le bombardement peut mener à des pertes humaines importantes, nous signalons aux services de renseignement que la cible n’est pas mûre », dit Dayan.
Amos Gilboa, à l’époque patron des services de renseignements israéliens, dira : « j’ai dit au chef de cabinet que cela (l’assassinat d’Arafat) pourrait ruiner l’Etat d’Israël sur le plan international si les gens étaient au courant que nous avons fait tomber l’avion dans lequel le leader palestinien se trouvait. Petit à petit, tout le monde s’est rendu compte qu’Arafat était une affaire politique et qu’il ne devait pas être une cible à abattre ».
Pour lire l’article de Haaretz sur ce sujet, cliquez ici : Haaretz
[…] Par exemple, le refus du commandant de la force aérienne David Ivri d’obéir aux ordres d’abattre un avion transportant Yasser Arafat ou la décision d’Uzi Dayan de modifier les rapports de renseignements pour s’assurer que les […]