Le monde d’après a vu le jour en France après un mois et demi de confinement. Ce 11 mai, des millions de citoyens français se sont rendus au travail pour la première fois depuis le 17 mars à 12 heures, date à laquelle le confinement était entré en vigueur dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Théoriquement, la crise sanitaire est en train de tirer à sa fin, même si nombreux sont les hommes politiques qui émettent de sérieux doutes quant à la décision du gouvernement de déconfiner sitôt. D’ailleurs, dans la majorité, l’opposition à ce déconfinement a valu à Martine Wonner, ex députée LREM, son exclusion du parti.
Le gouvernement, debout comme un seul homme, ne peut plus accepter que son projet de déconfinement soit remis en cause. Car il y a va surtout de sa survie économique mais aussi politique. Le déconfinement est en effet synonyme de l’effondrement du Produit Intérieur Brut et dans un pays où la dette publique pourrait atteindre les 115% du PIB, l’Etat n’a plus d’autre choix que de renvoyer les citoyens au boulot.
Pour l’instant, le pari semble gagné. Le déconfinement s’est déroulé, en tout cas à Paris, dans de bonnes conditions. Aucun incident majeur n’est jusqu’ici noté, notamment dans les transports publics, comme l’a souligné la RATP. Mais, le gouvernement serait trop naïf de crier victoire trop tôt. Le pays a repris le travail, ce qui est une excellente nouvelle pour beaucoup de Français en situation de chômage partiel. Cependant, la colère contre le pouvoir est bien là et pourrait très vite gagner tout le pays.
Je dois en effet rappeler que les services de renseignement ont publié une note relayée par la presse et dans laquelle ils préviennent des risques de tensions sociales contre le gouvernement en place. En gros, les agents de renseignement français craignent la résurgence des révoltes sociales pire que celles des Gilets Jaunes. Et il y a de quoi !
Nul n’ignore que la colère du peuple français est bien là et elle s’explique par les erreurs monumentales (je dirais même impardonnables) commises par l’Exécutif qui a été incapable d’apporter une réponse cohérente sur la question des masques, qui a interdit la vente des masques de protection dans les pharmacies alors que les pharmaciens avaient le droit d’en vendre depuis le 23 mars, qui a refusé catégoriquement que la chloroquine soit administrée aux patients atteints de Covid-19 alors que la presse a récemment révélé que l’armée française en avait commandé des tonnes et qui, sur la question du déconfinement, n’a pas su convaincre.
La réalité est que cette colère, une France à bout contre ses dirigeants n’a pas pu trouver les moyens de la manifester en raison des dispositifs mis en place dont l’Etat d’urgence sanitaire qui interdit tout rassemblement. Cependant, il faut être vraiment naïf pour croire que les citoyens vont poliment continuer à défier l’Etat depuis leur canapé ou sur les réseaux sociaux.
Il arrivera un moment où les rues seront prises d’assaut et le pays risque de vivre, si rien n’est fait, un scénario pire que celui de novembre 2018 lorsque les premières manifestations Gilets Jaunes avaient commencé à secouer le pouvoir. En Espagne, l’extrême-droite a menacé de manifester (dans des voitures) contre le quatrième prolongement de l’Etat d’urgence, en Allemagne, des milliers de citoyens ont manifesté dans les rues contre les restrictions de leurs libertés individuelles et récemment aux Etats-Unis, des citoyens lourdement armés ont défié leurs Etats dans les rues exigeant la fin sans délai du confinement qu’ils considèrent comme une guerre déguisée et sciemment orchestrée par les élites pour leur arracher leurs libertés individuelles.
Les services de renseignement n’ont pas eu tort de tirer la sonnette d’alarme car il n’y aucune chance, hélas, que la France échappe à ces tensions sociales qui secouent des pays au cœur de l’Occident. Et pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un coup d’œil sur les réseaux sociaux où depuis bientôt une semaine, des manifestations contre le pouvoir se mettent en place.
Certains veulent des explications sur la question des masques, d’autres exigent de l’Etat qu’il s’explique sur son refus d’autoriser la chloroquine dans le traitement du Covid-19 malgré les essais convaincants de Didier Raoult, d’autres exigent des explications sur le déploiement de drones pour surveiller les populations…La liste des revendications est loin d’être exhaustive et chaque mouvement de contestation pourrait représenter une sérieuse menace à la survie politique de Macron.
J’insiste sur le fait que le mouvement des Gilets Jaunes avait été tué par des médias très proches du pouvoir qui ont réussi à diaboliser les manifestants en les faisant passer pour des extrémistes très proches de l’extrême-gauche radicale. Si une seconde vague de révoltes sociales contre le pouvoir venait à voir le jour, la stratégie de diabolisation des manifestants par les médias serait vouée à l’échec et les forces de l’ordre auront d’énormes difficultés à contenir la colère.
Une grande partie du peuple français semble avoir soif de changement politique et veut à tout prix se débarrasser de Macron. C’est en substance ce qu’il faut comprendre de cette volonté presque obsessionnelle des citoyens de descendre, une nouvelle fois, dans la rue leurs risques et périls.
Une seconde vague de révoltes sociales est le pire scénario pour Macron car ce sera, sans aucun doute, l’effondrement total de son pouvoir.