Jacques Attali, écrivain et économiste français, a été l’invité de France Culture ce 8 octobre. Sur le plateau, plusieurs sujets ont été abordés, notamment la situation politique actuelle de la France. Sur la question de l’immigration, Jacques Attali se dit favorable à une politique d’accueil
« Il faut accueillir les gens qui sont là. Il faut prendre acte du fait qu’il y a de moins en moins de migrants qui viennent vers l’Europe, contrairement à ce qu’on croit. Ceux qui viennent doivent être accueillis le mieux possible », dit-il, soulignant que la France doit commencer par bien accueillir ceux qui sont là.
« Pour qu’on puisse en accueillir plus un jour, ce qui me paraîtrait l’honneur de la France, il faut commencer par bien accueillir ceux qui sont là. Si on accueille mal ceux qui sont là, on va créer les conditions pour qu’ils soient mal vus, mal ressentis et l’opinion publique en vaudra moins », ajoute-t-il.
« La partie gauche du programme reste à accomplir »
Sur le plan politique, Jacques Attali s’est exprimé sur la présidence d’Emmanuel Macron à la tête du pouvoir. Selon l’économiste, le bilan est globalement « positif ». Toutefois, l’économiste déplore l’absence d’une politique de gauche de Macron. « La partie gauche du programme reste à accomplir », dénonce-t-il.
Jacques Attali salue les réformes entreprises jusque-là par Macron, mais souhaite que le président aille plus loin. Parlant de l’impopularité de Macron, l’économiste prend la défense du président français. « Vous pouvez être plus populaire quand vous ne faites rien. Vous pouvez être impopulaire parce que vous ne faites rien non plus. Mais, vous pouvez être aussi impopulaire parce que vous faites des choses qui n’auront un impact que dans beaucoup plus tard », explique-t-il.
« Un homme politique regarde les sondages »
Et d’ajouter : « un homme politique regarde les sondages, un homme d’Etat se dit en permanence : ‘que pensera-t-on de ce que je fais dans 20 ans ?’ ». Pour Jacques Attali, l’impopularité d’un président devient rédhibitoire seulement le jour où il cherche à se faire élire.
Sur le plan géopolitique, il a dénoncé ce qu’il nomme « une aggravation de l’injustice ». Selon l’écrivain, la concentration des richesses fait que les riches soient complètement coupés de la classe dirigeante. « Ils prennent des décisions en fonction de ce qu’ils voient du monde c’est-à-dire pas grand-chose. Eux, ils sont protégés », déplore-t-il.
« Protectionnisme entraîne nationalisme, nationalisme entraîne la guerre »
Sur le plateau de France Culture, l’intellectuel français prédit l’arrivée d’une crise technologique qui va « supprimer des tâches, mais pas des emplois ». L’économiste a aussi sévèrement critiqué la politique très protectionniste de Donald Trump, actuel président des Etats-Unis.
« Protectionnisme entraîne nationalisme, nationalisme entraîne la guerre. Voilà, c’est simple. C’est comme ça que ça se passe et au milieu il y a quelques crises financières et quelques crises sociales », prévient-il. Jacques Attali a fini l’émission par dénoncer la nouvelle pratique journalistique qui consiste chez les journalistes à se focaliser sur ceux qui font les petites phrases. « Cet engrenage-là fait qu’on ne parle pas assez des sujets sérieux », regrette-t-il.