Le bateau est en train de chavirer, mais comme par hasard, les instituts de sondage nous disent que tout va très bien chez MacronLand. En effet, au moment où la France traverse une crise politico-sociale sans précédent marquée une indignation nationale due à la mauvaise gestion de la crise sanitaire, à la restriction des libertés individuelles et à la volonté de l’Etat de mettre en place sa fameuse loi « Loi Sécurité Globale » qui prévoit d’octroyer à la police des pleins-pouvoirs, les instituts de sondage nous disent que la cote de confiance du plus jeune président de la Vème République est en hausse.
C’est en tout cas ce qui ressort d’un sondage mené par l’Institut Harris Interactive qui nous a appris ce 27 novembre que la cote de confiance de Macron a connu une hausse de 3 points en novembre pour atteindre les 49%. « Le chef de l’État retrouve un niveau élevé à l’aune du reste de son quinquennat et, de manière générale, tout l’exécutif connaît une embellie malgré le reconfinement connu en novembre », d’après le média Ouest France qui cite l’enquête.
C’est assez inquiétant de constater la violence inouïe dont les instituts de sondage font usage ces dernières semaines pour redorer le blason d’Emmanuel Macron d’autant plus que les Français, en tout cas dans leur immense majorité, restent convaincus que ces sondages ne reflètent pas la réalité.
Notons que ce n’est pas le seul sondage rendu public pour voler au secours de Macron. Le 2 novembre dernier, pour légitimer le reconfinement rejeté par la moitié des Français, un sondage d’IFOP et NCOM, sorti de nulle part, nous apprenait que 71% des Français y étaient favorables jusqu’à la fin de l’année. On savait tous que c’est du pipeau.
Et le 3 novembre, un sondage commandé par BFMTV apprend aux Français que la cote de popularité d’Emmanuel Macron est en hausse de 8 points. C’était aussi du pipeau car on savait tous que ce sondage réalisé par la première chaîne de France était une énorme Fake News dont la finalité était de sauver le soldat Macron qui peine à convaincre en pleine guerre contre le Covid-19.
En pleine crise politico-sociale, alors que les Français, dans leur immense majorité, exigent des pratiques démocratiques pour faire bouger les lignes, il est urgent de demander des comptes aux instituts de sondage. Pour qui roulent-ils? Qui les détiennent? Quels sont les liens qui existent entre eux et le pouvoir? Et combien sont-ils payés pour manipuler l’opinion publique?
Jusqu’ici, nous disposons de très peu d’informations concernant ces questions légitimes qui en un moment donné doivent trouver une réponse. Tout ce que nous savons est que l’Etat français a déjà dépensé en octobre dernier un montant de 26,15 millions d’euros dans des sondages dont le but final consiste à orienter sa politique publique.
Nous savons aussi que l’institut IFOP est aujourd’hui détenu par la richissime famille Dentressangle qui l’a racheté en 2016. Pour le moment, nous ne disposons pas de preuves d’une quelconque relation entre cette famille et Emmanuel Macron. Cependant, nous savons que depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, IFOP a déjà réalisé des études pour le compte de l’Elysée, comme le révèle une enquête de l’Observatoire des Sondages paru en 2009.
Quant à Harris Interactive, ses pratiques malsaines ont été dénoncées en 2011 par Médiapart. En effet, d’après le site d’investigation, Harris « paye » les sondés. D’après la même source, une somme de 7 000 euros avait été offerte par l’institut à un participant à travers un jeu-concours. En réponse à Médiapart, Harris avait démenti la révélation parlant d’une simple incitation financière.
Il y a sans aucun doute une connivence indéniable entre le pouvoir et des manipulateurs d’opinions (grassement payés avec l’argent du contribuable) qui a atteint un niveau d’indécence indigne d’une démocratie. Et c’est un vrai problème qu’il faudra aborder un jour.