L’extrême-gauche française doit éviter de tomber dans le piège de la division. En effet, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à la tête de France qui a signé l’arrêt de mort du PS (Parti Socialiste), une fragilisation de la droite (LR) et un risque de disparition du Front National (FN), une seule force a été perçue comme pouvant tenir tête au gouvernement actuel, voire le succéder dans un futur proche : l’extrême gauche, principalement la France Insoumise.
Cependant, depuis bientôt quelques mois, cette même extrême gauche montre son vrai visage à la France : une force capable certes de diriger le pays en raison du nombre très important de ses adhérents (issu pour la plupart de la classe moyenne et du monde ouvrier) et de ses arguments qui ont convaincu plus d’un, mais une force très profondément divisée.
Nous avons tous assisté ce samedi à la confrontation verbale qui a opposé la France insoumise au Parti Communiste Français (PCF). S’adressant à son audience lors de son discours, Pierre Laurent, secrétaire générale du PCF, n’a pas hésité à s’en prendre à Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise. La charge contre le leader de la FI a été très sévère.
Réagissant à l’absence de Jean-Luc Mélenchon à la fête de l’Huma (une première absence depuis 2005), Pierre Laurent dira : « il est absent, mais le peuple est présent ». Et ce n’est pas tout. Face à son audience, Pierre Laurent lance quelques piques à son adversaire de gauche sans jamais le nommer : « personne ne peut prétendre détenir la vérité à lui tout-seul. On a tous intérêt à faire front commun, à continuer à construire une alternative à gauche ».
Immédiatement après le discours de Pierre Laurent, les réactions ont été légion. Du côté de la France insoumise, on ne décolère pas. « La charge de Pierre Laurent contre Jean-Luc Mélenchon est en contradiction avec l’esprit de la fête de l’Huma. Vraiment dommageable », a déploré Adrien Quatennens, député France Insoumise du Nord.
Alexis Corbière, porte-parole de la France Insoumise, a trouvé étrange que Pierre Laurent se soit attaqué à la France Insoumise, au lieu du PS. « A la Fête de l’Huma, Pierre Laurent n’a pas un mot critique contre le PS mais tacle régulièrement Jean-Luc Mélenchon sans mentionner le 23- lourdingue », a twitté Corbière ce samedi.
Rappelons que cette confrontation entre Parti Communiste Français et la France Insoumise ne date pas d’aujourd’hui. Ce 27 août 2017, en marge de l’université d’été du PCF qui se tenait à Angers dans le Maine-et-Loire, Pierre Laurent n’avait pas digéré l’absence de représentants de la France Insoumise à cet événement alors que d’autres formations de gauche avaient fait acte de présence.
Là aussi, les mots de Pierre Laurent envers la FI n’étaient pas doux. « Il y a un manque de respect, c’est sûr. Cela ne m’intéresse pas beaucoup d’entrer dans cette polémique. La France Insoumise estime peut-être pouvoir incarner à elle-seule l’ensemble des différentes opinions, c’est une erreur. Nous, on va continuer de tendre la main à toutes les forces de la gauche », s’indignait le secrétaire général du PCF.
C’est triste de constater que cette division au sein de la gauche risque de « tuer » toute chance de voir cette force politique arriver à la tête de la France dans un futur proche, au moment où de plus en plus de Français se rendent compte qu’elle est l’unique opposition au gouvernement actuel et l’ultime chance d’empêcher le Front National d’arriver au pouvoir.
N’oublions pas que cette même division avait coûté très cher à la gauche lors de la dernière présidentielle qui a vu la victoire d’Emmanuel Macron. En effet, il fallait juste une union des forces entre Mélenchon et Hamon pour voir la France Insoumise prendre le pouvoir et délivrer la France de l’emprise du monde capitaliste. Cette immense erreur aurait dû servir de leçon pour mobiliser toute la gauche française, mais hélas ce n’est point le cas.
En France, force est de constater que la gauche est profondément divisée entre un Parti Socialiste à genou qui refuse catégoriquement de se soumettre à la suprématie incontestable de la France Insoumise dans l’opposition et une France Insoumise qui, à force de vouloir mener son combat toute seule, risque de n’en tirer aucun profit.
Face à la menace de disparition du FN, à la division profonde de la droite modérée dont les ténors ont rejoint en masse le camp LREM, à l’inexistence du PS et à la perte de confiance de plus en plus de Français envers le gouvernement d’Emmanuel Macron (qui perd 14 points en 3 mois), l’extrême gauche a une occasion en or pour rassembler toute l’opposition française et obtenir les clefs de l’Elysée.
Mais, pour y arriver, il va falloir immédiatement enterrer la hache de guerre et mettre de côté tous les égos. Si cette crise fratricide ne cesse pas, l’extrême gauche française, à l’instar du Parti Socialiste ou des Républicains, risque elle-aussi de sortir par la petite porte, voire finir dans les poubelles de l’Histoire.
Edito signé : Cheikh Tidiane DIENG
Rédacteur en chef et fondateur du site www.lecourrier-du-soir.com
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