Dans une enquête parue dans la revue XXI et intitulée « Réarmez-les », le journaliste Patrick de Saint-Exupéry accuse la France d’avoir directement donné l’ordre d’armer les Hutus rwandais
Plus de vingt ans après le génocide rwandais, de nouvelles révélations accablent la France. Cette fois-ci, c’est le journal Patrick de Saint-Exupéry qui est l’auteur des révélations. Dans une enquête parue dans la revue XXI et intitulée « Réarmez-les », le journaliste affirme que la France a bien donné l’ordre d’armer les Hutus.
L’information avancée par le journaliste français est corroborée par l’officier Guillaume Ancel qui a été déployé au Rwanda dans le cadre de l’opération « Turquoise ». Interrogé par Le Monde, Guillaume Ancel avait témoigné avoir vu « la réalisation d’une de ces livraisons dans la deuxième quinzaine de juillet 1994 ».
« Nous avions réarmé les tueurs »
Il se confie : « (…) Je revenais d’une mission d’exfiltration qui s’était mal passée, le commandant adjoint de l’opération ‘Turquoise’ sur la base de Cyangugu m’a demandé de retenir l’attention des journalistes pour laisser passer un convoi d’armes vers le Zaïre. Il y avait une dizaine de camions chargés de containers ».
Guillaume Ancel ajoute : « le soir, lors du débriefing, on m’a expliqué que nous livrions des armes pour que les génocidaires ne se retournent pas contre nous. J’étais effaré que nous fassions cela alors que nous les avions en partie désarmés et que nous savions qu’ils avaient du sang jusqu’au cou ».
Dans son récit, Ancel ne recule devant rien. « Un embargo sur les armes avait été décrété le 17 mai. Mais, nous avions réarmé les tueurs. Nous avons transformé les camps de réfugiés en bases armées », révèle-t-il. Dans cette affaire, est cité une nouvelle fois le nom d’Hubert Védrine, à l’époque secrétaire général de l’Elysée.
« Il a brutalement mis fin à la conversation »
Guillaume Ancel dit avoir rencontré Hubert Védrine dans un salon du livre. Une discussion cordialement avait été menée entre les deux jusqu’à ce que l’officier pose à Hubert Védrine la question sur les livraisons d’armes. « Il a brutalement mis fin à la conversation », regrette Guillaume Ancel.
Rappelons que ce n’est pas la première fois que la France est pointée du doigt pour son rôle dans le génocide rwandais. En Novembre 2016, une enquête avait été ouverte pour traduire en justice 20 autorités françaises accusées d’avoir pris part au génocide de 1994. Les noms des autorités n’avaient pas été publiés mais il s’agit en effet de hautes autorités diplomatiques et militaires.