Le scénario tant redouté s’est hélas produit. L’Afghanistan est désormais tombé entre les mains des Taliban qui ont pris le contrôle de Kaboul après la fuite du président, Ashraf Ghani. La déroute est historique et rappelle déjà les heures les plus sombres de la guerre du Vietnam.
C’est désormais officiel. Les taliban vont diriger le pays en mains de fer. Mais, pour combien de temps? Telle est la question à laquelle il faudra, un moment ou l’autre, trouver une réponse. En tout cas, depuis une semaine, la conquête des plus importantes villes du pays suscite un émoi spectaculaire dans les médias, notamment en Occident où l’événement déchaîne toutes les passions.
Pendant ce temps, la diplomatie est entrée en lice pour sauver les meubles. L’Union Européenne menace, depuis Bruxelles, d’isoler les Talibans. Les Etats-Unis évacuent leur personnel diplomatique au bout de 20 ans de présence militaire dans ce pays, l’Espagne et l’Italie retirent leurs diplomates et la France est en train, elle aussi, d’évacuer ses ressortissants bloqués dans le pays. La Russie et la Chine ont, quant à elle, préféré se murer dans le silence total.
Depuis trois jours, la couverture de l’événement par les médias en Occident rappelle celle de 2003 lors de l’invasion militaire irakienne par les troupes américaines ou celles de 2011 et 2012 lorsque deux pays du monde arabe (Libye et Syrie) venaient, à leur tour, d’être secoués par de violentes protestations populaires.
Dans chacun des événements susmentionnés, la frénésie médiatique occidentale avait fini par provoquer un choc émotionnel d’une rare violence dans la conscience populaire, laissant ainsi très peu de place à l’objectivité (la raison) dont on avait tant besoin pour analyser, avec recul, les faits.
Mais, des questions se posent : cette frénésie médiatique est-elle anodine? A-t-elle été sciemment provoquée par les médias pour nous empêcher d’avoir une meilleure lecture de la situation? En tout cas, tout laisse à croire qu’il s’agit d’une stratégie utilisée à dessein par les médias avec l’objectif final de contrôler nos esprits. « Celui qui contrôle les médias contrôlent les esprits », disait le poète américain, Jim Morrison. Et il n’avait pas tort.
Venons-en aux choses sérieuses. Pour comprendre ce qui joue se réellement en Afghanistan, il suffit de se focaliser sur les faits plutôt que sur des images insolites que relaient en boucle les médias internationaux qui, depuis 24 heures, se délectent à nous montrer des pauvres Afghans s’accrochant aux ailes d’un avion pour fuir un pays dévasté ou des Taliban, lourdement armés, faisant le signe de la victoire dans les rues de Kaboul. C’est de la diversion. Méfiez-vous en!
La réalité qu’on nous cache est celle-ci : le scénario afghan n’est rien d’autre que la reproduction de celui que nous avons connu : la Libye. En effet, pour s’emparer des richissimes réserves pétrolières de ce pays, l’Occident s’est débarrassé de Mouammar Kadhaffi qui était devenu une pierre d’achoppement à leur projet de contrôler ce pays crucial.
On s’est donc débarrassé de Kadhaffi dans des conditions que nous connaissons tous. Et jusqu’ici, comme par hasard, ses bourreaux n’ont jamais été inquiétés par la Cour Pénale Internationale (CPI) qui semble d’ailleurs prendre énormément de plaisir à humilier des dirigeants de pays pauvres.
Depuis, la Libye a été volontairement offerte aux groupes terroristes qui y règnent en maîtres et y imposent leur diktat. Dans ce pays, les lois de la République ont été remplacées par la Charia, les migrants subsahariens sont vendus tels des marchandes dans des marchés aux esclaves et les rares hommes politiques qui défient les djihadistes sont froidement assassinés pour intimider le reste de la population. Et tout cela, sous la bénédiction des dirigeants occidentaux qui semblent d’ailleurs se complaire à regarder ce pays basculer dans la barbarie.
En Afghanistan, nous risquons de vivre le même scénario. La fuite américaine (on ne peut pas l’appeler autrement) a été sciemment orchestrée par Joe Biden et les services de renseignement qui ont lamentablement échoué dans leur rôle de garantir la sécurité à chaque citoyen afghan, notamment les femmes.
