François Bayrou, ministre de la Justice, a accordé une interview exclusive publiée par le JDD (Journal Du Dimanche ) ce dimanche 4 juin 2017. Le ministre a fait l’éloge des premiers pas d’Emmanuel Macron en qui il voit une personnalité hors norme
François Bayrou, actuel ministre français de la Justice, a défendu sa loi de moralisation ce dimanche. Dans une interview accordée au JDD, le chef de file du MoDem promet que cette nouvelle loi tranchera toutes les questions qui étaient restées pendantes depuis des décennies en la matière.
Sur la question de savoir en quoi sa loi sera différente des autres, il dira : « parce que toutes les questions que nous abordons étant restées pendantes depuis des décennies. Elles vont être tranchées. Les financements politiques seront réformés, les règles d’exercice du mandat parlementaire clarifiées et assainies, le privilège exorbitant que représentait la Cour de justice de la République, cette juridiction spéciale pour les ministres qui y était jugés non par des magistrats, mais par leurs collègues parlementaires, sera supprimée ».
« Le ministre de la justice promet la tenue d’autres débats institutionnels »
Dans l’interview, François Bayrou explique comment la poursuite des ministres se fera. Le garde des sceaux explique en effet que les ministres inculpés seront traduits devant la cour d’appel après qu’un filtre de magistrats indépendants aura examiné leurs plaintes. Selon François Bayrou, cela permettra d’éviter les procédures abusives. Le ministre de la justice promet la tenue d’autres débats institutionnels.
François Bayrou a clarifié sa position sur le cumul de mandat dans le temps limité à trois. « La multiplication indéfinie des mêmes mandats, par exemple dans une circonscription favorable, et la routine qui est en la conséquence, ne sont plus acceptables. Un maire d’une grande ville qui n’a pas accompli ses projets en dix-huit ans, que pourra-t-il faire de plus les années suivantes, sinon le mandat de trop ? », dit-il.
« Les Français ont découvert des pratiques déloyales »
Répondant aux questions du JDD, le chef de file du MoDem estime que la dimension morale a compté dans la victoire de Macron. « Bien sûr. Cette campagne a été marquée par les affaires. Les Français ont découvert des pratiques déloyales. Le rapport de confiance entre les politiques et l’opinion a été abîmé. L’engagement de le rétablir a été un puissant facteur de soutien ».
François Bayrou est revenu sur l’affaire Ferrand, un caillou dans la chaussure d’Emmanuel Macron. Sur la question de savoir si Richard Ferrand doit démissionner suite à l’enquête préliminaire qui le vise, il rétorque : « je rappelle le Code de procédure pénale : le ministre de la justice n’a pas le droit d’intervenir dans un dossier individuel. Et un commentaire voudrait dire que je préjuge des faits ».
« Affaire Ferrand, une difficulté qui alourdit quelque peu la campagne »
Parlant de l’impact de l’affaire Ferrand qui préoccupe le gouvernement d’Emmanuel Macron, François Bayrou reconnaît que c’est une « difficulté qui alourdit quelque peu la campagne ». Le ministre de la Justice estime tout de même que les Français sont décidés à donner une chance au Président Macron et à son équipe.
François Bayrou est également revenu sur les législatives qui s’ouvrent ce dimanche 11 juin. Le chef de file du MoDem refuse catégoriquement de se prononcer sur le nombre de députés qu’il aura. Sur la question de savoir s’il n’est pas en train de constituer un Etat dans l’Etat à l’intérieur de la majorité, il rétorque que c’est exactement le contraire.
« Je vois une personnalité hors norme »
Le ministre de la justice trouve naturelle et novatrice la méthode de management politique de Macron. « Il fait en sorte qu’il y ait des échanges, de vrais débats au Conseil des ministres, et qu’ils restent discrets », confie-t-il. François Bayrou dit avoir eu un échange d’une heure et demie avec Macron lors du premier Conseil des ministre sur le texte de la loi de moralisation. « Il n’y a jamais eu la moindre fuite. Je n’ai jamais vu cela », s’étonne-t-il.
Sur la question de l’exercice du pouvoir par Macron, François Bayrou dit « ressentir comme une admiration complice » pour le Président. « Pour la rapidité avec laquelle il a pris la dimension de la fonction. Pour son aisance, l’audace qu’il ne cesse de manifester. Et quand je remets tout cela en rapport avec son âge et son parcours, je vois une personnalité hors norme », conclut-il.
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