Robert Ford, ex ambassadeur des Etats-Unis en Syrie, a fait savoir dans une interview accordée à The National publiée ce lundi 28 août 2017 que Bachar Al-Assad, président de la Syrie, a « gagné la guerre »
Les Occidentaux ne croient plus à la chute de Bachar. En effet, plus de six ans après le début de la guerre civile en Syrie, les diplomates américains et européens ne croient plus à la victoire des groupes rebelles financés et armés par les Etats-Unis pour faire tomber le gouvernement de Bachar Al-Assad. C’est en tout cas le sentiment de Robert Ford, ex ambassadeur des USA en Syrie.
Dans une interview exclusive accordée à The National, média émirati basé à Abou Dhabi, Robert Ford a livré son opinion sur le déroulement de la guerre en Syrie qui a déjà fait plusieurs milliers de morts. Le diplomate ne mâche pas ses mots. Il estime en effet que le président syrien « a gagné » cette guerre.
« Assad a gagné et il restera au pouvoir »
« La guerre se ralentit petit à petit. Assad a gagné et il restera au pouvoir. Peut-être qu’il ne sera jamais tenu responsable (des atrocités) et l’Iran sera en Syrie pour y rester. Voilà la nouvelle réalité que nous devons accepter et nous n’y pouvons pas grande chose », reconnaît le diplomate américain.
A la question de savoir si les rebelles ont perdu la guerre et qu’ils n’ont plus de chance de reprendre les choses en main, Robert Ford pense que ce n’est plus possible de vaincre Assad et ses alliés russes et iraniens à moins que les Etats occidentaux n’acceptent d’armer les rebelles.
Dans l’interview, le diplomate américain dit s’attendre à une grande victoire militaire de l’armée de Bachar Al-Assad. Robert Ford souligne que le président syrien a besoin de l’aide de l’Iran. « La guerre les a rapprochés », dit-il parlant du gouvernement syrien et de l’Iran. Le volet diplomatique a également été abordé.
« S’il y a un mandat d’arrêt lancé contre lui, cela réduit ses mouvements »
Robert Ford estime qu’une réouverture des ambassades européennes à Damas n’est pas une nécessité. Toutefois, il a tenu à souligner qu’une coopération entre les nations européennes et la Syrie en matière de sécurité est possible. « Une coopération en matière de renseignement peut avoir lieu sans l’ouverture d’une ambassade », précise-t-il.
L’ex ambassadeur américain n’exclut pas l’hypothèse que Bachar Al-Assad finisse comme Omar El-Béchir, président du Soudan contre lequel un mandat d’arrêt a été lancé. « Probablement. Omar El-Béchir ne peut pas visiter l’Europe ou l’Amérique du Nord. Il peut aller à Moscou ou dans quelques pays du Golfe. Assad pourrait se rendre en Chine, en Iran et peut-être en Inde. S’il y a un mandat d’arrêt lancé contre lui, cela réduirait ses mouvements », explique le diplomate.
« Le changement de dynamique en Syrie a aggravé la situation pour Israël »
Le diplomate s’est également prononcé sur la crainte de l’Etat d’Israël concernant la présence de l’Iran en Syrie, un pays frontalier avec Israël. « La préoccupation d’Israël est de plus en plus importante concernant la présence de l’Iran en Syrie pour deux raisons. Premièrement, il y a des dizaines de milliers de combattants pro-Iraniens et ils retourneront chez eux à la fin de la guerre. S’il y a une nouvelle guerre entre le Hezbollah et Israël, beaucoup de ses combattants qui sont aguerris pourraient renforcer le Hezbollah dans n’importe quelle guerre contre Israël », s’inquiète Ford.
Et d’ajouter : « deuxièmement, la présence aérienne de plus en plus importante de la Russie en Syrie et les déploiements du Hezbollah tout près de la frontière sont une source de préoccupation majeure pour Israël. (…) Les Israéliens survolaient le ciel syrien sans aucun problème mais maintenant tout leur calcul a changé. Le changement de dynamique en Syrie a aggravé la situation pour Israël ».
Pour lire l’interview originale en anglais, cliquez ici : The National