François Bayrou, chef de file du MoDem, est revenu ce mardi 13 juin 2016 sur ses relations avec Emmanuel Macron, son projet de loi sur la moralisation de la vie politique, sa relation avec la presse et le scandale d’emploi fictif qui le vise. Sur ce scandale, il pointe du doigt la piste du PS qui, à travers Anne Hidalgo, chercherait à déstabiliser le gouvernement Macron
François Bayrou balance tout. Sur la question de savoir si les partis échapperont à l’hécatombe ce dimanche lors du second tour des législatives, il rétorque : « non, je ne crois pas qu’ils échapperont au jugement des Français. Je pense que dans le tréfonds du peuple et des citoyens (…), il y a la volonté de donner au président de la république les moyens de son action ».
Le ministre de la justice s’explique. « D’abord parce qu’il y avait une très grande lassitude et un grand rejet des formations principales qui ont fait la politique depuis des années et deuxièmement parce qu’ils ont vu depuis quatre ou cinq semaines un président de la république. Ils se sont reconnus dans la manière dont Emmanuel Macron, jeune président, incarnait la fonction. (…) Tout d’un coup, on voit dans un homme un président ».
« Le MoDem sera un des deux groupes de la majorité et ceci est notre accord »
Le chef de file du MoDem place son parti à l’intérieur de la majorité présidentielle prévue par de nombreux sondages. « Le MoDem sera un des deux groupes de la majorité et ceci est notre accord », dit-il. Dans l’interview, le ministre de la justice refuse de fournir des chiffres sur le nombre de députés qu’il aura. Cependant, il espère avoir plus que 50. « Il ne faut pas avoir des ambitions limitées », ajoute-t-il.
Sur l’hypothèse qu’Emmanuel Macron se passe du MoDem s’il obtient plus de 400 députés, il dira : « le MoDem ne cherche pas à avoir les clés de quoi que ce soit. (…) Jamais, je n’ai voulu, ni souhaité, ni espéré une situation dans laquelle la majorité serait insuffisante, de peu d’ampleur, de sorte qu’on pourrait la faire chanter ».
« Je me sens en parfait accord avec le président de la république »
Le journaliste insiste : « avec une majorité de 400, on n’a pas besoin du MoDem ». Bayrou lui répond : « vous vous trompez complètement. Je sais qu’il y a des gens qui disent cela. C’est complètement faux. Ce que nous incarnons à la différence du nouveau parti qui est En Marche, c’est un courant politique qui vient de loin, qui a son histoire, qui a été un des piliers essentiels de la résistance, qui a fait l’Union Européenne (…) ».
Il poursuit : « je me sens en parfait accord avec le président de la république. Je me sens en confiance et beaucoup de Français comme moi ». Le chef de file du MoDem dit ne pas voir de différence entre lui et Emmanuel Macron. « Je vois ses intentions et ses intentions sont justes pour le pays », insiste-t-il.
« Emmanuel Macron a incarné le choix d’affronter l’avenir »
Sur la question de savoir si le macronisme n’est pas le renouvellement d’une élite par une élite, François Bayrou répond : « je ne crois à rien de tout cela. Je pense que ce qui s’est exprimé à l’élection présidentielle au travers de cette majorité nouvelle (…), le pays en avait marre du pessimisme, ceux qui ont des difficultés dans le travail, ceux qui ne se sentent pas bien, tous en avaient marre du pessimisme. Ce qu’Emmanuel Macron a incarné, c’est au fond le choix d’affronter l’avenir sans en avoir peur et il n’est pas vrai que les classes populaires soient à l’écart de ce mouvement ».
Dans son interview, l’actuel ministre de la justice s’est aussi exprimé sur le parti Les Républicains. Il estime que les Français en ont assez des guerres d’un camp à l’autre (allusion faite au LR et au PS). Sur la présentation de ces trois projets de loi sur la moralisation de la vie politique, il a promis un « débat parlementaire et civique ». « Je suis prêt, à l’assemblée, à accepter des amendements si ces amendements sont utiles au projet », souligne-t-il.
« Cet état d’urgence ne peut être que temporaire, c’est la règle »
Parlant de la loi antiterroriste, François Bayrou dira : « l’objet de la loi est de protéger les Français et les libertés des Français. (…) Etat d’urgence, qu’est-ce que c’est ? C’est une période d’exception dans laquelle un certain nombre de libertés peuvent être amoindries ou suspendues. Or, cet état d’urgence ne peut être que temporaire, c’est la règle. (…) Il y a une chose qu’on ne peut pas faire : amoindrir la défense de la société française contre les terroristes qui nous menacent comme ils menacent toutes les sociétés européennes et occidentales ».
Sur les relations jugées tendues entre le gouvernement et la presse, François Bayrou dira : « (…) Je veux dire une seule chose : je suis un défenseur de la liberté de la presse. Je l’ai été toute ma vie. J’ai toute ma vie participé au débat démocratique au travers de cela. Mais, il y a aussi une autre liberté dont les citoyens ressentent le besoin : une liberté de critique de la presse quand on a le sentiment qu’un certain nombre de pratiques ne sont pas justes ».
« Je n’ai pas le droit de m’exprimer et ne m’exprimerai pas sur cette affaire »
Sur le scandale d’emploi fictif qui vise le MoDem, François Bayrou estime qu’il s’agit d’une opération politique. « C’est exactement l’impression qui a la mienne, mais je n’ai pas le droit de m’exprimer et ne m’exprimerai pas sur cette affaire », dit-il. Le chef de file du MoDem précise que la personne à l’origine de cette affaire « travaille avec les collaborateurs directs de la maire de Paris (Anne Hidalgo, NDLR)».
Sur la question de savoir quel intérêt aurait Anne Hidalgo dans cette affaire, il dira : « vous avez suivi les élections législatives ? Regardez les gens qui se présentaient et ceux qui ont été éliminés. Vous aurez peut-être des réponses aux questions ». François Bayrou dit avoir entièrement confiance en ceux qui mènent une enquête dans cette affaire et dit être prêt à être entendu.
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