Ibrahim Boubakar Keïta, communément appelé IBK, a quitté le Mali ce 5 septembre pour les Emirats Arabes Unis où il devra suivre des traitements. L’information relayée par la presse malienne et internationale, ces dernières heures, a été confirmée par l’Agence de Presse des Emirats dans un communiqué publié ce 6 septembre.
Dans le communiqué intégralement lu par Lecourrier-du-soir.com, on pouvait lire : « les Emirats Arabes Unis garantiront un traitement médical à l’ancien président malien, Ibrahim Boubakar Keïta ». L’agence de presse des Emirats dit avoir obtenu l’information de Mohamed Al Shamsi, chef du bureau Afrique au niveau du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale.
L’information est donc confirmée et il ne fait plus de doute que l’ex président malien qui a été évincé du pouvoir le 18 août par un groupuscule de mutins va déposer ses valises aux Emirats Arabes Unis. La question à se poser est celle de savoir s’il y restera pour le reste de sa vie ou si la voie menant aux Emirats n’a été qu’un prétexte pour un exil programmé vers Paris.
Quoi qu’il en soit, des doutes planent sur son état de santé et il est fort probable que ce fût un argument brandi par son entourage (en complicité avec la junte militaire) pour lui trouver une porte de sortie après l’humiliation historique qu’il a reçue en tant que chef d’Etat.
Ainsi, dois-je signaler que le départ d’IBK du Mali n’était plus une surprise car deux jours après le putsch, des pourparlers avaient été entrepris entre l’armée et les autorités de la CEDEAO pour l’exiler à Dakar, pays où ATT (Amadou Touré Touré) avait trouvé refuge lorsqu’il a été renversé du pouvoir en 2012.
Jusqu’à preuve du contraire, l’argument qu’IBK s’est fait passer pour un malade avec l’objectif final de quitter le Mali reste valide. Et le choix des Emirats Arabes Unis pour se soigner ne fut qu’un stratagème ourdi par ses proches pour amadouer le peuple. Je dois rappeler que les Emirats sont devenus, ces dernières années, le refuge privilégié des dictateurs.
Ben Ali y avait déposé ses valises en 2011 après avoir été chassé du pouvoir. L’ancien roi d’Espagne, Juan Carlos, impliqué dans de graves scandales de corruption, y vit depuis son exil en août dernier et même Karim Wade, fils de l’ex président sénégalais, Abdoulaye Wade, y avait séjourné lorsqu’un exil forcé lui a été imposé par le régime de Macky Sall.
Les Emirats ont un projet à la fois politique mais aussi économique. Sur le plan économique, ils déversent des milliards en Europe dans l’achat de clubs de football tels que le PSG en France ou encore le Manchester City. D’ailleurs, la Coupe du Monde de football attribuée au Qatar fait planer des doutes sur la transparence d’une opération qui semble avoir été entachée d’irrégularités, pour ne pas dire de corruption.
Depuis plusieurs années, ils promeuvent le tourisme sur leur sol afin d’attirer davantage de visiteurs. L’idée étant de transformer radicalement le Golfe qui devra se départir de son image de pays musulman très conservateur pour embrasser celle d’un pays musulman modéré.
Sur le plan politique, les Emirats Arabes Unis viennent de marquer un grand coup en annonçant le 13 août dernier la normalisation leur relation diplomatique avec l’Etat d’Israël, ce qui politiquement participera largement à embellir l’image de ce pays dans un futur proche.
Désormais, pour boucler la boucle, ils s’érigent en terre de refuge prête à accueillir, sur leur sol, tout homme politique (arabe, africain et même occidental) dont la vie serait menacée chez lui. L’arrivée de l’ex roi espagnol Juan Carlos fut une prouesse marketing impressionnante. Celle d’IBK le sera probablement tout autant.
IBK n’est pas allé aux Emirats Arabes Unis pour y suivre des traitements. Il est allé rejoindre les siens au paradis des dictateurs.