Macky Sall, président du Sénégal, est en train de s’ingérer dans la guerre économique entre les Etats-Unis et la Chine en Afrique et son positionnement pourrait porter un coup de massue au Sénégal. En effet, lors de sa participation à un événement virtuel organisé vendredi dernier par l’agence américaine The Atlantic Council and The US International Development Finance Corporation (DFC), le président sénégalais a tenu des propos qui risquent dans un futur proche d’avoir des conséquences extrêmement graves sur l’économie de son pays.
Parlant des prêts accordés à des Etats africains par la Chine, le président sénégalais a déclaré devant les responsables américains : « lorsque nous contractons des prêts à long terme dont l’échéance est fixé à 25 ou 30 ans, avec des taux d’intérêts qui dépassent à peine les 2%, oui, nous les prenons ». Et d’ajouter : « la Chine nous accorde des prêts à long terme et je pense que les autres partenaires gagneraient beaucoup à écouter profondément l’Afrique et les Africains ».
Lorsque de tels propos sont tenus dans un événement organisé par une agence américaine qui souhaite intervenir en Afrique, le message est alors clair. Macky Sall, dans son discours, insinue ceci : « faites comme la Chine et nous serons avec vous ». Mais, en tentant de séduire Washington, il commet une erreur qui met la Chine, partenaire du Sénégal, clairement en danger au moment où les richesses naturelles du continent attisent les rivalités entre puissances étrangères. Le président sénégalais essaiera d’éteindre le feu en tentant de rassurer ses partenaires américains qu’ils ne doivent pas percevoir la Chine comme une menace.
En guerre contre la Chine sur le continent, l’agence américaine, qui est prête à débloquer 8 milliards de dollars pour investir en Afrique, n’a pas hésité une seule seconde à passer à l’offensive, annonçant que les Etats-Unis procéderont dès à présent à ce genre de prêts pour les Etats africains qui en ont besoin.
Le discours de Adam O’Brien, PDG de US Development Finance Corporation, est sans ambages et sonne comme une véritable déclaration de guerre adressée à l’Empire du Milieu. « Tandis que Pékin promeut un voyage vers la dépendance à la Chine, les Etats-Unis promeuvent un voyage vers la souveraineté. Tandis que les Etats-Unis promeuvent des financements transparents, le Parti Communiste Chinois promeut des prêts opaques et insoutenables et le résultat est l’érosion de la souveraineté ».
Pour les Etats-Unis, très fortement touchés par la pandémie à Coronavirus, la guerre contre Pékin a déjà commencé et le président sénégalais leur a fourni les armes pour affronter un ennemi pressenti pour devenir la future puissance économique du monde en raison de ses nombreux atouts, dont la démographie et une technologie très avancée.
Macky Sall ne peut pas se permettre de mettre en péril l’économie sénégalaise au moment où les Etats-Unis et la Chine se livrent une véritable guerre économique pour contrôler les ressources naturelles du continent. Car, l’objectif principal des Américains est de neutraliser complètement la Chine en la diabolisant.
Je ne suis pas un inconditionnel de la Chine, un régime autoritaire et anti-démocratique qui est aux antipodes des valeurs occidentales. Cependant, force est de reconnaître que ces vingt dernières années, elle a laissé ses empreintes sur le continent, à travers la construction de grands chantiers, tels que ponts, barrages, routes…Et contrairement aux Etats-Unis qui comptent militarise le continent, la Chine ne maintient pour le moment qu’une seule base militaire à Djibouti, dans la Corne de l’Afrique.
Macky Sall doit comprendre que dans cette guerre économique qui oppose ces deux puissances, l’Afrique, encore moins le Sénégal, ne devrait être une victime collatérale. Au contraire, l’Afrique doit en être la seule et unique gagnante car au bout du compte, il est que d’accaparer les immenses ressources naturelles dont regorge le continent.
Les dirigeants du continent ont tout intérêt à séduire les puissances étrangères car il y a va de l’intérêt des Africains. Cependant, s’offrir à une puissance étrangère au détriment d’une autre serait une erreur fatale pour l’Afrique. Le partenaire économique du Sénégal ne doit pas être les Etats-Unis ou la France seulement, mais toutes les nations du monde qui aspirent à établir un partenariat gagnant-gagnant avec le pays.
La Chine n’a pas encore réagi mais il est clair que les propos tenus par Macky Sall suscitera moultes inquiétudes de la part d’un partenaire stratégique (qui a injecté 148 milliards de dollars sur le continent entre 2000 et 2018) au moment où la jeunesse du continent a soif de souveraineté.
L’Afrique ne saurait être la chasse gardée de l’Occident et il est vraiment temps que les Etats-Unis le comprennent ainsi.