D’après le journal Le Monde, des députés français ont trafiqué leur page Wikipedia, en la gonflant ou en y effaçant des éléments qui ne jouent pas en leur faveur
Un scandale qui risque de faire gros bruit à quelques jours des élections législatives. En tout cas, à quelques jours d’un événement politique majeur et qui tient en haleine toute l’opposition, une révélation de taille vient d’être faite par la presse qui accuse certains représentants du peuple de trafiquer leur page Wikipedia, soit pour la gonfler, soit pour supprimer des détails qui ne jouent pas en leur faveur.
C’est du moins la révélation faite par Le Monde ce 07 juin. En effet, d’après ce média, plusieurs députés en France ont modifié la page les concernant, quitte à enfreindre les règles de l’encyclopédie communautaire en ligne. Dans sa révélation faite ce mardi, Le Monde donne des noms.
Ainsi, d’après les informations obtenues par le média français, la page Wikipedia de la députée Patricia Mirallès n’a pas été épargnée. Par exemple, dans le cas de la députée Patricia Mirallès, que Médiapart accuse d’avoir utilisé ses frais de mandats à des fins personnelles, le média français révèle : « (…) dans l’ombre, son équipe parlementaire s’occupe de modifier sa page Wikipédia, qui mentionne déjà ces révélations embarrassantes. « Pmiralles34 », un utilisateur enregistré pour l’occasion sur l’encyclopédie, s’évertue à effacer le passage incriminant pour le remplacer par un compte rendu de l’activité parlementaire de Mme Mirallès durant l’année 2021. »
Et cette députée n’est pas la seule à être citée par Le Monde. Car, d’après cette source, d’autres représentants du peuple ont modifié leur page Wikipedia. Parmi ces derniers, figure la députée LREM, Bérangère Couillard dont la page Wikipedia, d’après Le Monde, « a été agrémentée par son équipe de plusieurs phrases sur son parcours politique, truffées de détails sur sa participation à des délégations parlementaires ou sur l’organisation de réunions publiques ».
Et la liste n’est pas exhaustive. « En février, un assistant parlementaire a tenté de tirer un bilan extensif de la mandature de son député, le socialiste Alain David (Gironde), en campagne pour sa réélection. Quelques mois plus tôt, c’est la page du député de La France insoumise (LFI) Michel Larivé (Ariège) qui avait subi un important ripolinage : son collaborateur stagiaire s’était efforcé de détailler le contenu de ses questions écrites, amendements et propositions de loi », poursuit Le Monde.
Le média français évalue à plus de 130 le nombre de députés ayant gonflé leur page Wikipedia. « Au cours de leur mandature, au moins 131 députés ont gonflé leur page Wikipédia en y apportant des détails parfois dispensables, comme la description des ‘petits boulots étudiants’ d’Adrien Quatennens (LFI), la liste intégrale des groupes d’amitiés auxquels a participé Alexandra Valetta-Ardisson (LRM) ou la sensibilité ‘humaniste et progressiste’ d’Audrey Dufeu-Schubert (LRM) », renseigne la source.
Et Le Monde d’ajouter : « pendant que certains assistants s’occupent à faire briller la page de leur député – au point qu’elles s’apparentent plus à un curriculum vitæ qu’à un article encyclopédique –, d’autres ont pris le pli inverse, en s’employant à supprimer tout élément défavorable, taillant dans le texte à grands coups de ciseaux, effaçant tout ce qui pourrait ressembler à une controverse ou un bouche-à-oreille négatif. »
Et preuve à l’appui, le média français accable certains parlementaires ayant eu recours à cette mauvaise pratique. « En septembre 2017, une assistante parlementaire veut ainsi faire disparaître l’agression à coups de casque d’un cadre du Parti socialiste par son employeur, le député (ex-LRM) M’jid El Guerrab, arguant que l’information n’a pas sa place sur Wikipédia puisque ‘l’enquête est en cours’ – l’élu a, depuis, été condamné à trois ans de prison et deux ans d’inéligibilité et a fait appel. Entre octobre 2021 et mars 2022, l’équipe parlementaire de Pierre Cabaré (LRM) tente, avec au moins deux comptes, de supprimer plusieurs paragraphes sur les accusations de harcèlement et d’agression sexuels dont il est l’objet et ses condamnations judiciaires », révèle Le Monde.
Mais, qu’est-ce qui pousse les députés à recourir en masse à cette mauvaise pratique qui enfreint les règles de l’encyclopédie? A cette question, Le Monde semble avoir la réponse. « Les contributeurs de l’encyclopédie en sont bien conscients : très visibles et bien référencées dans les résultats des moteurs de recherche, les pages Wikipédia représentent un enjeu important de communication pour les députés », précise le média français.
Pour lire l’article dans sa version intégrale, cliquez ici : Le Monde