C’est non ! L’État n’aidera pas davantage le secteur des hôtels, cafés et restaurants (HCR)… Tout du moins pour l’instant. Dans une lettre adressée au ministre de l’Économie vendredi dernier, et que nous avons pu consulter, le secteur exhortait le gouvernement à faire un geste supplémentaire. Il réclamait principalement que le seuil de prise en charge des coûts fixes des entreprises par le budget de l’État soit abaissé à une perte de 30 % du chiffre d’affaires, au lieu des 50 % annoncés lundi 3 janvier. Il exigeait également que l’accès à l’activité partielle sans reste à charge soit accordé au secteur des HCR, quel que soit le niveau de perte de chiffre d’affaires.
« Si rien n’est fait, nous aurons une cascade de faillites, assure Didier Chenet, président du Groupement des indépendants de l’hôtellerie et de la restauration (GNI). Depuis début décembre et les premières annonces gouvernementales pour lutter contre Omicron, nos chiffres d’affaires s’effondrent. L’interdiction de la consommation debout, le télétravail obligatoire, la limitation des fêtes privées ou encore les jauges, tout ça pèse. »
Pour appuyer leurs exigences, le secteur a envoyé à Bruno le Maire deux études sur l’impact des nouvelles mesures de restriction. L’une sur le mois de décembre et l’autre sur les premiers jours de janvier. « C’est catastrophique, résume Roland Héguy, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). On s’est pris un mur. Notamment, les traiteurs. En quarante-huit heures, toutes leurs commandes ont été annulées. La grogne monte. »
La majorité de ces entreprises pourraient déjà percevoir ces aides
Selon les données récoltées, 79 % des restaurateurs disent avoir perdu au moins 30 % de leur chiffre d’affaires dès l’avant-dernière semaine de décembre. Pour les cafés et les bars, l’impact est plus important encore, puisque 85 % des établissements interrogés ont enregistré des annulations de réservations à hauteur de 30 % au moins. « L’onde de choc est identique dans le secteur de l’hôtellerie, qui a vu le stock de ses réservations fondre comme neige au soleil, quand, dans le même temps, les nouvelles réservations pour 2022 s’interrompaient de façon quasi-totale », écrivent les professionnels du secteur dans leur courrier.
Au cabinet du ministre, pas question de revoir le canevas des aides qui a été présenté il y a à peine une semaine. Et pour cause : « Quand on regarde cette étude dans le détail, on s’aperçoit que la majorité des entreprises perdent plus de 50 % de chiffre d’affaires. Elles sont dans les clous pour recevoir les aides qui ont été annoncées. » Surtout, Bercy se veut rassurant. « L’État a toujours été là. Nous attendons de voir comment se finira le mois de janvier et on s’adaptera. Comme nous l’avons toujours fait. »
Si le gouvernement ferme aujourd’hui la porte à ces revendications, celles sur les exonérations de charges sont toujours à l’étude. Une réunion est d’ailleurs prévue mardi. « On doit certes protéger les entreprises, mais nous sommes aussi garants que l’argent des Français soit bien utilisé, insiste Bercy. Nous nous basons sur du réel. Pas sur des peurs. »