En Gambie, le climat politique est de plus en plus houleux. Ce mardi 13 décembre 2016, les forces de l’ordre ont pris d’assaut le siège de la Commission Electorale Indépendante et Yaya Jammeh appelle à la tenue de nouvelles élections
En Gambie, la situation politique va de mal en pis. Ce mardi, les forces de l’ordre ont pris d’assaut le siège de la Commission Electorale Indépendante. De source proche, à leur arrivée, les forces de l’ordre ont interdit aux employés de la commission d’entrer dans les locaux. Cette situation risque d’envenimer le climat politico-social du pays marqué par le refus de Yaya Jammeh de reconnaître sa défaite au profit de son rival, Adama Barrow.
Un employé de la commission s’est confié à Reuters et explique la situation en ces termes : « les militaires sont arrivés dans mon bureau et m’ont interdit de toucher à quoi que ce soit. Ils m’ont aussi demandé de quitter le bureau », a rapporté Aliou Mommar Ndiaye, chef de la Commission Electorale. « Je crains pour ma sécurité », s’inquiète-t-il.
« C’est inacceptable et nous retournerons aux urnes »
Aliou Mommar Ndiaye a confirmé à l’agence Reuters que les résultats des élections ne font l’objet d’aucun doute, malgré la pression du régime de Yaya Jammeh. « Si l’on nous amène devant le tribunal, nous pouvons prouver tous les votes. Les résultats sont là pour ceux qui veulent vérifier », affirme-t-il.
Entre-temps, la situation en Gambie est de plus en plus tendue. Ce mardi, nous avons appris des médias locaux que le dictateur Yaya Jammeh qui a récemment refusé de reconnaître sa défaite appelle désormais ouvertement à la tenue de nouvelles élections dans le pays. Il estime en effet que les élections tenues ce 1er décembre ont été entachées d’ « erreurs », des erreurs qu’il impute à la Commission Electorale Indépendante.
Ce vendredi, dans une allocution publiée en direct à la télé, Yaya Jammeh avait déclaré : « ce sont les élections les plus douteuses que nous ayons tenues dans ce pays. C’est inacceptable et nous retournerons aux urnes. Car je veux m’assurer que chaque gambien a voté sous une Commission Electorale Indépendante qui est indépendante, neutre et libre de toute influence étrangère ».
« Le CDG n’a aucune intention de contester le résultat de ces élections »
Dans son discours, le dictateur ne perd rien de son humour. Il estime en effet que les élections présidentielles ne sont pas des matches de football. « En football, que l’arbitre ait raison ou pas, les résultats finaux ne changent pas. Mais, ceci est une élection où les gens décident de leur destin et donc si l’arbitre a tort, les résultats ne peuvent pas être définitifs ».
La décision de Yaya Jammeh de tenir de nouvelles élections est catégoriquement rejetée par une partie de l’opposition. C’est notamment le cas du parti Congrès Démocrate Gambien (CDG), parti de l’opposition dirigé par Mamma Kandé et qui a fini troisième aux élections présidentielles du 1er décembre.
« Le peuple gambien a élu Adama Barrow dans une élection libre, juste et transparente que Yaya Jammeh a, lui-même, reconnue au début et le CDG n’a aucune intention de contester le résultat de ces élections », martèle Mamma Kandé. Ce dernier a appelé Yaya Jammeh à revenir sur sa décision pour la stabilité et la paix en Gambie. Les conseils de Kandé risquent de tomber dans l’oreille d’un sourd. Yaya Jammeh est déterminé à aller jusqu’au bout de ses convictions.