« Vous me persécutez depuis des mois », disait Jean-Luc Mélenchon lors de la fin de son procès. Et il n’avait pas tort. Depuis plus d’une semaine, Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, est la cible préférée des médias. Il est vilipendé, cloué au pilori et son nom traîné dans la boue.
Depuis la perquisition qui a eu lieu dans le siège de son parti le 16 octobre 2018 et dans son appartement et durant lequel il avait prononcé la fameuse phrase : « la République, c’est moi », Mélenchon est devenu la bête à abattre. Depuis, le leader de la LFI sous la terreur médiatico-judiciaire.
Que n’a-t-on pas entendu cette semaine sur Jean-Luc Mélenchon dans la presse ? « Jean-Luc Mélenchon se met l’opinion à dos », titrait Valeurs Actuelles, « Non, le procès de Jean-Luc Mélenchon n’est pas politique », analyse L’Obs ou « Le théâtre politique de Mélenchon » pour Libération.
Cette situation intervient dans un contexte extrêmement difficile pour la France Insoumise car n’oublions pas qu’aux Européennes, le parti avait connu une chute impressionnante, n’ayant obtenu que 6,31% de voix presque à égalité avec un Parti Socialiste en fin de vie qui avait obtenu 6,19%.
Mélenchon n’a pas été persécuté médiatiquement. Sur le plan judiciaire, il a encaissé un coup dur. Le leader du parti est condamné à 8 000 euros d’amende et est poursuivi pour « actes d’intimidation, rébellion et provocation ». Il n’est pas le seul. Cinq insoumis sont aussi poursuivis par la justice. Cette persécution médiatico-judiciaire aurait poussé Mélenchon à interdire « Quotidien » de ses meetings. Une décision maladroite qui ne fera que donner aux médias du grain à moudre.
Au-delà de la guerre médiatico-judiciaire en cours contre Mélenchon, ce qu’il faut retenir, c’est surtout la stratégie du système de se débarrasser d’un opposant éloquent, doté d’une parfaite maîtrise de la langue de Molière et de l’Histoire de France dans un contexte où Macron ne tient presque plus et où Marine Le Pen retombe sur ses pattes.
Le système a déjà commencé son calcul pour 2022. Face au chaos politique, il est peu probable que Macron puisse briguer un second mandat. Les Français l’ont pratiquement rejeté. Donc, que faire ? Une chose est sûre : il est certain que tout candidat qui affronte Le Pen au second tour remportera la présidentielle et il est aussi certain que, quelle que soit la situation, Le Pen sera forcément au second tour.
Le système ne rejette pas la France Insoumise, mais ne veut pas non plus que Mélenchon se retrouve au second tour face à Le Pen. Donc, la stratégie consiste à « tuer » politiquement le chef de file de la France Insoumise et le remplacer par un candidat docile, plus maniable et moins gênant pour le système. Je rappelle que cela fait presque un an que les médias encouragent, en vain, une dissidence au sein de la LFI pour faire tomber Mélenchon.
Si le système ne trouve un remplaçant pour Mélenchon, il créera une alliance LFI-PS et probablement Les Verts. Je signale qu’Oliver Faure, chef de file du Parti Socialiste, ne refuse pas une alliance avec Mélenchon mais pose deux conditions : « l’Europe et l’abandon du populisme ».
Face à la mort lente du PS, à la crise interne qui affaiblit davantage Les Républicains et le chaos politique auquel Macron fait face depuis la crise des Gilets Jaunes, seule la France Insoumise est capable de mobiliser et d’empêcher que le Rassemblement National accède au pouvoir. Sauf que l’homme qui dirige en ce moment la LFI n’a jamais été et ne sera jamais l’homme du système.