Fin du Shutdown aux Etats-Unis : Trump vient de connaître sa plus grosse défaite politique

(Une analyse du journaliste, Cheikh DIENG)

Tout ça pour ça ! Le président des Etats-Unis, Donald Trump, vient d’essuyer sa plus grande défaite politique depuis son élection à la tête des Etats-Unis. En effet, après avoir ordonné le shutdown du gouvernement et mis au chômage technique 800 000 employés fédéraux, il a fini opéré un virage à 180°, annonçant ce vendredi, contre toute attente, la fin du shutdown, la plus longue de l’histoire des Etats-Unis et qui avait suscité une forte division de la classe politique.

« Je suis très fier d’annoncer aujourd’hui que nous avons un accord pour mettre fin au shutdown et rouvrir le gouvernement fédéral. Comme vous le savez, je dispose des alternatives très puissantes mais je ne veux pas les utiliser pour le moment, pourvu que ce ne soit pas nécessaire », a-t-il déclaré assez gêné devant son public.

Et d’ajouter sous les applaudissements des membres de son gouvernement : « tout à l’heure, je signerai un décret pour ouvrir notre gouvernement pendant trois mois jusqu’au 15 février. Je m’assurerai que tous les employés sont payés très rapidement ou dès que possible. Cela va se passer très vite. »

La déclaration du 45ème président des Etats-Unis a été largement commentée dans les médias. Pour une fois, le locataire de la Maison Blanche essuie une défaite politique dont il se souviendra pour le reste de sa vie. Pour tout comprendre, il serait nécessaire de faire marche arrière.

Il faut savoir que le scénario d’un shutdown était prévisible dès novembre 2018. A cette date, Trump, obnubilé par l’idée de renforcer la sécurité au niveau des frontières avec le Mexique, exigeait 5 milliards de dollar au congrès américain pour mener à bien son projet, une des promesses phares de sa campagne présidentielle de 2016.

« Nous demandons 5,6 milliards de dollars. Nous parlons de  sécurité nationale, comme nous parlons de questions militaires, comme nous parlons de Syrie, d’Afghanistan…En Afghanistan, nous avons dépenssé plus en un mois que ce dont nous parlons depuis un mois », avait-il fait savoir le 02 janvier, plus d’une semaine après le shutdown.

Début octobre, face à la presse, le président s’était montré confiant que son projet aboutirait. Devant les journalistes, il avait même révélé que son gouvernement recevra 1,6 milliard pour cette année. Face à la presse, il n’a cessé de rappeler l’importance de financer la construction de son fameux mur.

Le 22 décembre, face à l’échec des négociations avec le congrès, mettant l’Amérique dans une situation économique terrible, il ordonne le shutdown. Lors de ce shutdown, 380 000 employés fédéraux ont été forcés à ne pas se rendre au travail et 420 000 se sont retrouvés dans l’obligation de travailler sans salaire.

 

Pendant tout ce temps, il s’en est suivi un véritable bras de fer entre gouvernement et congrès. Du camp démocrate, cette décision est une grosse erreur que Trump doit réparer. Ce 8 janvier, face à la gravité de la situation qui paralyse l’économie américaine, le sénateur, Charles Schumer et Nancy Pelosi ont appelé le président à revenir sur ses pas.

Un discours qui avait très peu d’effet sur un président qui, ce 4 janvier, avait annoncé face à la presse que le shutdown pourrait durer plusieurs années. Une affirmation à laquelle personne ne pouvait croire mais pourtant confirmée par Trump lui-même. « Oui, c’est ce que j’ai bien dit. Je ne pense pas que ça durera plusieurs années, mais je m’y prépare », lance-t-il à un journaliste.

Le côté sarcastique dans cette histoire est qu’il y a une semaine, presque personne ne s’attendait à ce que Trump change d’avis si brusquement et ce, sans même avoir trouvé un compromis avec le congrès. Le shutdown était-il un moyen pour le président américain de faire chantage sur le congrès pour arriver à ses fins ? En tout cas, chez certains, ce fut une vaste blague.

Ce samedi, les médias anti-Trump qui n’ont cessé depuis son élection à la tête du pays de faire tomber son gouvernement, n’ont pas été tendres envers le président américain. Les journalistes étaient partagés entre ironie et dégoût. « Le mur de Trump était une plaisanterie cruelle », a titré un édito du New York Times. « Ceci révèle la folie de l’approche politique du président », ironise le média américain.

Chez les Démocrates, on se réjouit d’avoir assené au président une claque historique. « Espérons que le président a appris les leçons (de sa politique). Fermer le gouvernement juste parce qu’il y a une divergence politique équivaut à s’infliger une défaite à soi-même », a prévenu Charles Schumer.

Alors, j’ai envie de dire : tout ça pour ça ! Fermer le gouvernement américain pendant 34 jours, priver de salaire à quelque 420 000 employés pendant plus d’un mois, faire perdre à l’économie américaine des milliards de dollars pour finalement revenir sur sa décision sans rien obtenir en échange. Le chantage de Trump n’a pas marché et le président américain n’oubliera pas si vite sa soirée du 23 janvier 2019. Rien à ajouter : ce fut un échec cuisant.