En conséquence, dans les mois qui viennent, nous devons nous attendre à voir dans les médias occidentaux des images d’une violence inouïe montrant des femmes lapidées pour s’être promenées sans Hijab, des hommes publiquement flagellés pour avoir entretenu des relations clandestines avec des femmes, des adolescents amputés de la main pour avoir volé une pomme dans un supermarché afin de ne pas mourir de faim et des hommes politiques de premier plan assassinés pour avoir osé défier la loi des Mollah.
Une telle émotion provoquera sans doute une éventuelle intervention militaire occidentale pour « sauver le peuple afghan » comme ils le disaient en 2011 en Libye et en 2012 en Syrie. Non, il ne s’agira de sauver personne, mais plutôt de se servir d’une crise humanitaire totalement fabriquée pour mettre la main sur les richissimes ressources naturelles dont regorge l’Afghanistan.
D’ailleurs, cette guerre pour le contrôle des ressources naturelles afghanes (dont les médias refusent de parler) a déjà commencé. En effet, ce 17 août, une experte américaine, du nom de Shamalia Khan, a fait part de son inquiétude, dans une interview accordée au média américain CNBC, de voir la Chine s’allier avec les Talibans pour contrôler les minerais du pays, dont le lithium qui suscite la convoitise des Occidentaux et qui a provoqué en 2019 le coup d’Etat contre Evo Morales, ex président de la Bolivie.
Parlons des richesses minérales de l’Afghanistan. Elles sont estimées à environ 3 mille milliards de dollars. C’est donc énorme! Le sous-sol afghan contient les ressources naturelles les plus prisées au monde à savoir le Lithium, l’or, le cuivre, l’uranium, le niobium, le cuivre, le cobalt… D’après un article du New York Times paru le 13 juin 2020, l’Afghanistan aurait autant de lithium que la Bolivie, considérée comme le premier ayant les plus grosses réserves de ce métal au monde.
Les Américains s’intéressent-ils vraiment à ces ressources? L’on serait trop naïf de croire que la présence américaine en Afghanistan ces 20 dernières années a été purement motivée par des considérations humanitaires. Au contraire, dès leur arrivée dans ce pays, ils ont généralisé la corruption, fragilisé toutes les institutions étatiques et négocié avec les Taliban afin d’accroître leur influence dans la plus grande tranquillité.
Oui, les Etats-Unis s’intéressent aux ressources naturelles de l’Afghanistan, comme l’explique un article de Financial Tribune daté du 10 décembre 2017. Le titre est déjà assez révélateur : « un mercenaire américain a les yeux rivés sur les ressources minérales de l’Afghanistan ».
Le mercenaire en question n’est autre que Erik Prince, connu de l’entourage Trump. D’ailleurs, il s’est personnellement entretenu avec James Mattis, ex ministre de la Défense de Donald Trump. Son plan est simple : privatiser la guerre américaine en Afghanistan en recrutant des soldats privés qui permettront aux Etats-Unis de mettre la main sur les richesses naturelles du pays.
Et il n’est pas le seul à formuler une telle proposition. L’dée d’exploiter les richesses naturelles afghanes a été déjà défendue par Ahmad Shah Katawazai, ancien diplomate afghan au niveau de l’ambassade afghane à Washington. En effet, dans une tribune publiée le 1er février 2020 par TheDiplomat.com, sa position est sans ambages.
« Si les ressources minérales de l’Afghanistan sont efficacement exploitées, elles pourront remplacer les aides étrangères et permettront de réduire la dépendance de ce pays envers les bailleurs de fonds internationaux et l’aide internationale. Si ces ressources sont proprement gérées, elles offrent une opportunité à l’Afghanistan d’écrire sa propre histoire de succès économique », soutient-il. Et là, tout est dit.
Attendons-nous à vivre un scénario à la libyenne. Les Talibans peuvent se réjouir d’avoir renversé le gouvernement et humilié l’Occident. Cependant, leur joie risque d’être de très courte durée. Car, dans un futur proche, une coalition internationale sera bientôt mise en marche par l’Occident pour les déloger du palais et créer un vide qui sera exploitée (comme en Libye) afin de prendre le contrôle total des ressources naturelles du pays.
En Libye où le pays n’a plus de gouvernement stable depuis 2011, l’Occident est carrément en train de tirer les marrons du feu. Si le scénario lui va à merveille dans ce pays, alors pourquoi ne pas le reproduire en Afghanistan!